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GUINEE : Les civils sont-ils prêts à gérer le pouvoir d’Etat ?

Publié le mercredi 15 septembre 2010 à 03h55min

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Les événements s’enchaînent en Guinée Conakry et n’ont rien de rassurant quant à la tenue effective du second tour de l’élection présidentielle le 19 septembre prochain. Depuis le début de la semaine, il y a eu successivement les affrontements entre militants des candidats Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, la suspension de la campagne électorale ouverte le 5 septembre dernier suite aux violences qui ont provoqué un mort et des blessés, les rencontres séparées entre les candidats finalistes et le Premier ministre guinéen, Jean-Marie Doré, pour calmer les esprits surchauffés. Comme si cela ne suffisait pas, le président de la CENI est décédé hier 14 septembre à Paris en France, des suites de maladie.

Cette disparition intervient dans un contexte de tension liée à la campagne électorale et de crise interne à la CENI consécutive à la condamnation, à un an de prison ferme pour fraude électorale, du regretté président et de son vice-président. Le remplacement des deux responsables n’a pas été facile à faire avec la récusation, par la Coalition Arc-en-ciel qui soutient Alpha Condé, de celle qui a été nommée vice-présidente, Hadja Aminata Mame Camara, pour accointance avec le candidat Cellou Dalein Diallo.

Le climat général n’incite donc pas à l’optimisme quant à une fin heureuse de la transition dont on s’était pourtant mis à rêver surtout après l’engouement pour le premier tour de l’élection présidentielle. Mais ceux qui, apparemment, ne veulent pas de la démocratie en Guinée, n’avaient pas dit leur dernier mot. Ils semblent n’être pas fatigués par l’Etat d’exception, les régimes dictatoriaux qui se sont succédé depuis l’indépendance en 1958. A qui la faute ? Aux civils, d’abord. En effet, il a suffi qu’on leur donne l’occasion de conquérir le pouvoir d’Etat pour qu’ils se montrent incapables de s’entendre à cette fin. Cette attitude déplorable risque de donner raison à bon nombre de militaires qui soutiennent mordicus, tant en Guinée qu’un peu partout en Afrique, que les civils ne sont pas disciplinés. D’ailleurs, c’est souvent l’argument utilisé pour perpétrer des coups d’Etat dans des pays où le pouvoir est géré par des civils.

La Guinée a cette chance extraordinaire que le chef de l’Etat par intérim, Sékouba Konaté, n’est pas intéressé par le pouvoir et donne des signes d’empressement de quitter ce qui s’apparente pour lui à une prison, fût-elle dorée. Cette relation au pouvoir est diamétralement opposée à celle de son prédécesseur, Dadis Camara, qui avait pris goût à la charge suprême et ne voulait plus la quitter. Sans être devin, on peut affirmer que si Dadis n’avait pas lâché prise malgré lui, il aurait remporté haut la main l’élection présidentielle que l’on viendrait à organiser pour un retour à l’ordre constitutionnel normal. Et au lieu de se battre entre eux, les civils se seraient ligués contre Dadis en ce moment pour dénoncer le caractère non transparent de l’élection, exiger sa reprise ou refuser de reconnaître la victoire de l’ancien gestionnaire du carburant de l’armée guinéenne. Mais par un concours de circonstances, ce n’est pas (heureusement) le cas.

Les politiques guinéens en général et les deux candidats finalistes en particulier doivent saisir cette chance historique et se ressaisir pendant qu’il est encore temps. Sinon, ils accréditeraient la thèse de leur incapacité supposée ou réelle à conquérir et gérer sereinement le pouvoir d’Etat. « Le vrai bonheur, on ne le réalise que lorsqu’on l’a perdu », dit un proverbe. Il faut un sursaut pour éviter qu’un troisième larron en treillis ne surgisse, comme l’a fait Dadis en décembre 2008, après la mort de Lansana Conté. En cas d’aggravation de la situation, Sékouba Konaté pourrait aussi changer d’avis, poussé en cela par des frères d’armes exaspérés. Il pourrait donc être contraint de prendre ses responsabilités et rester au pouvoir jusqu’à ce que les civils se montrent à la hauteur de la charge de chef d’Etat. La Guinée est à la croisée des chemins et la responsabilité des politiques est grande dans le choix de la bonne direction.

Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 septembre 2010 à 10:39 En réponse à : GUINEE : Les civils sont-ils prêts à gérer le pouvoir d’Etat ?

    Diviser pour régner. B.A ba de la politique. C’est de cela dont il est question. A qui cela profite ? Elémentaire mon cher.

    Abdoul Malick

  • Le 15 septembre 2010 à 12:32, par AROSS En réponse à : GUINEE : Les civils sont-ils prêts à gérer le pouvoir d’Etat ?

    A qui la faute ? Aux civils, d’abord. En effet, il a suffi qu’on leur donne l’occasion de conquérir le pouvoir d’Etat pour qu’ils se montrent incapables de s’entendre à cette fin. Cette attitude déplorable risque de donner raison à bon nombre de militaires qui soutiennent mordicus, tant en Guinée qu’un peu partout en Afrique, que les civils ne sont pas disciplinés. D’ailleurs, c’est souvent l’argument utilisé pour perpétrer des coups d’Etat dans des pays où le pouvoir est géré par des civils.

    Ce passage de votre écrit m’a rébuté cher journaliste. De grâce, évitez de verser dans le jeu d’opposer civils et militaires car cela entretient et nourrit de graves crises, les uns se croyants plus forts (militaires), les autres plus intelligents (civils). Militaires comme cvivils ce sont tous des citoyens qui peuvent bien faire de la politique conformément aux règles en la matière. Alors la société guinéenne est un tout.

    • Le 16 septembre 2010 à 02:21 En réponse à : GUINEE : Les civils sont-ils prêts à gérer le pouvoir d’Etat ?

      De quelle entente meme les gens parlent/ Ils sont deux qui cherchent tous le pouvoir et vous parlez d’ entente. Vous voulez qu’ ils s’ embrassent en public pour que vous sachiez qu’ ils s’ entendent ? Non. Chacun cherche pour lui. C’est apres la verite des urnes que l’ entente doit venir. Sinon pour le moment, ils ne sont pas de la Mouvance Presidentielle comme au Faso ou la plupart des partis s’ entendent pour brouter dans le parc de Blaise. Nos politiciens, ne les comptez pas comme des politiciens. Ce sont des chiffes molles. Si tu leur assure une villa et a manger 3 fois par jour, et une bourse canadienne a leurs morpions, ils laissent tomber leur ambition. Faut meme pas parler de restituer les droits et autres maux, certains disent biens, de leur papa. C’est different pour la Guinee ou l’honneur veut encore dire quelque chose. Mais comprenez que si Celloun Diallo etait l’ homme de la communaute internationale avec tout ce que cela veut dire, mathematiquement, y avait pas match. Mais il n’est pas l’ homme qu’ on veut mais la realite du terrain est la. Les peul sont majoritaires et ce vote ne sera jamais un vote reellmement dem C’est democratique seulemnt par ce cote, puisque c’est equitable. Tous ont accepte les outils pour la bataille : Jouer sur la fibre ethnique. Seulement si on s’ entend sur ca, il faut reconnaitre qu’ une ethnie est plus nombreuse qu’ une autre. On fait quoi maintenant ? Pour parler comme une mere mossi a son enfant tetu ?

      Jean Sompil.

  • Le 15 septembre 2010 à 15:34, par shock En réponse à : GUINEE : Les civils sont-ils prêts à gérer le pouvoir d’Etat ?

    J’ai toujours dit sur les forums au BF qu’après plus de 50 ans de dictature il fallait laisser Dadis gerer la Guinée pendant au moins 2 ans avant d’aller à une situation democratique gerée par les civiles qui se seraient formés à une telle gestion durant la dite periode.Mais les occidentaux (la France) et la "communauté internationale" en voulaient à mort au CNDD et voilà le resultat. Tous ces leaders politiques d’aujourd’hui sont issus des systèmes de dictature et de la malgouvernance ; on ne devient pas democrate un seul jour comme par enchantement ; et puis ce peuple guinéen fait pitié, lui que les politiciens ont toujour su divisé par des questions sordides d’ethnis de clans, de religion comme si on vivait au 18e siècle

    • Le 16 septembre 2010 à 02:11 En réponse à : GUINEE : Les civils sont-ils prêts à gérer le pouvoir d’Etat ?

      J’ allais etre d’accord avec toi si Dadis n’etait pas un fou a lier. Un tel individu comme president, c’est la vraie catastrophe pour la Guinee. Au debut de son pouvoir, il etait peu sur de lui, incapable meme de lire son premier discours. Mais avec le temps, il a pris de l’ assurance idiote qui n’ a fait que reveler l’ homme. LeTigre, qui est bien malin, a frefuse de prendre le poyuvoir des le depart mais a tout arrange pour le recuperer apres. Sinon qui conmprend quoi dans ce flinguage de Dadis Premier/ Ou est le flingueur meme aujourd’ hui/ Qui s’ interesse a lui/ Vous voyez, tant que la communaute internationale ne va pas jouer honnete, la paix ne reviendra pas si facilement en Guinee. Bien vrai que Dadis merite plus que ce qwui lui est arrive, mais aussi, c’est un chef d’ etat qui a ete flingue et personne ne recherche le malfrat. Ca sent la suspucion a mille lieues. mais c’est juste mon opinion que personne d’ ailleurs n’a demande.

  • Le 19 septembre 2010 à 15:46 En réponse à : GUINEE : Les civils sont-ils prêts à gérer le pouvoir d’Etat ?

    Si les civils ne sont pas prets pour gerer kle pouvoir d’etat, les militaires eux ne seront jamias prets pour gerer le pouvoir d’etat, mais les casernes ou on a plus besoin de moelle epiniere que de cerveau.

    Einstein L’ Africain

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