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OTAGES D’AQMI : Cafouillages autour de la médiation

Publié le mardi 5 octobre 2010 à 02h31min

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Pour arracher les travailleurs d’Areva et de Satom enlevés au Niger des serres des enfants terribles du désert, il faudra incontestablement du tact. Il faut, pour ce faire, des négociateurs chevronnés. Iyad Ag Ghaly, ancien chef de la rébellion touarègue au Mali, avait été présenté par certaines sources comme devant conduire l’équipe des négociateurs. Cet homme fait partie de ceux qui peuvent se vanter d‘avoir une connaissance non négligeable de la région et d’y avoir une influence certaine. Sa participation à la négociation était, de ce fait, un motif supplémentaire d’espoir. Mais, espoir vite déçu. L’intéressé a, en effet, rejeté l’idée selon laquelle il aurait été dépêché par les autorités maliennes pour cette tâche. Vérité ou simple stratégie de diversion ? Difficile à dire.

Seulement, l’on sait que dans ce genre de négociations, la discrétion est la règle d’or. C’est un principe cardinal qui a fait plus d’une fois ses preuves dans la libération d’otages.

Toutefois, cette initiative du Mali qui a consisté à désigner un médiateur, si elle se révélait fondée, semble un peu hâtive quand on considère que jusque-là, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) est restée silencieuse sur ses prétentions. La nébuleuse n’a pas, en effet, encore fait connaître ses revendications. Dans ces conditions, négocier avec elle ne sera pas une partie de plaisir. L’empressement du Mali à parvenir à un dénouement rapide de cette prise d’otages est compréhensible. Au-delà des aspects purement humanitaires de la question, cette présence de preneurs d’otages sur son sol est, à plus d’un titre, préjudiciable à son image. Le secteur du tourisme, important poumon de l’économie malienne, est mis à rude épreuve. Même les zones situées assez loin de l’épicentre des opérations des groupuscules d’AQMI comme le pays dogon, n’échappent pas aux effets dévastateurs de la psychose née chez les candidats au tourisme. Et plus cette situation durera, plus ce sera difficile pour tout le monde.

Outre donc la simple volonté de voir les otages libérés, il y a l’urgence de redonner du tonus à l’économie malienne en rassurant notamment les touristes. Ainsi, des raisons évidentes de vouloir aller vite dans la gestion de ce dossier existent. Seulement, un négociateur annoncé pour prendre langue avec des gens dont on ne connaît pas les revendications et qui dément sa désignation à cet effet, cela fait un peu désordre. Sans compter que le président malien Amadou Toumani Touré a aussi démenti avoir entrepris une quelconque négociation avec les preneurs d’otages et à plus forte raison désigné un médiateur. Il y a donc beaucoup de fébrilité et un certain cafouillage autour de cette médiation. L’on se demande si les services du chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, ont été sollicités. Au regard de ce qu’il a déjà eu comme résultats dans les affaires de prises d’otages dans la zone, il pourrait apporter sa touche dans ces négociations qui s’annoncent ardues.

Pour l’heure, AQMI, en chef incontesté du désert, est le maître du jeu. Il va falloir plus ou moins danser sur sa musique. Peut-être que ces islamistes sont pour le moment en train de chercher à sécuriser leurs lieux de détention avant de formuler leurs exigences. Toujours est-il que ce sont eux qui tiennent le chrono et donnent le tempo. Ils ne donneront le top de départ des pourparlers que lorsqu’ils jugeront le moment opportun. Dans cette bande sahélo- saharienne, le défi de la sécurité est vraiment grand. Vivement donc que la stratégie concertée que les pays de la zone, notamment l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie sont en train de concocter, soit rapidement opérationnelle !

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 octobre 2010 à 17:43, par Hamane En réponse à : OTAGES D’AQMI : Cafouillages autour de la médiation

    En tout cas, nous serons preneur si cette médiation nous est demandée. Imaginez le bonheur du pays si on a ce marché de la médiation, si les 7 otages arrivent en hélico devant le palais de Kosyam, devant les journalistes, photographes, caméra, et autres. la qualité de la médiation du président sera confirmée et incontestable. tous les pays au monde sauront qu’il est le "number one" en médiation, etc. il pourra modifier l’article 37 et le pouvoir à vie va s’installer et vous (le peuple) allez vivre à vie aussi et en paix. l’AQMI va continuer à prendre des otages, le Faso va continuer à les libérer, les mêmes causes vont produire les mêmes effets, les causes et effets seront des amis, le monde restera le monde. les peuples seront toujours volés par ceux qui doivent les défendre, etc. En tout cas si la France s’amuse a commencer à prononcer le terme "média" (pour désigner les médias), nous on na s’en presser de complèter leur "média" par notre "tion" pensant qu’elle voulait parler de médiation. Ainsi, elle pensera à la médiation et nous sollicitera. cette prise d’otage est notre marché, pourquoi la France traine t-elle à nous la donner ?

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