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Nigeria : les élections en ligne de mire

Publié le vendredi 3 septembre 2010 à 01h43min

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C’est décidément l’avant-veille électorale en Afrique, et si l’on se prépare activement à tenir des scrutins de sortie de crise en Guinée et en Côte d’Ivoire notamment avant la fin de cette année, la classe politique nigériane ne se met pas moins en ordre de bataille pour les prochaines élections générales, prévues pour 2011. Un rendez-vous politique de toutes les attentions, là aussi, où l’on se perd en simulations et en conjectures sur l’élection présidentielle.

Si on disserte à volonté sur les prochaines consultations électorales qui se tiendront bientôt du côté du géant de l’Afrique de l’Ouest, c’est surtout en regard de la candidature annoncée et/ou supposée de Goodluck Jonathan, qui semble apporter une pointe d’inédit dans le débat. Notamment en raison du « zoning system », une sorte de « gentlemen agreement » établi au sein du Parti démocratique du peuple (PDP), archi-dominant dans le paysage politique nigérian, pour réguler « l’alternance démocratique du pouvoir entre les Nigérians issus du Nord du pays, majoritairement musulman, et ceux issus du Sud, majoritairement chrétien ».

En fait, c’est le décès, en mai dernier, du président élu, Umaru Yar’Adua, Nordiste musulman, remplacé à la tête de l’Etat par son vice-président, Goodluck Jonathan, Sudiste chrétien, qui est venu brouiller les cartes, mettant le « zoning system » au cœur de la polémique et au centre d’interprétations diverses. Car, en effet, estime-t-on, Feu Yar’Adua était parti pour assumer deux mandats de quatre ans à la tête du Nigeria. Et donc, faute d’avoir pu le remplacer au pied levé à sa mort selon le « non écrit » du « zoning system » –la Constitution donnant ce privilège au vice-président- c’est à un ressortissant du Nord, musulman, de reprendre le flambeau de la présidence en 2011.

Seulement voilà ! Même s’il ne dévoile pas encore ses intentions, rien n’interdit au chrétien du Sud, Goodluck Jonathan, qui préside, constitutionnellement, aux destinées de ce pays gigantesque depuis mai 2010, de briguer la magistrature suprême, cassant, surtout s’il est élu, le rythme mécanique de cette alternance préfabriquée. Des groupes se forment du reste déjà, pour prêter cette intention au président sortant.

Ainsi, entre intrigues et surenchères, l’on peut s’attendre à ce que la question religieuse, dont on sait qu’elle compte beaucoup dans le quotidien de ce pays accoutumé aux spasmes des violences interethniques, accompagne la campagne pour les prochaines échéances électorales.
Pourtant, pour l’heure, Goodluck Jonathan s’efforce de rassurer sur la transparence et la crédibilité du scrutin qu’il compte organiser. « Depuis que j’ai pris mes fonctions, j’ai insisté pour que mon administration fasse tout ce qui est nécessaire afin de garantir des élections libres, justes et crédibles en 2011 et au-delà. J’ai dit et redit que je ne prendrai en considération ni mes intérêts personnels, ni ceux de mon parti, en travaillant à l’organisation d’élections crédibles pour notre peuple », a-t-il notamment indiqué le 20 août dernier. Renoncerait-il donc à briguer la magistrature suprême même s’il doit aller contre ses intérêts et ceux de son parti ?
Au plan stratégique toutefois, plusieurs partis politiques semblent décidés à contrebalancer la quasi-mainmise du PDP, au pouvoir, sur les affaires de l’Etat. C’est sans doute le sens qu’il faut donner à la coalition qui vient de voir le jour. Les douze partis qui forment cette coalition comptent s’entendre sur « la désignation d’un seul candidat au poste de gouverneur dans chaque Etat, en vue d’éviter la dispersion des suffrages ».

Cette tactique, qui vise à défier le Parti démocratique populaire (PDP), préfigure-t-elle les grandes manœuvres pour une nouvelle voie d’alternance au Nigeria, avec l’émergence d’une nouvelle force politique soucieuse d’observer « les principes et les valeurs de démocratie, de bonne gouvernance et de justice pour tous » ?
Il est trop tôt pour le dire péremptoirement. Mais l’on peut pronostiquer que les prochains mois seront animés sur les chantiers de la conquête du pouvoir au sein des 36 Etats qui forment l’Etat fédéral du Nigeria.

Serge mathias Tomondji

Fasozine

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