On se rappelle encore ces événements tragiques de Maidiguri qui avaient coûté la vie à tant d’âmes innocentes et qui avaient révélé à l’opinion internationale, l’incapacité des dirigeants nigérians à faire de leur pays, un havre de paix où cohabiteront et se côtoieront des communautés religieuses diverses et ce, dans le respect des convictions des unes et des autres, tant ils sont préoccupés par leur pouvoir. Certes, la riposte à ces événements barbares et odieux avait consisté en un véritable nettoyage au point que personne n’aurait osé parier un kopeck sur la capacité de cette secte islamiste à refaire surface. Hélas ! Voilà que le 7 septembre dernier, un commando armé jusqu’aux dents, flanqué de quelques assaillants, a attaqué la prison de Bauchi, dans le centre du Nigeria, tuant quatre personnes et libérant 732 détenus dont 150 islamistes, qui attendaient d’être jugés.

Une telle attaque témoigne, si besoin en est encore, combien l’anarchie et la corruption ont de beaux jours au Nigeria, tant tout y fonctionne mal et s’en va à vau-l’eau. Le Nigeria n’est jamais mieux connu à l’extérieur qu’à travers le prisme de ses agitations sociales. Sinon comment imaginer pareille attaque isolée et spontanée dans un pays comme le Nigeria qui, fort de ses moyens humains et financiers, aurait pu installer des cellules de veille afin de parer à toute éventualité ?Jusque-là, seuls les pays en proie à la guerre nous avaient habitués à de tels spectacles indignes d’une nation démocratique organisée.

Qui est ce commando qui a dirigé cette attaque ? D’où est-il venu ? Avec quelle (s) arme(s) a-t-il opéré ?Des questions dont les réponses corroboreront le laxisme d’un Etat longtemps décrié pour son désordre. En tous les cas, la secte islamiste Boko Haram est en passe de devenir une hydre, capable à tout bout de champ de destabiliser le pays. L’incurie, la passivité et le laxisme des dirigeants nigérians auront fait de ce pays une véritable caverne d’Ali Baba où se jouent les contrebandes de tout genre.

Certes,le pays n’a pas connu une gestion ferme ces dernières années avec l’avènement d’Umaru Yar’Adua.Venu pour combattre avec détermination la corruption,il n’a pu malheureusement réaliser son projet en raison de la maladie. Les dirigeants nigérians doivent, et ce, au plus urgent, revoir et corriger les failles de leur système organisationnel.Autrement, tout effort de maintien de paix et d’harmonie sociales ne sera pas moins qu’un travail de Sisyphe. Les problèmes du Nigeria sont si nombreux et si particuliers qu’ils méritent qu’on y apporte des solutions durables et conséquentes au lieu de se contenter de réponses palliatives. Donc aux grands maux, les grands remèdes.

Boundi OUOBA

Le Pays