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Roch Marc Christian Kaboré : Qu’il est dur, le métier de dauphin !

Publié le lundi 9 août 2010 à 02h10min

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Question à une rallonge de subvention. Combien de partis politiques y a-t-il au Burkina ? Cent ? Deux cents ? Et combien de politiciens plus ou moins en vue ? Cinquante ? Cent ? Beaucoup plus ?

Dans cette forêt qui grouille de toutes sortes d’espèces, on ne saurait le dire. En l’état actuel du personnel politique burkinabè dont on connaît l’extrême richesse, les hommes d’Etat par contre, ceux qui en ont vraiment l’étoffe, se dénombrent sur le bout des doigts d’une seule main. Nous sommes un peu trop sévère ? Peut-être, mais comptez avec nous, même si certains “recalés”, qui se voient un destin national, nous en voudront de les prendre pour quantités négligeables.

A tout seigneur tout honneur, Blaise Compaoré, bien sûr. On peut lui reprocher tout ce qu’on veut, sauf de ne pas avoir la stature d’un grand dirigeant, acquise au fil de ses longues années d’exercice du pouvoir car le Blaise de 2010 n’est pas celui, loin s’en faut, de 1987. Preuve s’il en est que ça s’apprend et que d’autres aussi peuvent s’exercer.

On peut aussi ne pas blairer Hermann Yaméogo, une espèce de girouette qui suit le mouvement du vent (mais quel homme politique ne l’est pas ?), faisant régulièrement des allées et venues entre les lambris dorés de la République et la diète noire de l’opposition. Qu’à cela ne tienne, il a de l’épaisseur le fils de monsieur Maurice.

On peut également ajouter à cette short list Zéphirin Diabré, qui fait ses premiers pas dans la politique active et qui est, dit-on, promis à un bel avenir. Si ses anciens camarades du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ne s’occupent pas “de son cas”, déjà à l’étude en laboratoire. Il faut clore ce listing pour ne pas le “frelater”.

Un dernier nom nous vient à l’esprit : celui de Roch Marc Christian Kaboré. Ancien patron de la BIB, plusieurs fois ministre, une fois chef du gouvernement, il est depuis quelques années président du CDP et celui de l’Assemblée. A ce dernier titre, il est le dauphin constitutionnel du président du Faso en cas de vacance du pouvoir.

Abstraction faite de cela, dans les faits et dans la pratique, il a la gueule de l’emploi, l’expérience de l’Etat, et le sens de la mesure qui pourraient (devraient ?) servir le moment venu pour succéder au locataire du palais de Kosyam si, en définitive, l’hypothèse François Compaoré n’était pas retenue. Mais ses atouts sont en même temps ses faiblesses.

Car précisément parce qu’il est “le meilleur d’entre eux”, pour paraphraser Chirac au sujet d’Alain Juppé (1), le fils de Charles Bila Kaboré est trop intelligent pour ne pas savoir que ça l’expose. Il ne faut donc surtout pas laisser transparaître le moindre signe de faiblesse, trahir un quelconque intérêt pour le fauteuil suprême, quand bien même il devrait rafler la mise après Blaise et n’a de ce fait pas théoriquement intérêt à ce que l’enfant terrible de Ziniaré pousse des racines à son poste.

C’est dire si Roc(h) doit avoir des nerfs d’acier, contrôler ses moindres faits et gestes, ses propos. Quitte à en faire trop comme cette étrange théorie rochienne selon laquelle “la limitation même des mandats présidentiels est antidémocratique”.

Qu’est-ce qu’il est dur le métier de trapéziste politique et de dauphin, même putatif. Et ce n’est peut-être pas un hasard si dans certaines sociétés traditionnelles, le prince héritier était élevé loin du palais royal, à Guiba (vers Manga) dans le cas du royaume mossi de Ouagadougou. Une façon de le tenir éloigné du trône tant que son père était vivant.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 9 août 2010 à 05:56, par Touk Guilli En réponse à : Roch Marc Christian Kaboré : Qu’il est dur, le métier de dauphin !

    Je pense que Dauphin, ne veut pas dire qu’il faut tout accepter, jusqu’a même faire de grands écarts pour justifier l’injustifiable.

    Baise ne va pas adouber Roch parque ce qu’il a été gentil. Les positions qu’il prend souvent témoignent plutôt d’un manque de caractère que du zèle politique.
    Quand on veut avoir la stature d’un homme politique, il faut montrer que l’on a des convictions et qu’on peut les défendre. Ce n’est pas un long chapelet de diplômes ou de postes politiques qui vous propulserons à Kosyam.

    De toute façon au Burkina on est assez bien parti pour une présidence à vie. Donc s’il a de la patience, du courage à lui. Il doit veiller à sa santé pour pouvoir survivre au fils de Ziniaré.

  • Le 9 août 2010 à 11:18 En réponse à : Roch Marc Christian Kaboré : Qu’il est dur, le métier de dauphin !

    Bel article !!

  • Le 9 août 2010 à 11:19 En réponse à : Roch Marc Christian Kaboré : Qu’il est dur, le métier de dauphin !

    et Me Sankara ?

  • Le 9 août 2010 à 12:32, par rochpaskaboré En réponse à : Roch Marc Christian Kaboré : Qu’il est dur, le métier de dauphin !

    on peut aussi aimer Hermann ou c’est interdit ? Vive UNDD qui a fait le bon choix en étant fidèle à sa demande de réformes de fond et en se mettant de côté de cette élection désespérante qui s’annonce

  • Le 9 août 2010 à 15:38 En réponse à : Roch Marc Christian Kaboré : Qu’il est dur, le métier de dauphin !

    Raisonnement un peu contradictoire car vous dites vous-même que cela peut s’apprendre. Il y a des milions de personnes au Burkina (homme et femme) qui peuvent exercer occuper ce poste, ils ne s’agitent tout simplement pas car les conditions ne sont pas réunies. Imaginez seulement des élections dans un contexte véritablement démocratique : non utilisation des moyens d l’état, financement transparent de la campagne, etc...

  • Le 10 août 2010 à 00:52, par Hess En réponse à : Roch Marc Christian Kaboré : Qu’il est dur, le métier de dauphin !

    L’envie que cet article donne est de poser la question sur vos arguments. Qu’est-ce qui vous permet de dire que « les hommes d’Etat par contre, ceux qui en ont vraiment l’étoffe, se dénombrent sur le bout des doigts d’une seule main. » ?

    Quels sont les critères qui vous permettent de classer les hommes d’État. Niveau d’étude, parcours professionnel, situation familiale, compte en banque, tour de taille, expression orale, charisme... moralité ? Dites et donnez aussi le barème pour chaque critère pendant que vous y êtes !

    C’est un discours lamentable ! Vous faites certainement partie des très très rares personnes qui connaissaient OBAMA avant qu’il n’annonce sont ambition présidentielle devant quelques journalistes sous le froid. Je doute que vous seriez allé à cette conférence de presse !

    Même au sein du CDP les présidentiables sont très nombreux. c’est la peur des represailles qui étouffe les ambitions des uns et des autres.

  • Le 10 août 2010 à 18:01 En réponse à : Roch Marc Christian Kaboré : Qu’il est dur, le métier de dauphin !

    Constitutionnellement oui dans la situation actuelle on voit Roch mais sachez que leur parti regorge suffisamment de grosses tête pour gérer le pays au cas où. Mais ne nous excitons pas pour rien puisque après Blaise il n’y aura même plus de Burkina faso ; vous pensez que quoi ? Le Burkina c’est Blaise et Blaise c’est le Burkina et il n’y a pas l’un sans l’autre, voilà un peu la conception qu’il faut avoir de ce pouvoir.

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