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Présidentielle au Brésil : Le dernier match de Lula

Publié le mercredi 6 octobre 2010 à 05h17min

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Depuis le 3 octobre 2010, les habitants du pays de la samba vivent au rythme d’un feuilleton des plus palpitants. Non, il ne s’agit pas de ces fameuses telenovelas avec leurs fortes doses de suspense dans lesquelles sont passés maîtres les réalisateurs de ce pays. Ce n’est d’ailleurs pas de la fiction. Loin de là. C’est la pure réalité. Mieux, ça se passe au pays du sport-roi où toute activité est comparée au foot. La présidentielle qui s’y déroule actuellement en a vraiment l’air.

Après le premier tour, qui s’est tenu dimanche dernier, la finale opposera désormais Dilma Rousseff du Parti des travailleurs, qui a remporté 46,9% des voix validées dans les élections générales de dimanche, et José Serra du Parti social-démocrate, 32,6%. Un grand match avec de grands rebondissements en perspective, qui attirera naturellement de très nombreux spectateurs enfiévrés. La raison est toute simple : celle qui est arrivée en tête à l’issue du premier tour est une protégée du président sortant, Lula da Silva.

Et ce dernier ne fait pas mystère de son soutien à cette dame, qui a de fortes chances de devenir la première femme présidente du pays le plus vaste et le plus peuplé d’Amérique latine (8 547 400 km2 pour une population de 192 759 333 habitants). C’est vrai que c’est un soutien de taille pour l’ancienne principale ministre de Lula. Le Président sortant est en effet au plus haut dans les sondages à la veille de son départ.

Après huit ans de pouvoir, sa cote de popularité serait de 80% et la croissance économique du pays devrait atteindre 7% en 2010 - la plus forte des 24 dernières années - et deux millions d’emplois auront été créés cette même année. Alors, à la fin d’un mandat, qui peut dire mieux ? La favorite n’est pas pour autant moins méritante. La page Wikipédia à lui consacrée prouve qu’elle n’est pas sortie du néant : née en 1947, Dilma Roussef a intégré le mouvement de résistance à la dictature brésilienne dès les années 60.

Arrêtée en 1970 et torturée pendant 22 jours, elle est condamnée par un tribunal militaire et détenue durant 3 ans, jusqu’en 1973. A l’époque de sa détention, elle avait été surnommée la Jeanne d’Arc de la guérilla, en raison de son importance idéologique dans le mouvement. En décembre 2006, elle a obtenu une indemnisation. En 1977, elle a obtenu un diplôme de l’Ecole de sciences économiques de l’Université fédérale du Rio Grande do Sul.

Conséquence, avec les bénédictions du président sortant, auxquelles s’est joint son background, des plus éloquents, bien des analystes et non des moindres lui ont déjà promis le fauteuil présidentiel dès le premier tour. Sauf tremblement de terre, assuraient-ils. Malheureusement, les lois de la politique s’apparentant souvent à celles du sport qui a fait la réputation de Pelé, ils se sont foutus le doigt dans l’œil jusqu’au coude : il faut un deuxième tour pour départager les deux candidats. Selon la Constitution, il est prévu pour se tenir deux semaines après. Et ce sera reparti pour un derby qui sera très disputé.

Certes, Lulla ne se représente plus, mais il s’agit là d’une question d’honneur que sa protégée gagne. Les analystes (encore eux !) donnent Dilma Roussef vainqueur à ce deuxième tour, mais reconnaissons que chat échaudé devrait craindre même l’eau froide. Même si d’aucuns spéculent que Mme Marina Silva du parti des Verts, arrivée troisième avec 19,3% des suffrages, soutiendrait Mme Rousseff, la surprise pourrait être au rendez-vous.

Et si tel était le cas, ce serait un désaveu cinglant pour les socialistes, à commencer par Lulla da Silva qui tient à sortir par la grande porte et qui a joué son va-tout pour sa dauphine, laquelle, selon les mauvaises langues, a, de son côté, mis le paquet pour gagner la bataille. Selon les mauvaise langues en effet, elle s’est totalement relookée pour les besoins de cette présidentielle, en pratiquant la chirurgie esthétique pour « adoucir ses traits ».

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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