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Sénégal : Wade traque l’hydre de la mendicité

Publié le vendredi 27 août 2010 à 00h40min

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S’il y a un phénomène social bien répandu en Afrique, c’est bien la mendicité. Un mot qui a tout un sens, et il existe depuis des siècles. Aujourd’hui, en Afrique, il n’y a pas un lieu où on ne rencontre des gens qui font la manche. Un artiste ivoirien disait d’ailleurs que « la galère est le cousin de la mort ». Une expression qui fait peur et la solution consiste à faire comme dans la cour des Miracles. C’est-à-dire être obligé de mendier sa vie. Mais au Sénégal, les mendiants vont désormais trouver autre chose à faire avec leurs dix doigts.

Ainsi en a décidé Wade qui a décrété de traquer l’hydre de la mendicité dans son pays. Une mesure qui est entrée en vigueur hier jeudi 26 août 2010 et cela en plein mois du carême musulman. Au moment où nous tracions ces lignes, on ne sait pas si le communiqué du ministère de l’Intérieur a fait effet. A Dakar comme dans les autres villes africaines, on ne peut circuler tranquillement sans que les mendiants ne vous tendent leurs sébiles avec parfois un air pitoyable. D’autres, avec le temps, s’adonnent au vol quand la journée n’est pas fructueuse.

Gorgui, qui ne peut se rendre à l’aéroport sans les voir, a peut-être compris que leur présence sur la voie publique n’est pas bonne pour l’image de son pays. Avec son gouvernement, ils ont décidé « qu’il est formellement interdit toutes activités de mendicité et les mendiants trouvés sur la voie publique seront sévèrement sanctionnés. »

Au sortir du conseil interministériel, le Premier ministre, Souleymane Ndéné N’diaye, avait déclaré qu’il faut que tout le monde comprenne que mendier est interdit par la loi. La mendicité ne sera tolérée que dans les lieux de culte, les mosquées et les églises. C’est donc une décision courageuse qui a été prise du côté de Dakar, surtout que l’ampleur du phénomène de la mendicité est visible.

A ce qu’on dit, des enfants de 2 à 15 ans dont le nombre est croissant, ont été dénombrés dans les rues de la capitale et les bailleurs de fonds avaient exprimé des doutes sur la volonté du Sénégal d’appliquer une loi interdisant la mendicité, votée depuis 2005. Les enfants mendiants sont pour la plupart des élèves des écoles coraniques, appelés talibés, que leurs maîtres ont fait venir des régions sénégalaises ou des pays voisins.

Cette « traite » des enfants obligés de rapporter au maître de l’argent, et qui passent plus de temps dans la rue que dans les écoles n’a pas cessé d’être dénoncée depuis des années par les organisations humanitaires et des droits de l’homme. Mais à voir les choses, il n’est pas définitivement mis fin aux activités des mendiants.

C’est dans les lieux de culte seulement qu’ils peuvent quémander, or ce n’est pas du tout évident que les jetons tombent à tout moment. Dans la rue, les âmes sensibles donnent plus que dans les temples et les mosquées. Avec cette mesure, la situation se corse davantage pour les mendiants. C’est un grand pas que le Sénégal a fait en prenant à bras-le-corps ce problème.

D’autres pays devront aussi emboîter le pas puisque le phénomène ne passe pas inaperçu. Les causes de la mendicité sont nombreuses et la sociologie ne saurait tout expliquer. Le manque de solidarité de la société a fait que des jeunes, et même des personnes âgées, sont contraints de prendre la rue pour ne pas mourir de faim. Mais il y a aussi l’irresponsabilité des parents, chose qui fait que la mendicité ne disparaîtra pas de si tôt.

Justin Daboné

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 27 août 2010 à 08:57 En réponse à : Sénégal : Wade traque l’hydre de la mendicité

    Merci pour l’article. Mais je croyais que le gouvernement Sénégalais avait trouvé une occupation pour les mendiants de son pays surtout que vous avez écrit que ces derniers seront obligés de faire quelque chose de leurs 10 doigts. Mais je constate malheureusement que c’est une loi qui est votée contre eux, les interdisant de mendier dans la rue. En tout cas, je pense que le Gouvernement Sénégalais doit repenser cette loi et trouver des stratégies paliatives, sinon, attention à la recrudescence du grand banditisme !

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