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Adama Dahico, humoriste et candidat à la présidentielle de Côte-d’Ivoire : “Je ne ferai plus de la politique si…”

Publié le lundi 4 octobre 2010 à 21h42min

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Adama DahicoLe festival ciné droit libre est désormais décentralisé à Bobo-Dioulasso. Une innovation qu’il faut saluer. Tout comme la capitale, la ville de Bobo va bénéficier chaque année des projections de films engagés qui prônent la promotion des droits humains. Tenu du 30 septembre au 2 octobre, le festival s’est achevé par la prestation des humoristes talentueux du Burkina et de la Côte d’Ivoire, en l’occurrence, Adama Dahico. Nous avons saisi l’occasion pour l’interviewer sur son bord politique.

Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Adama Dollo dit Adama Dahico, président du « Doromican », marié et père de 6 enfants dont 4 filles et 2 garçons. Je suis originaire du Dogon au Mali.

Pourquoi êtes-vous au Burkina Faso ?

Je suis au Burkina pour d’abord saluer le peuple burkinabè pour tous les efforts faits afin que revienne la paix en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui Dieu merci, le climat s’est apaisé. Mais, c’est aussi une manière de lancer ma campagne africaine à partir du Burkina Faso.

Pourquoi voulez-vous être président de la République de la Côte d’Ivoire ?

En me présentant à l’élection présidentielle de la Côte d’Ivoire, je pense apporter ma contribution à la consolidation de la paix. Voilà pourquoi j’ai déposé ma candidature. Je pense aussi que les politiciens font de la comédie. Le jour où ils vont réellement s’engager dans la vraie politique, j’arrêterai de faire de la politique.

Ne pensez-vous pas que vous faites de la comédie politique ?

J’ai 22 ans de carrière dans l’art humoristique. Mais depuis pratiquement 10 ans, je me suis spécialisé dans l’humour politique. Tout ce que j’écris comme sketch tourne autour de la politique, de l’actualité, de l’environnement… Parce que je me dis qu’il ne faut pas faire de l’humour pour seulement faire rire. Il faut souvent conscientiser les gens à travers l’humour. Et moi, je veux faire de l’humour éducatif. Je veux éveiller les consciences. Je veux aider les uns et les autres à comprendre qu’on doit être utile à sa nation. Alors, mon humour contribue au développement. Et Adama Dahico est engagé sur la voie du développement.

Est-ce que vous faites du sérieux chez vous à la maison ?

A la maison là ! Mon vieux, il n’y a pas quelqu’un qui est plus sérieux que moi. Mes enfants sont mes meilleurs amis. D’ailleurs c’est avec eux que je partage mes écrits. Quand j’écris un sketch, ils sont les premiers à bénéficier de la présentation. Ils sont mes juges. Ce sont eux qui me disent si c’est bon ou pas. En tant que père de famille, sincèrement, je suis une personne très sympathique. Je ne suis pas dur avec mes enfants. Je m’engage à ce qu’ils arrivent à distinguer très vite le bien et le mal.

Adama Dahico est originaire du Mali, et il veut être président en Côte d’Ivoire ?

Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, il n’y a plus d’exclusion, ni de xénophobie. C’est un pays très sympathique. Seulement, d’autres se sont appuyés sur ces histoires d’origine et autres pour mener leur combat politique. Et voilà que les retombées ont été déplorables.

Moi Adama Dahico, je suis fils d’immigré. Mes parents sont venus en Côte d’Ivoire avant les années 1960. Ils y ont travaillé. A l’époque, on avait dit que la terre appartient à celui qui la met en valeur. Mais c’était une manière d’inciter les gens à contribuer au développement du pays.

Moi et tous mes frères sommes nés là-bas, nous y avons fait nos études. En effet, on n’a pas que des droits dans un pays, on a aussi des devoirs. En Côte d’Ivoire, il y a une loi qui dit que tout enfant qui naît avant 1972 est ivoirien, mais il faut en faire la demande. C’est ce que beaucoup n’ont pas fait. Moi, j’ai été voir le président de la République en personne. Je suis un homme public. Si un jour, je remporte un prix ou un trophée pour la Côte d’Ivoire et qu’on me dise que je ne suis pas Ivoirien, qu’est qu’on va faire ? C’est pourquoi, on m’a naturalisé. J’ai été naturalisé en bonne et due forme. Ils ont pris le soin de mettre dans mon décret à article 2 : L’intéressé est relevé de toute incapacité prévue à l’article 43 du Code de la nationalité ivoirienne. C’est-à-dire que je n’attends pas 5 ans pour voter, ni 10 ans pour être candidat à un poste électif.

En me présentant aux élections présidentielles c’est un service que je rends à la Côte d’Ivoire. C’est une élection de sortie de crise, une élection libre, donc ouverte à tout le monde. Il n’y a pas d’exclusion. Celui qui gagne, c’est la Côte d’Ivoire qui a gagné. Si le pays était normal, je n’allais pas me présenter comme candidat. Je veux contribuer à l’enracinement de la paix. C’est parce qu’on vit dans la paix, qu’on va aux élections. On ne part pas aux élections, pour chercher la paix.
La preuve, voici la Guinée. Ils voulaient la paix, ils sont allés aux élections alors qu’ils n’étaient pas prêts. Ils ont précipité les choses et voilà que le pays est dans le chaos. En tout cas, en Côte d’Ivoire, ils sont mûrs maintenant. Ils se sont rendu compte que c’est dans la paix qu’on peut bâtir une nation.

Quelle appréciation faites-vous de la commémoration des indépendances des pays africains ?

Il faut reconnaître qu’il y a des pays qui ont mené des réflexions sur leur indépendance. Mais il faut dire aussi que depuis que les pays africains ont acquis leur indépendance, ils ont passé leur temps à la fêter. Chaque année, c’est la fête. On défile de gauche à droite. Alors qu’en lieu et place des défilés, on peut organiser des conférences, des colloques en vue de faire des bilans pour permettre à l’Afrique de mieux se développer. Mais on attend seulement la date pour se souvenir. On défile, on part à l’ambassade de France et c’est fini.

On a attendu 50 ans pour faire le bilan. C’est trop. Je pense qu’à partir de maintenant, chaque année, il faut qu’on fasse un bilan. L’Afrique a des ressources humaines et naturelles et Il peut bien prendre son destin en main. Depuis 50 ans, nos dirigeants n’ont jamais compris qu’il faut une vision pour les pays. Ils ont seulement pensé à leurs poches et à leurs proches. Ce sont les meilleurs investisseurs en Occident, alors qu’ils peuvent aussi investir en Afrique et créer des emplois pour les jeunes.

Comment le président du "Doromican" entrevoit la sortie de crise en Côte d’Ivoire ?

Je suis optimiste parce qu’à partir du lundi 4 octobre, ils vont commencer à distribuer les cartes d’électeurs. La sécurisation des élections est aussi en cours. L’ONUCI est là. Avant que je ne vienne au Burkina Faso, j’ai eu une séance de travail avec le conseil de sécurité de l’Union africaine (UA). Nous avons parlé des élections. Je pense en tout cas qu’il faut être optimiste.

Si le 31 octobre, on ne peut pas aller aux élections, le ciel ne va pas tomber sur la Côte d’Ivoire. On peut bien décaler de quelques jours. Toujours est-il que politiquement, tout est réglé. Le problème se situe sur la défaite. Parce que ceux qu’on appelle les leaders disent déjà qu’ils vont gagner au premier tour. C’est bien normal, parce qu’on ne part pas aux élections pour perdre. En tout cas, il faut toujours préparer ses militants à une victoire.

Cependant, personne ne doit oublier que c’est une élection de sortie de crise. On doit fêter la paix. Pour ma part, peut-être que je ne vais pas gagner les élections, mais j’aurais contribué à apporter la paix en Côte d’Ivoire. Il faut reconnaître que tout le monde ne peut pas s’asseoir sur le fauteuil présidentiel. Mais, je veux bien gagner. Dans le cas contraire, mes militants seront satisfaits du fait qu’ils ont posé un acte civique.

Avez-vous quand même un certain espoir de remporter les élections ?

Je ne vais pas vous dévoiler ma stratégie. Je suis le seul candidat en Côte d’Ivoire qu’on paye pour suivre ses meetings. Mes meetings, ils sont payants. J’ai aussi des électeurs. J’ai beaucoup d’amis qui vont me donner leurs voix. Ma victoire, je la veux dans les élections, ce n’est pas forcément le fauteuil présidentiel. Quand, on dira dans 20 ou 30 ans que Adama Dahico, humoriste de talent a contribué au développement de la paix, je vous jure qu’il n’y a pas meilleur fauteuil présidentiel qu’un tel titre.

Interview réalisée par Bassératou KINDO
L’Express du Faso

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