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9è grande conférence du Centre Sud : Cahier d’un retour au Manga natal

Publié le lundi 11 octobre 2010 à 02h08min

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La région du Centre- sud a abrité ce samedi 9 octobre dans la salle de conférence de l’OCADES Nassamba, la 9ème grande conférence du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso. Histoire et organisation sociopolitique des populations du Centre- sud ; la médecine africaine dans la promotion de la santé des populations ; culture et tourisme adjuvants du développement socioéconomique de la région du Centre- sud, tels furent les thèmes des trois panels animés lors de la conférence.

La cité de l’épervier ou si vous préférez la cité du gombo a connu une mobilisation massive ce samedi 9 octobre dans les locaux de l’OCADES Nassamba. La raison, la conférence du retour aux origines 50 ans après. Une aubaine offerte par le jubilé d’or de l’indépendance du Burkina aux ressortissants de la région du Centre- sud de revisiter leur passé, faire l’état des lieux de leurs forces et faiblesses et envisager sereinement l’avenir de la maison commune. Animé certainement du même sentiment de bien-être de leur région, c’est comme un seul homme que fils et filles du Centre- sud se sont mobilisés.

Comme à l’accoutumée, c’est par le Ditanyè, l’hymne de la victoire exécuté par toute l’assistance que la cérémonie a débuté. Après l’hymne national, ce fut l’entrée de la flamme de la paix de l’Union africaine, soigneusement remise au gouverneur de la région. La transition fut bien faite pour le mot de bienvenue de Raymond Edouard Ouédraogo, gouverneur de la région du Centre- sud. Grand orateur reconnu, le gouverneur Ouédraogo maîtrise les astuces pour capter de bout en bout l’attention de son auditoire. Il personnifie la présentation de sa région, alterne français et anglais en passant par le mooré et le fulfuldé, REO (affectueusement appelé) assume avec fierté son état de polyglotte. Le gouverneur a saisi l’occasion pour égrener le chapelet des potentialités économiques, touristiques et culturelles de sa région.

« Bienvenue dans la région du Centre- sud, belle et splendide mais pauvre hélas de ses richesses », dira l’hôte à ses convives. M. Ouédraogo a aussi lancé un appel à sa population à mettre tout en œuvre pour s’acquérir les cartes nationales d’identité. Au comité régional d’organisation de la présente conférence, Raymond Edouard Ouédraogo a adressé ses vives félicitations pour les efforts consentis et demandé indulgence pour les incohérences. « …nous demandons pardon maintenant et pour toujours, au siècle des siècles », confesse-t-il, et le public de répondre « Amen ».
Un intermède musical, puis place fut faite au parrain de la 9ème grande conférence du Centre- sud, Monseigneur Wenceslas Compaoré, évêque de Manga. « M. le ministre m’a dit que je peux dire tout ce que je veux, je vais dire ce que je pense », c’est ainsi que l’évêque a planté le décor. Monseigneur Compaoré introduit son discours par une citation tirée de "Cahier d’un retour au pays natal" d’Aimé Césaire pour illustrer le retour de ses "corégionnaires" (le mot est de l’évêque) dans leur terre natale.

Pour le "pauvre et petit parrain" qu’il dit être, l’évêque a tenu à témoigner sa reconnaissance pour l’insigne honneur à lui fait en le désignant parrain. Tout en invitant ses frères et sœurs à marcher et progresser ensemble, il a souhaité que cette conférence soit une occasion de renaissance pour tous.

Pour marcher et progresser ensemble, il est important de savoir qui on est et d’où on vient. La responsabilité de dire aux fils et filles du Centre- sud qui étaient leurs grands parents et quels rapports sociaux ils entretenaient, cette charge était dévolue au professeur Moustapha Gomgnimbou à travers le thème : histoire et organisation sociopolitique des populations du Centre- sud. Le modérateur est un fils de la région, le docteur Edouard Bonkoungou. Le Pr Gomgnimbou a fait noter que le Centre- sud, habité par les Bissa, les Kassena, les Mossi et les Nakana est une mosaïque de communautés linguistiques apparemment différentes par les langues, l’histoire et les coutumes. Mais en dépit de ces différences d’origine, de tradition et de culture a-t-il relevé, les populations du Centre- sud avant la conquête coloniale ne vivaient pas isolées les unes des autres. Il existait certes des rapports conflictuels mais cela ne les a pas empêchés de développer des échanges politiques et culturels dont les effets sont encore perceptibles.

Le conférencier conclut que les populations du Centre- sud ont subi ensembles les affres de la colonisation, elles ont lutté ensembles pour l’indépendance de la Haute Volta, c’est encore ensembles qu’elles ont construit le Burkina des cinquante dernières années et construiront ensembles celui de demain.

Et pour construire, la condition sine qua none est d’être en bonne santé. C’est conscient de cette réalité que le deuxième panel appelait à réfléchir autour du thème : la médecine africaine dans la promotion de la santé des populations. Ce panel était animé par le professeur Sylvain Ouédraogo et modéré par le professeur Michel Akotionga. Le conférencier a axé sa communication sur trois points à savoir la définition des concepts de médecine, l’impact de la médecine traditionnelle dans la santé des populations et les stratégies de l’OMS Oragisation mondiale de la santé) pour l’intégrer dans le système de santé. Le professeur Silvain Ouédraogo relève que la médecine africaine a pour but de guérir l’âme, l’esprit et le corps physique à l’aide de plantes, de minéraux, de restes d’animaux, etc.

Il a affirmé que cette médecine avant la colonisation assurait la santé des populations africaines, mais malheureusement sera bannie pendant la période coloniale pour ne reprendre que peu à peu sa place avec les indépendances des Etats africains. Le conférencier note que 80% des populations ont recours à cette médecine qui a fait ses preuves d’efficacité. C’est au regard de cette efficacité reconnue à la médecine africaine que l’OMS développe des stratégies en vue d’intégrer cette médecine dans le système de santé mais demande d’approfondir les recherches.

Deux autres pierres nécessaires à l’édification d’une nation émergeante et prospère, c’est le duo culture et tourisme. Le troisième panel animé par Joël Korahiré et modéré par le Dr Jérôme Bougouma s’est penché sur cet aspect à travers le thème, culture et tourisme adjuvants du développement de la région du Centre-sud. Le conférencier a axé son intervention sur les différents types de tourisme. Pour la région du Centre- sud, il affirme que c’est le tourisme culturel et naturel qui peut être développé. Joël Korahiré a donc mis en évidence les potentialités touristiques dans ces domaines, notamment les potentialités touristiques culturelles matérielles, les potentialités touristiques culturelles immatérielles et un potentiel touristique naturel. Le conférencier a aussi identifié les principaux facteurs qui entravent le développement du tourisme au Centre- sud.

C’est essentiellement la méconnaissance des sites et des attraits touristiques, l’inorganisation du secteur et la faiblesse des interventions du secteur privé. M. Ouédraogo a conclu que le développement du tourisme dans la région du Centre- sud passe par une stratégie efficace de promotion et de marketing des diverses potentialités, une organisation des acteurs du tourisme, une protection des sites touristiques afin d’en assurer la durabilité.

Le mot de la fin est revenu au président de la 9è grande conférence du Centre- sud, le ministre de la culture du tourisme et de la communication Filippe Savadogo. En mooré et en français, le ministre Savadogo est allé puiser son message de gratitude et d’encouragement dans le tréfonds des proverbes et paraboles moaga pour les fils et filles du Centre- sud, les conférenciers et tous ceux qui ont le déplacement de Manga. Le ministre donne rendez-vous aux uns et aux autres dans la région du Sahel le 28 octobre prochain pour la 10ème grande conférence régionale du cinquantenaire de notre pays.

Koundjoro Gabriel Kambou

Envoyé spécial à Manga pour Lefaso.net

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