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Protéger le consommateur face à la superpuissance des opérateurs économiques

Publié le jeudi 30 septembre 2010 à 03h03min

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Il est des éléments dans la société que nous avons acceptés et qui posent cependant problème. Alors que le débat politique nous l’espérerons, va s’élever et s’enrichir, offrons à nos candidats à la présidence, sujet à s’exprimer.

Une des tâches de l’Etat moderne est de garantir l’égalité de tous devant la loi. Dans la sphère économique cela se traduit par la lutte contre les abus de position dominante ou de concurrence déloyale. Le consommateur se doit d’être protégé face à la superpuissance des opérateurs économiques. Il bénéfice pour cela de l’obligation de respect des textes régissant la concurrence, la fixation des prix et des normes de qualité. Il peut ainsi prétendre a entretenir, développer sa consommation. Il a prétention à améliorer son bien être. Cependant, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, le consommateur est continuellement floué.

Les tarifs de la SONABEL et de l’ONEA

L’ONEA va lancer pour compter du 10 octobre 2010, une campagne de recouvrement des factures impayées. C’est normal, il nous faut bien payer ce que nous avons consommé. Mais à regarder de plus près, ces tarifs sont injustes. La tarification de l’ONEA se fait comme celle de la SONABEL sous la forme palier de tranches. A chaque tranche est appliquée un prix du kWh ou du mètre-cube.

Quand votre consommation se situe dans les premières tranches, vous payez moins. Plus votre consommation augmente, plus, vous changer de tranche et partant payer plus cher l’eau ou l’électricité que vous consommez. L’esprit est de permettre aux ménages les moins favorisés de payez moins selon le postulat qui veut que ce soient ces ménages qui utilisent l’eau ou l’électricité pour des besoins essentiels. Les gros consommateurs seront ceux qui ont d’autres besoins, non liés aux points essentiels : cuisine et hygiène de vie (toilette, vaisselle…) A la SONABEL, la première tranche coûte 96f HT et concerne les 50 premiers kWh. La deuxième tranche concerne les 150 kWh suivants avec un kWh à 102 francs CFA HT. A l’ONEA, les 8 premiers mètre-cubes sont facturés à 188 francs CFA HT, les 7 suivants à 430, les 15 suivants à 509, les 37 suivants à 1040 francs HT.

Dans l’esprit, on fait payer à ceux qui consomment plus, plus chère. A regarder de plus près, il y a des questions à se poser.

Dans le cas de la SONABEL, les consommateurs qui utilisent le cash power ne sont pas soumis à la même segmentation. Résultat, beaucoup de gros consommateurs non professionnels, ont installé en plus des compteurs traditionnels, des compteurs cash power auxquels sont branchées toutes les installations à fort besoin d’électricité.

Au delà de cet aspect, il y a quelque chose d’anormale à fractionner selon une logique que seule connait la SONABEL ou l’ONEA les tranches de tarification.La pratique est courante dans toute la sous région, mais on peut s’interroger sur sa légalité.

On paye l’abonnement. On paye la taxe de soutien aux activités audiovisuelle de l’Etat. On paye la Taxe de développement de l’électrification.On peut même mettre en place comme dans la facture EDF en France des frais d’acheminement qui dépendraient de votre situation géographique. Mais depuis quand a t-on vu le prix d’un bien varier selon la tête du client ? Pourquoi tout le monde achète son carburant, son riz son lait, son savon et son ciment (tant qu’il s’agit de la même marque) au même prix et nous devrions pour l’eau et l’électricité avoir des prix à la tête de la demande du consommateur ?

On peut estimer qu’il s’agit de justice sociale. Dans ce cas, il aurait fallu plutôt que la contribution des plus gros consommateurs se fasse sur des éléments comme la taxe de développement de l’électrification, la taxe d’assainissement. On peut même créer une taxe carbone, en estimant que plus de consommation d’électricité pollue plus. Mais les prix eux, se doivent être les mêmes pour tous les consommateurs.

Dans une logique plus existentielle, cette tarification par tranche maintient le consommateur dans une demande d’électricité et d’eau pour des besoins primaires .Comme si le destin et les desseins du consommateur étaient de s’éclairer avec juste une ampoule et de n’utiliser l’eau que pour boire. C’est toute la philosophie de la lutte contre la pauvreté que mènent nos Etats depuis l’échec des programmes d’ajustement structurel. Pas de programme d’enrichissement et de développement du bien être du Burkinabé ; non juste une lutte contre la pauvreté qui le maintient au stade primaire des besoins et de désirs.

Mettre fin aux abus

L’acquisition des biens et service se traduit dans bien de cas par des situations d’abus. Le consommateur est floué et rien n’est fait pour le rétablir dans ses droits

Une société de téléphonie de la place a osé lancer une promo ces derniers mois. Cette campagne fait les éloges de la tarification à la seconde. On se croirait dans une grosse farce ! Après cette promo, va-t-elle remettre en place sa tarification à la minute ? On peut difficile comprendre que si la tarification à la seconde est possible (ce que l’operateur nous démontre par sa campagne), l’on puisse continuer à faire payer au consommateur la minute entamée.

Il s’agit d’un abus et il serait temps que l’ARCE et les autorités en charge du commerce rappellent à l’ordre ces opérateurs.Cela est vrai pour cet opérateur, mais pour le troisième,lui, reste muet sur cette question. Sur les trois opérateurs de téléphonie, un seul applique effectivement hors promotion, la tarification à la minute. Il est inadmissible que l’on continue à abuser du consommateur avec le silence assourdissant du régulateur qu’est l’Etat.

Ces abus se retrouvent également au niveau des institutions bancaires. Rentrée scolaire rimant avec difficultés financières, les banques nous prêtent à des taux qui transforment le prêt en un boulet entravant tout développement de la personne. Ici, 14%, là 16%. On ne peut pas les accuser d’entente déloyale pour fixer les taux. Cependant, l’argument du taux de base de la BCEAO a fait long feu. Pourquoi les produits financiers sont ils aussi chers ? Pourquoi a-t-on quasiment les mêmes taux d’une banque à une autre ?

Il faudra certainement demander à ces différents acteurs économiques des dédommagements pour ces situations qui n’ont fait que trop durée.

Ces questions sont celles de profanes mais elles traduisent notre sentiment que dans le système actuel, la vache à lait est le consommateur. Il paye et il n’a aucun recours. Il ne se rend même pas compte de ces abus. Il les vit comme une nécessité. Demander un crédit devient comme quémander une faveur. Et pourtant ces banques nous vendent leurs services. Rein n’est gratuit. Ils payent garcemment sur notre dos et parfois traite le client comme un mendiant. Et pourtant, tout ce que vous leur demandez est payant. Pour crédit pour payer les frais de dossiers, l’assurance et les intérêts du prêt. Et si par mégarde, Vous ne respectez pas une échéance, bonjour la pénalité.

De grâce, que le consommateur soit protégé

Tant avec l’ONEA, la SONABEL, les téléphonies et les banques, le consommateur est la dernière personne protégée. Et pourtant tout le système ne vit et ne dépend que de lui. Pire pour la SONABEL et l’ONEA, nous sommes également actionnaires car par la TVA et les autres taxes, l’Etat s’engage dans des emprunts qu’il faudra que nous remboursions un jour.

Si en tant que acteur de la vie politique, on nous a nié le droit d’avoir un système qui assure une alternance politique, en tant que consommateurs, nous avons encore la possibilité de refuser ces abus.

Nous sommes au cœur du système, nous faisons vivre le système. Il est tant que les règles nous garantissent un minimum de justice.

Messieurs les candidats, ce système en l’état est-il celui que vous comptez nous proposer ?

Par Famaghan Traoré

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 30 septembre 2010 à 11:18, par BURKINA En réponse à : Protéger le consommateur face à la superpuissance des opérateurs économiques

    Bravo M. TRAORE

  • Le 30 septembre 2010 à 13:58, par adams En réponse à : Protéger le consommateur face à la superpuissance des opérateurs économiques

    Une chose est claire au Burkina.Les autorités chargées de la préservation des intérêts des consommateurs se soucient moins de leurs problèmes :
    1) Nous payons chère l’eau et l’électricité.
    2) Nous payons chère le sucre le riz et le lait.
    3) Nous payons chère de nos salaires de misère le ciment.
    4) Nous payons chère l’essence.
    4) Nous Payons chère actuellement le charbon et le gaz de cuisine.
    Dites moi qu’elle protection nous bénéficions.
    Chaque opérateur économique fixe le prix de ces produits comme bon le semble dans l’indifférence totale de ceux qui doivent les rappeler à l’ordre.

  • Le 30 septembre 2010 à 15:56, par Albert En réponse à : Protéger le consommateur face à la superpuissance des opérateurs économiques

    Monsieur Traore, vous oubliez quelque chose d’important :

    Moi je trouve tout a fait normal que celui qui veut remplir sa piscine paie l’eau beaucoup plus cher que celui qui boire et se laver. De meme celui qui veut laver sa voiture ou arroser son jadin doit payer l’eau beaucoup plus cher que celui qui utilise l’eau pour préparer à manger à ses enfants.

    Celui qui utilise l’électricité pour alimenter sa climatisation, sa télé, son frigo, son congélateur, son ventilateur etc. doit payer l’électricité plus cher que celui qui veut juste s’éclairer.

    En Europe, des groupe proposent de donner gratuitement l’eau nécessaire pour la cuisine, la lessive, se laver, boire etc. Ceux qui paie l’eau sont uniquement ceux qui gaspillent. de meme pour l’électricité.

  • Le 30 septembre 2010 à 15:58, par iri En réponse à : Protéger le consommateur face à la superpuissance des opérateurs économiques

    Dans un pays ou il n’y a pas d’eau, ou des gens meurent de soif, ceux qui utilisent l’eau pour remplir la piscine, laver la voiture et arroser la pelouse sont des criminels.

    Il doivent payer l’eau 10 000 F le litre.

  • Le 30 septembre 2010 à 20:50, par Hamane En réponse à : Protéger le consommateur face à la superpuissance des opérateurs économiques

    Si nous ne devons plus laver la voiture avec l’eau, nous allons la laver avec quoi ? puisque laver c’est nettoyer avec l’eau ou du liquide. avec l’essence ? le gazoil ? je suis perdu

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