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PARRAINAGE DES CANDIDATS : Le nouveau deal des élus ?

Publié le vendredi 17 septembre 2010 à 04h14min

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Fidèle à ma réputation de fou intelligent, j’ai farfouillé dans le pot-pourri du canard "Le Pays", du 27 août dernier. Et je suis tombé à la renverse en apprenant que des élus locaux ont demandé ni plus ni moins 100 000 F CFA pour apposer leur signature au bas des attestations de parrainage dont François Kaboré, président du PDP/PS, a besoin pour se présenter au scrutin du 21 novembre prochain. La première chose qui a trottiné dans mon esprit me disait qu’on voulait mettre des bâtons dans les roues de ce monsieur. Avec les flux migratoires qui ont secoué son parti, il n’est pas exclu que les élus en question aient retourné leur veste et agissent ainsi selon les instructions de leur nouveau parti. Alors je n’ai pas pu m’empêcher de faire une moue de déception. Notre démocratie est-elle encore à ce stade de balbutiement ?

Car, l’article 125 du code électoral modifié précise qu’on peut parrainer un candidat même si l’on n’est pas de son parti. Ce qui veut dire que c’est un acte citoyen qu’on demande aux élus afin d’aider des Burkinabè qui le veulent à pouvoir se présenter à une élection. Mais si cet acte citoyen ne peut être posé, cela suggère, entre autres, que les partis politiques musellent leurs élus, tuant la contradiction de pensées et instaurant une dictature dommageable à la santé de la démocratie. Je me demande dans ces conditions comment les candidats indépendants vont se débrouiller. Voilà donc pour ce qui est de ma première réaction. Mais quelques heures plus tard, j’étais assis au coin d’une rue, quelque part à Ouagadougou. Je tenais conférence avec des "amis" : une boîte de sardine vide, une pédale cassée de vélo, un tibia de mouton et un gobelet sans fond.

Mais cette réunion a été brutalement interrompue par un énergumène qui a kidnappé la boîte de sardine et la pédale estropiée. Comme si cela ne suffisait pas, il m’a arraché mon micro : un très beau stylo ! Je l’ai maudit, aidé par le tibia de l’animal et le récipient, mais il s’est enfui. Quelques jours plus tard, j’ai revu mes "amis" qui étaient accrochés au sac d’un de ces acheteurs de vieilles ferrailles qui déambulent dans nos villes et villages. Le kidnappeur, sans demander de rançon, les avait liquidés contre quelques pièces de monnaie. C’est à ce moment précis que je me suis rappelé cette affaire de signatures monnayables pour parrainage de candidat présidentiable. Et je me suis dit finalement que ce n’est peut-être pas qu’une seule injonction de parti politique qui a guidé les élus en question, mais sans doute aussi la cupidité. Et si c’est le cas, ils sont tombés bien bas, ces gens en qui le peuple a placé sa confiance.

Mais ont-ils tort ? A l’image de cet immoral être qui a arraché des ferrailles au fou que je suis, c’est notre société qui se dévoile. On vend tout dans ce pays ! Tout ! Aujourd’hui, l’honneur, la dignité et le respect de soi ne coûtent pas plus cher que la plus déchiquetée de mes friperies de fou ! Toutefois, laissez-moi vous dire, chers élus, que cette modification du code électoral a été faite afin de proposer des candidats sérieux lors de notre élection présidentielle. Refusez de parrainer lorsque vous pensez que tel ou tel candidat est à mille lieux de "remplir vos yeux". Des candidats farfelus, le fou que je suis n’en veux pas. Mais de grâce, n’en faites pas un business au point de nuire à des candidats que vous aurez ainsi brimés injustement !

Le Fou

Le Pays

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