A quelques heures de la date limite de dépôt des dossiers de candidature à l’élection présidentielle du 21 novembre 2010, le PDP/PS, dénonce une distribution discriminatoire des CNIB aux citoyens dans les différentes localités du Burkina. C’est du moins ce que l’on peut dire si l’on s’en tient aux déclarations de son président, François O. Kaboré. Dans sa déclaration liminaire, il a déclaré que le Premier ministre, Tertius Zongo et les partis et formations politiques se sont rencontrés le 9 août 2010. L’objectif était de constater l’écart existant entre le fichier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et celui de l’Office national d’identification (ONI), qui est de moitié par rapport aux inscrits sur le fichier électoral.

Au cours de ladite rencontre, diverses solutions ont été suggérées ou envisagées pour permettre à tous ceux qui sont inscrits sur le fichier électoral de disposer de leur CNIB pour pouvoir accéder aux urnes le 21 novembre prochain. Mais aucune solution, a-t-il affirmé, n’avait été expressément retenue. C’est avec étonnement que le PDP/PS a, quelque temps après, a-t-il dit, remarqué la distribution discriminatoire sur le terrain des CNIB par les maires et conseillers municipaux du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès). Cela, a-t-il ajouté, est inadmissible et doit cesser. Selon l’animateur de la conférence, ses militants n’arrivent pas à entrer en possession de leurs CNIB car dans les communes de toutes tailles, gérées à plus de 90% par des maires CDP, une stratégie discriminatoire semble avoir été volontairement mise en oeuvre pour ne remettre les CNIB qu’à ceux dont on est certain qu’ils voteront pour le candidat du CDP, Blaise Compaoré. Pour lui, cette façon de faire n’est pas de nature à créer des conditions d’une compétition équitable.

Message du PDP/PS au MATD

Aussi a-t-il invité le Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation (MATD) à prendre des dispositions pour que la distribution des CNIB se fasse de façon citoyenne. Dans le cas contraire, le PDP/PS en tirera les conséquences, a-t-il martelé. Le président du PDP/PS, a rappelé que le Burkina n’est en guerre contre personne et ne devrait servir de base à qui que ce soit pour attaquer qui que ce soit. Tout en se réjouissant de la contribution du Burkina pour la libération de certains otages, il a estimé que le dossier d’AQMI est délicat et que la question sécuritaire de la sous-région doit être gérée avec l’extrême prudence. ’’La guerre contre AQMI n’est pas la nôtre car ce réseau ne nous a pas déclaré la guerre. Nous avons participé à deux guerres (1918 et 1945) qui n’étaient pas les nôtres’’ a-t-il rappelé. Il a fait savoir que les Occidentaux savent ce qu’ils ont fait pour provoquer la révolte des islamistes. Les Africains sont aussi victimes de leur injustice, a-t-il poursuivi.

Le PDP/PS participera-t-il à l’élection présidentielle ? Quelles sont les actions qu’il a menées sur le terrain pour permettre à ses militants d’avoir leurs CNIB ? L’opposition n’est-elle pas victime de sa désunion ? A toutes ces questions, François Kaboré a apporté des éléments de réponse. Il a confié que son parti n’a pas encore arrêté une décision concernant sa participation ou non au scrutin présidentiel. Le parti est toujours en concertation mais il prendra une décision dans les heures qui viennent et ce, en fonction de l’évolution de la situation qu’il a dénoncée. Il a aussi indiqué que des responsables du PDP/PS se sont renseignés auprès de certains élus CDP par rapport à la distribution des CNIB et ceux-ci leur ont confié qu’ils vont les distribuer bientôt. Mais jusque-là, on fait tourner les militants en rond.

Pour lui, le CDP veut empêcher les militants des partis de l’opposition de voter afin de réaliser un large score. ’’Des personnes d’obédience CDP disent qu’elles vont écraser l’opposition. Qu’est-ce que le CDP gagne en le faisant ?. Le président Maurice Yaméogo a été réélu avec plus de 99% de voix mais cela n’a pas empêché qu’un soulèvement populaire le fasse partir. Si c’est ce que le CDP veut, eh bien nous le verrons. Du reste, "les mêmes causes produisent les mêmes effets’’, a laissé entendre François Kaboré. Il a relevé que l’unité de l’opposition est difficile parce qu’elle est hétéroclite.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays