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MEDIAS : "Tout journaliste est politique"

Publié le jeudi 9 septembre 2004 à 08h05min

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Les stagiaires de la XVIe promotion du Centre de formation professionnelle de l’information (CFPI) ont organisé le 3 septembre 2004 au CGP, une conférence sur le thème : "Journalisme et politique". Cette conférence s’inscrit en droite ligne dans les activités marquant la fin de leur formation et devait leur apporter des rudiments dans le traitement de l’information.

C’est monsieur Bassirou Sanogo, président de l’Observatoire national de la presse (ONAP), qui a animé cette conférence. Il avait à ses côtés le député Patrice Diessongo du parti majoritaire (CDP), et Ousséni Tamboura de l’ADF/RDA, dont le président est le chef de file de l’Opposition. Et le choix de ces deux partis est guidé par ces deux principales raisons, a indiqué le délégué de la promotion, Nicolas Zigani.

Cette conférence, a précisé le délégué, devait permettre à certains aînés qui ont fait carrière dans la politique de partager avec eux leur expérience. Les politiciens devront aussi aider à tirer au clair les deux concepts en apportant leur appréciation de la relation entre politique et journalisme.

Deux pratiques intimement liées

"Les problèmes politiques sont les problèmes de tous les jours et de tout le monde", a déclaré le conférencier, citant les Editions Hatiers. Cette assertion, de l’avis de M. Sanogo, traduit le fait que nul ne saurait et ne devrait se désintéresser de la politique.

Selon lui, la liaison entre politique et journalisme est très ancienne et remonte à des siècles. C’est ainsi qu’en Occident, des politiciens ont usé de la pratique journalistique pour asseoir leur notoriété. C’est le cas de Victor Hugo, d’Emile Zola. Cela est d’autant plus vrai, dit-il, que la presse était qualifiée de IVe pouvoir, car elle devait jouer un rôle de "surveillant" des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Au Burkina, des politiciens comme Ouezzin Coulibaly, Ki-Zerbo se sont aussi essayés dans le métier surtout à la veille des indépendances, où la presse était engagée et militante. Cette liaison lointaine entre politique et journalisme fait qu’il est difficile, voire impossible pour un journaliste d’être en marge du champ politique, a-t-il noté.

Cette vision de M. Bassirou Sanogo sera corroborée par le député Patrice Diessongo, journaliste de formation. Pour lui, l’actualité est l’élément central du corpus du journaliste. Or actuellement, pense-t-il, tout est politique et le journaliste, devant traiter toute sorte d’information, ne peut faire abstraction des informations politiques.

Intervenant au cour de la conférence, M. Jean Hubert Bazié, journaliste et président de la Convergence de l’espoir, déclarera que tout journaliste est politique. Le député Tamboura rappellera même les missions de la presse, qui font d’elle, comme certain le pensent, un 4e pouvoir, qui a toute sa place dans la vie sociale.

Les journalistes, du point de vue de Tamboura, constituent un véritable moyen de propagande politique, un formidable outil de mobilisation sociale. Ce qui justifie, selon lui, le recours permanent des hommes politiques aux journalistes. Tous s’accordent à reconnaître que le véritable problème entre journalisme et politique réside dans le traitement professionnel de l’information.

Traitement de l’information

Pour le conférencier, si l’information politique est omniprésente comme matière première informative, son traitement bute contre des obstacles : Entre autre, la tendance des journalistes à la dramatisation, à la banalisation des faits, à la pratique du sensationnel.

Il y a aussi la propension aux prises de positions partisanes, la confusion des genres journalistiques, la confusion entre information et commentaire, une non-maîtrise voire une méconnaissance des règles déontologiques, une insuffisance de formation...

A ces obstacles, poursuivit-il, s’ajoute la responsabilité des gouvernants et des publics. En témoigne selon lui, l’insuffisance de communication politique avec la presse, la persistance de la pénalisation des délits de presse, le poids de la rumeur en tant que source d’information.

Cependant, des progrès sont actuellement perceptibles dans le traitement de l’information politique. Cela sera plus intéressant si tous les acteurs, les journalistes en tête, banissent certaines pratiques telle la corruption, tout en travaillant conformément à la déontologie du métier, conclut-il.

Mal exploitée, de l’avis du député Ousséni Tamboura, l’information politique peut être source de désastres. C’est ainsi que la presse était au service du Nazisme en Allemagne. Elle a beaucoup contribué aussi au génocide au Rwanda et a une part de responsabilité dans des massacres en Côte d’Ivoire.

Cela à cause de certaines visions partisanes, subjectives, d’un abus du prétendu rôle du IVe pouvoir qu’est la presse, a regretté M. Tamboura. C’est pourquoi il a noté que la liberté de la presse ne signifie pas un laisser-aller, mais aussi l’érection de garde-fous afin d’éviter les dérapages. Le député Diessongo relatant son expérience, a souligné que l’information politique est traitée en fonction du contexte politique.

Ainsi, dans les années 70 à 80, l’expression était-elle libre alors que sous la révolution, la pensée unique était en vigueur. C’est dire que le journaliste savait dans quel sens abonder, il y avait une sorte d’autocensure.

Mais avec l’avènement de la démocratie, la tendance est à la liberté d’expression même si cette liberté de la presse n’est pas un acquis, mais le fruit d’un construction progressive.

M. Diessongo conclura que comme n’importe quel citoyen, le journaliste peu faire de la politique, briguer les suffrages des électeurs.

A Galip Somé (stagiaire)
L’Observateur Paalga

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