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Côte d’Ivoire- Forces nouvelles : Un retour à la raison qui soulage

Publié le vendredi 3 septembre 2004 à 07h24min

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A quelques jours (19 septembre) du deuxième anniversaire de la rébellion en Eburnie, un climat de réconciliation est en passe de s’installer au sein des Forces nouvelles (FN) à l’origine de la remise en cause brutale du pouvoir de Laurent Gbagbo. En effet, les deux têtes de proue de la rébellion à savoir Guillaume Soro, secrétaire général des FN, et le Sergent Ibrahim Coulibaly dit IB, veulent fumer le calumet de la paix.

Après s’être combattus par partisans interposés pour être chacun le leader incontesté du mouvement, les deux chefs rebelles se sont résolus à enterrer la hache de guerre. Et cela, sous la houlette des partis de l’opposition ivoirienne qui ont initié la médiation entre les deux frères ennemis. Tous ceux qui oeuvrent à un retour de la paix en Côte d’Ivoire doivent donc se sentir dans l’espérance. Et pour cause.

La gueguerre entre Guillaume Soro et le sergent, retenu depuis une année en France sous l’inculpation de tentative de coup d’Etat dans son pays, était le grain de sable qui grippait le mécanisme de résolution de la crise. En effet, on ne pouvait pas parler de véritable sortie de crise, donc de retour de la paix sur l’ensemble du territoire ivoirien, tant qu’il y avait des bisbilles au sein des forces nouvelles.

La gueguerre, pour caricaturer, ressemblait à une épine dans le séant qu’il fallait forcément enlever avant de s’occuper de celle qui est au pied. Tout compte fait, la crise interne aux FN, quoiqu’elle puisse réjouir le camp d’en face (celui de Gbagbo), compliquait davantage la situation. C’était un nouveau front ouvert sur lequel les médiateurs devaient aussi batailler pour ramener le calme en plus des efforts déployés pour résoudre la grande crise.

C’est heureux que la décision d’enterrer la hache de guerre ait été prise avant que le principe selon lequel toute révolution finit par manger ses enfants n’ait imposé sa loi macabre. Certes, on a déploré des affrontements sanglants entre partisans, des supporters de IB se sont exilés au Mali, mais aucune des têtes de proue n’a été dégommée. L’encens de paix qui se dégage des rangs des FN permettra de se consacrer à nouveau aux plus importants chantiers de résolution de la crise. C’est le voeu de tous ceux qui se démènent pour que le pays de feu Félix Houphouët Boigny sorte de cette mauvaise passe.

La gueguerre intra-FN renvoyée aux calendes...ivoiriennes, il reste maintenant à conjuguer les efforts pour mettre en oeuvre les accords de Marcoussis comme réaffirmé au Sommet d’Accra III. Lequel sommet, l’on se rappelle, a instauré un contexte plus ou moins favorable à l’application desdits accords. Cette opportunité doit être saisie par les médiateurs pour que l’empressement du régime Gbagbo à mettre en oeuvre Marcoussis, constaté après chaque sommet, ne soit pas feint.

Malheureusement, cela semble être le cas au regard du retrait des projets de loi sur le foncier, la nationalité et le code électoral de l’Assemblée nationale. Et cela après les amendements par le groupe parlementaire du parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI), jugés contraires à l’esprit des textes par les ministres initiateurs. Comme on peut le constater, les faucons, notamment ceux du camp présidentiel, n’ont pas mis de l’eau dans leur vin. Il y a lieu que l’ONU, la CEDEAO et la France rappellent ces faucons à l’ordre pour qu’ils s’inscrivent résolument dans la logique de paix.

En outre, ils doivent avoir un esprit de dépassement de soi comme viennent de le faire Guillaume Soro et IB qui ont compris qu’il ne sert à rien de prendre en otage par égoïsme, l’intérêt général. Le comportement des irréductibles relève du pur égoïsme qui fera perdurer la crise. Pourtant, sans sa résolution, l’avenir de la Côte d’Ivoire restera à jamais compromis.

Au bout du compte, c’est tout le monde, colombes comme faucons qui en pâtira irrémédiablement. Ceux qui ont la capacité, la possibilité de faire évoluer positivement la situation, doivent avoir cela à l’esprit. La nation leur sera reconnaissante pour avoir accepté de poser cet acte salutaire et au jugement de l’histoire, ils seront logés à bonne enseigne. Malheureusement, ils sont légion les hommes politiques en Eburnie qui se soucient surtout de leurs intérêts égoïstes et qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.

Le Pays

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