LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

DETOURNEMENTS DE FONDS AU MALI : Une ombre au tableau de la bonne gouvernance

Publié le mardi 7 septembre 2010 à 02h01min

PARTAGER :                          

Surfacturations, marchés fictifs, ce sont là quelques- uns des griefs faits à une dizaine de personnes arrêtées au Mali. Sur saisine du gouvernement malien, la justice s’est mise en branle à cet effet. D’autres interpellations devraient suivre selon les déclarations des autorités. Ces personnes poursuivies sont accusées de détournements dans la gestion des fonds octroyés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au ministère malien de la Santé. En réponse aux conclusions de ces enquêtes, les autorités au plus haut sommet de l’Etat, semblent décidées à faire le ménage.

Elles promettent une fermeté totale dans la répression de "ces indélicatesses". C’est peu de dire que ces détournements font beaucoup de mal. Ils écornent l’image de marque du Mali et constituent une ombre au tableau de la bonne gouvernance de ce pays considéré par beaucoup d’observateurs comme un exemple en la matière. Mais par-dessus tout, ces actes d’incivisme sont intolérables du fait qu’ils sont préjudiciables, à plus d’un titre, aux malades. En effet, ces derniers ont dû subir les conséquences fâcheuses de ces détournements comme le manque de certains médicaments sur le terrain alors qu’ils étaient sensés y être. Mais, ils pourraient souffrir davantage le martyre avec la suspension éventuelle des financements du Fonds mondial, conséquence logique de cette mauvaise gestion. Il faudra trouver et au plus vite des ressources pour suppléer le blocage des fonds si l’on veut éviter un désastre sanitaire.

La situation est d’autant plus grave que le problème malien n’est pas un cas isolé. Ce qui a été mis à nu au Mali existe dans bien d’autres Etats bénéficiaires des financements de ce Fonds mis en place en 2002 au profit des pays pauvres. L’aide qui y est apportée est plus ou moins dilapidée alors que ces Etats ne peuvent pas soigner leurs malades par leurs propres moyens. De ce fait, cette mauvaise gestion de l’aide est un vrai cancer. Dans certains cas, la solution semblait toute trouvée pour assurer un suivi strict de la gestion des fonds au plus haut sommet : rattacher directement cette gestion à la présidence de la République. Mais à l’épreuve du terrain, cette précaution ne semble pas être la potion magique face à la boulimie de certains gestionnaires.

La gestion de l’argent affecté à la prise en charge des malades est donc peu orthodoxe. En d’autres termes, beaucoup de personnes se "sucrent" sans état d’âme sur le dos des patients. Le secteur de la santé, notamment le sous-secteur de la lutte contre le sida est une sorte de vache à lait pour plein de gens. Cela paraît évident à telle enseigne que beaucoup d’agents publics feraient tout pour s’y faire affecter. On voit aussi les associations pousser comme des champignons dans le domaine. Toutes, loin s’en faut, n’ont pas la culture du bénévolat qu’elles proclament.

Pour ce qui est des financements, beaucoup d’Etats africains sont prompts à demander, pardon, à exiger l’aide étrangère, sans être capables de la gérer selon l’orthodoxie des donateurs, c’est-à-dire dans la transparence. Ces affaires interviennent à un mauvais moment où l’on tente de redresser la barre dans la lutte contre le sida notamment et où les financements commencent, hélas, à tarir. Au-delà des détournements, il faudra s’attaquer fortement à la lourdeur des charges de fonctionnement des organisations de lutte contre les maladies ciblées par le Fonds. Il y a trop de voyages, de séminaires et autres ateliers, sans compter le train de vie scandaleux de certains gestionnaires des fonds, au détriment de la prise en charge réelle des malades. Ces charges sont de nature à ponctionner les ressources reçues et à impacter négativement la lutte.

Compte tenu de l’importance des projets financés par ce Fonds, les organisations qui les exécutent doivent se doter de ressources humaines qualifiées pour plus de succès. Il faudra aussi et surtout que les personnes affectées et infectées s’organisent pour constituer de puissants lobbies dans la défense de leurs droits. En tout état de cause, la prévention des malversations doit être le mot d’ordre à tous les niveaux. En cas d’échec de cette prévention, comme dans le présent cas malien, la répression doit être ferme. Il serait même judicieux que cette répression qui s’organise au Mali soit contagieuse pour les autres Etats et permette aux pays africains de mériter la confiance des partenaires et, surtout, de vraiment soulager les malades .

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 septembre 2010 à 12:19, par le fou En réponse à : DETOURNEMENTS DE FONDS AU MALI : Une ombre au tableau de la bonne gouvernance

    Hé mon colonnel , toi aussi, il faut bien ecouter.

    C’est sur que ce probleme la te concerne ; toi et ton protegé.

    attendons de voir.

    Comme ont le dit "on ne peut pas faire un crime sans laisser de traces et emporter des traces"

    On verra bien !!!

  • Le 7 septembre 2010 à 15:02, par Zamalèk En réponse à : DETOURNEMENTS DE FONDS AU MALI : Une ombre au tableau de la bonne gouvernance

    Je ne suis pas vraiment d’accord quant on dit que cette affaire de détournement écorne l’image du Mali, notamment sur le volet de la bonne gouvernance. Au contraire par la réaction qui est en cours les autorités maliennes viennent de montrer que le pays reste un exemple.
    Je ne crois pas que la bonne gouvernance signifie qu’on garantie qu’il n’y aura plus de malversations dans un pays. il faut veiller à ça mais il s’agit plutôt de prévoir toutes les règles de bonne conduite et les appliquer quant il le faut. Les hommes sont ceux qu’ils sont. Ils sont imprévisibles. On ne sait jamais qui va voler. Et si des gens ont volé aujourd’hui l’argent du SIDA au Mali, on ne peut pas tout de suite blâmer les autorités, à moins que leur responsabilité ne soit prouvée.
    Je félicite vraiment le Mali pour la promptitude qui s’est manifestée dans cette affaire. ils sont aux trousses des fautifs.
    Ailleurs et chez nous, il y a des détournements, on crie mais personne n’est inquiétée. Au contraire si tu en parles, on te traite d’aigri.
    Le Mali, de Soundjata Keita, en passant Alpha Omar Konaré jusqu’à ATT continue de nous séduire. Je n’oublie pas Cheick Modibo Diarra, Salif Keita (Chanteur) et j’en oublie..

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique