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Valorisation des résultats de la recherche : Opérateurs économiques au secours !

Publié le vendredi 3 septembre 2010 à 01h44min

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Les pays en développement comme le Burkina encore plus que les autres, ont besoin de la recherche pour asseoir les bases de leur croissance. Pourquoi alors tant de trouvailles ne franchissent pas les portes des laboratoires ? « Je pense que le Burkina refuse le développement », c’est ainsi qu’avait répondu à la question, le directeur de l’Institut de recherche en sciences appliqués et technologiques (IRSAT), Wéreme Alahdi, sous le coup du découragement.

Ce qui ne fait plus aucun doute, c’est que les chercheurs burkinabè trouvent. Et ce, malgré les modestes moyens dont ils disposent. Agriculture, environnement, santé, agroalimentaire, etc, tous les domaines sont explorés. En plus des chercheurs évoluant dans un cadre formel, il y a aussi des hommes et des femmes qui, parfois, n’ont presque pas fait d’études qui ont créé la surprise à travers leurs inventions.

Ils sont de plus en plus nombreux à remporter des prix internationaux. Cependant, la plupart de ces trouvailles restent entre les quatre murs des centres de recherches ou des domiciles de leurs inventeurs. Certaines trouvailles ont disparu en même temps que leur propriétaire. On estime que moins d’un dixième des résultats obtenus par les chercheurs sont inexploités. Une situation difficile à comprendre selon les chercheurs dans la mesure où l’on sait qu’aucun pays ne peut se développer sans la recherche scientifique et technologique.

Ils déplorent que les chercheurs eux-mêmes soient obligés de se débrouiller à gauche et à droite, pour chercher des financements. En effet selon le docteur Zangré, en dehors des salaires et les infrastructures, les financements directs de l’Etat à la recherche ont disparu. Le budget de la recherche du Burkina est estimé à un peu moins d’un pour cent du budget national.

Pourtant il existe depuis 1997, une structure chargée de la valorisation des résultats de la recherche, dénommée, Agence nationale de la valorisation des résultats de la recherche (ANVAR) rattachée au CNRST.

En 13 ans d’existence, elle abattu un travail formidable à travers le recensement de toutes les inventions technologiques afin de constituer une banque de données. Elle s’est également fortement engagée dans la valorisation même du chercheur en appuyant l’acceptation de son dossier au niveau du CAMES.

Elle essaye également de jouer un rôle d’interface entre la recherche et les acteurs qui veulent valoriser leurs résultats. Malheureusement cela n’est pas toujours évident. Selon le directeur de l’ANVAR, le docteur Roger Zangré, les opérateurs économiques n’ont pas encore compris l’importance de la recherche et ce qu’elle peut leur apporter. « Tout le monde fait du commerce. Alors qu’on ne peut développer un pays en ne faisant que l’importation », a-t-il souligné.

Et d’ajouter qu’aujourd’hui, le Burkina Faso a besoin d’une nouvelle race d’opérateurs économiques patriotiques, qui saura combiner la recherche de profit avec la valorisation des produits locaux. Et cela en utilisant les résultats de la cherche pour créer des industries. Dans la même lancée, le professeur Yézouma Coulibaly, chercheur au 2IE soutient que le manque de relais constitue un handicap majeur pour la valorisation des résultats de la recherche au Burkina.

A tel point que certains chercheurs se voient obligés d’être en même temps les promoteurs de leur propre invention. Dans cette sombre peinture, où la recherche du profit l’emporte sur le patriotisme, il y a quand même quelques opérateurs qui tentent de valoriser les résultats des chercheurs.

Sont de cela, le président de l’Association des transformateurs du Burkina, Samssona Béogo qui collabore depuis plus de 15 ans avec la recherche dans le cadre de la transformation des céréales. Un partenariat qui a été formalisé en 1997 par une signature de Convention avec le CNRST. Egalement dans le domaine de l’agroalimentaire, on trouve des acteurs comme Simone Zoundi qui exploite les connaissances locales pour asseoir des petites et moyennes entreprises.

Pour le président des transformateurs de céréales du Burkina, Samssonna Béogo, la mise en valeur des résultats de la recherche est la seule voix qui permet à un pays de se développer sur ses propres connaissances qui ne sont pas du mensonge. Les milliards qui sont utilisés pour l’importation des produits européens auraient pu servir à développer des industries dans le pays. Le peu d’intérêt des opérateurs économiques s’explique en partie par la réticence des banques à financer la recherche à quelque niveau que ce soit.

« La recherche n’intéresse pas les Banques », a déclaré un innovateur, excédé par le comportement des Banques. Si cela est possible ailleurs, pourquoi pas ici ? S’est-il interrogé. Afin de remédier à ce problème de financement, tout l’espoir du monde de la recherche et des innovateurs est focalisé sur le projet de création d’un fonds de valorisation des résultats de la recherche. Des partenaires seraient intéressés pour soutenir le projet mais souhaitent d’abord que l’Etat donne l’exemple. Mais malheureusement a soutenu le Dr Zangré, l’Etat a du mal à concrétiser ses idées.

Samssonna Béogo, pense de ce fait, que tant qu’il en serait ainsi, le Burkina Faso restera un pays de consommation qui ne produit rien. En attendant ce fameux fonds qui tarde à se mettre en place, un projet de cinq ans financé par le Centre de recherche et de développement international (CRDI) dénommé « Projet de valorisation des résultats de la recherche et des innovations technologiques », est en cours d’exécution.

Coordonné par le Forum national de la recherche scientifiques et des innovations technologiques (FRSIT) en collaboration avec l’ANVAR, le projet vise à favoriser l’utilisation intensive des résultats de la recherche en mettant en place des mécanismes durables de promotion. Dans le cadre dudit projet, des résultats dont une dizaine ont été sélectionnés à la suite d’un appel à candidature pour être valorisé.

Dans le but de faire connaître ces résultats par un plus grand nombre, une vitrine de la recherche et de l’innovation a été ouverte, sise à Koulouba, sur l’avenue Houari Boumediene En réalité, ces actions ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan. Il faudrait certainement beaucoup plus de moyens mais aussi et surtout plus de volonté politique. Car si ce projet-pilote a permis de donner un nouveau souffle à l’ANVAR et au FRSIT, ses structures dont le rôle important n’est plus à démontrer, risquent à la fin du projet, d’être des coquilles vides.

Fatouma Sophie OUATTARA (Sofifa2@yahoo.fr)

Sidwaya

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