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Présidentielle ivoirienne : Opération de charme de Gbagbo à Bouna

Publié le mercredi 29 septembre 2010 à 03h11min

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Ainsi que nous le titrions dans notre édition n°7720 du mercredi 22 septembre dernier, l’ultime CPC (Cadre permanent de concertation) a confirmé la date du 31 octobre 2010 pour la tenue de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Tout est donc fin prêt pour ce grand rendez-vous de l’histoire ivoirienne.

Plus de questions politiques à régler, rien que des aspects pratiques et le pays de Félix Houphouët- Boigny pourra enfin pousser un ouf de soulagement après des années de grandes turbulences. Le climat politique devenu assez serein, les bonzes des partis en lice n’ont pas attendu pour battre campagne, à commencer par le candidat de la majorité présidentielle, Laurent Koudou Gbagbo lui-même, qui, pour un début, a choisi le lundi 27 septembre 2010 le département de Bouna, à 588 km d’Abidjan, à l’est de la Côte d’Ivoire, pour annoncer officiellement sa candidature aux prochaines joutes électorales.

Logique, dirons-nous. Pour qui connaît l’homme, rien d’étonnant, lui qui soutenait dans l’édition n° 7722 du 24 au 26 septembre de l’Observateur paalga qu’« Un homme politique normal est toujours en campagne ! Même quand vous êtes élu, le jour de votre prestation de serment vous devez penser à votre campagne future… ». Comme les 14 autres candidats, Gbagbo est donc véritablement entré en campagne avec un slogan pour ses compatriotes : « Ensemble, reprenons notre marche vers le progrès ».

En fait, le président ivoirien n’est pas à sa première sortie officielle à Bouna. En 1990, quand il commençait sa campagne, c’est dans cette localité qu’il était allé. Bouna lui a porté chance et bien qu’il ne fût pas élu, il avait eu la conviction que les populations l’avaient reconnu comme « celui qui arrive ». Dix ans plus tard, il y était retourné, et cette fois avait été la bonne puisque la chance lui avait largement souri. Pour la troisième fois, il s’y rend en qualité de président de la république de Côte d’Ivoire, candidat à sa propre succession.

Ce déplacement en territoire ex-rebelle n’est pas dénué de sens. Bien au contraire, il est un « symbole fort de la réunification », l’expression du retour de la paix en terre d’Eburnie. Après Bouaké le lundi (encore un lundi) 30 juillet 2007, Gbagbo est allé au-delà, convaincu qu’« on ne renonce pas à ce qui nous porte chance ». Il était donc dans de bonnes dispositions pour livrer un message unificateur aux Ivoiriens, en général, et à ceux de Bouna, région « retardataire et retardée » par la crise du 19 septembre 2002, en particulier. Morceaux choisis : « J’ai diagnostiqué la région de Bouna comme la région la plus délaissée de Côte d’Ivoire, la plus abandonnée. Avec la crise, Bouna a encore reculé.

Chers frères, ce n’est pas le temps de pleurer, ni de se lamenter, ni de chercher les coupables. Il faut reconstruire le pays. Il faut reconstruire Bouna (…). Je suis venu vous dire que la guerre est finie, allons aux élections et reprenons ensemble notre marche vers le progrès (…). Je suis venu vous demander votre suffrage, pour que nous reprenions le chemin de la victoire sur le sous-développement… ». Ce que l’enfant terrible de Mama confesse, c’est qu’il est présentement l’homme de la situation en Côte d’Ivoire. Pour cela, il veut les voix de ses frères pour parachever la paix.

Bouna, a-t-il souligné, plus que toutes les autres régions de Côte d’Ivoire, a besoin de réfléchir pour savoir qui voter. Il lui propose donc le courage, la détermination, de la vision, du développement, une politique qui tend la main à tous les enfants de Côte d’Ivoire, sans exception. Il propose en outre une politique qui ne connaît pas de tribu, de religion et qui dit qu’« un Ivoirien est égal à un autre Ivoirien ».

Le moins que l’on puisse dire est que Gbagbo n’a peut-être pas prêché dans le désert. Le ministre Dimaté Palé, président du conseil général de Bouna, militant orthodoxe du PDCI, au nom des populations, a salué sa vision politique. « Vous êtes un grand intellectuel du monde entier, un intellectuel de la trempe de Wolé Soyinka, Ki-Zerbo… Nous sommes venus vous écouter. Nous vous remercions pour vos actions de développement en faveur du secteur territorial 4. Les populations regardent dans la même direction que vous, elles vous soutiennent dans vos actes sociaux et dans tout ce que vous faites en matière de développement pour toute la Côte d’Ivoire ».

A Bouna, Laurent Gbagbo a vraisemblablement fait de l’effet. Entouré du ministre des Mines et de l’Energie, Augustin Kouadio Komoé ; du président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan ; des cadres du département, il a apparemment séduit. La présence du roi de Bouna, Sa Majesté Djarakoroni II ; de deux des chefs de l’ex-rébellion, Issaka Ouattara dit Wattao, et Morou Ouattara, a achevé d’apporter du piquant au meeting.

La question qu’on se pose est alors de savoir si la présence des deux derniers cités se justifie par des raisons sécuritaires ou tout simplement de bienséance. La réponse tardera peut-être à venir, mais le message que cela suggère est que désormais, chacun pourrait aller et venir sans… s’inquiéter. Cela suffira-t-il pour autant à apporter le suffrage qu’il faut à l’actuel maître de la présidence ivoirienne ? Le temps nous le dira.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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