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MOUSSA MICHEL TAPSOBA, PRESIDENT DE LA CENI : "Le Burkina a opté pour la qualité et non le volume"

Publié le mercredi 4 août 2010 à 01h03min

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Il y a de nombreux débats dans l’opinion publique sur l’élection présidentielle à venir. Entre ceux qui demandent le report et ceux qui réclament le vote avec l’acte de naissance, qu’en pense la structure qui organise les élections au Burkina ? Pour le président de la CENI, Moussa Michel Tapsoba, que nous avons rencontré le lundi 2 août dernier, il n’est pas possible de revenir à l’acte de naissance. Si cela advenait, il ne serait pas possible de tenir le scrutin présidentiel à bonne date, prévient-il.

Le Pays : Monsieur le président, dans quelles conditions se prépare l’élection présidentielle ?

Moussa Michel Tapsoba : Je voudrais dire que le scrutin présidentiel de novembre prochain se prépare de la même manière que les autres. Nous avons établi, avant le début du processus, un chronogramme de travail qui décrit les tâches à exécuter quotidiennement jusqu’à la proclamation des résultats définitifs. Dans ce chronogramme, en dehors de la partie réservée au croisement des données entre la CENI et l’ONI, qui était prévu dans la première semaine du mois de juin et qui est reporté au milieu du mois d’août, tout le reste se déroule normalement.

Il y a beaucoup de débats actuellement sur le processus électoral. Selon certaines informations, le travail fait par les agents recenseurs a connu des difficultés, notamment les numéros des CNIB. Qu’en est-il exactement ?

Le gouvernement a décidé du recensement électoral au mois de mars (du 1er au 21 mars) pour la première phase et la 2e de 10 jours par la suite. Nous avons donc à cet effet, déployé toute la logistique pour collecter les informations sur les futurs électeurs. Nous avions un agent recenseur dans chaque village du Burkina et dans les secteurs des villes. Ils avaient pour mission de collecter les identités des futurs électeurs et surtout les références des pièces que les intéressés devaient présenter.

En ce qui concerne la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB), il y a 17 chiffres. Les agents recenseurs, qui ne sont pas toujours d’un niveau extraordinaire, ont quelque- fois oublié certains chiffres. Au moment du traitement informatique, nous nous en sommes aperçus. Et comme nous avions pris le soin de prendre les contacts de tous les agents recenseurs, chaque fois que nous avons rencontré une difficulté, nous avons renvoyé le registre sur le terrain et nous avons convié l’agent recenseur à reprendre contact avec ceux qui s’étaient inscrits. En ville, nous avons eu moins de problèmes de ce côté parce que nous avions un personnel d’un niveau suffisant pour faire ce travail de collecte. Dans tous les cas, quand nous allons constituer le fichier brut, nous avons prévu de l’afficher afin que chacun vérifie et fasse corriger les petites distorsions qui se seraient glissées dans la collecte de leur identité.

"Il n’est pas possible d’improviser"

La FEDAP/BC propose le vote avec l’acte de naissance en évoquant les problèmes que les populations ont à se faire établir ou à retirer leur CNIB. Cela est-il faisable ?

J’ai suivi comme vous ce genre de déclarations dans la presse. Je dois dire que c’est ignorer totalement les dispositions légales en ce moment. Depuis Janvier 2010, le Code électoral a été relu et nous avons bâti notre travail sur cela si bien qu’il n’est pas possible aujourd’hui d’improviser et de changer les pièces qu’il faut utiliser pour le scrutin. Si une telle décision était prise, cela voudrait dire que tout le travail que nous avons abattu est à jeter et qu’il faudrait repartir à zéro.

Qu’adviendrait-il si une telle décision était prise ? la CENI pourrait-elle travailler ?

Nous travaillerons toujours. Toutefois, nous allons présenter les conséquences, c’est-à-dire recommencer à zéro. A ce moment, l’élection ne pourra pas se tenir à bonne date. Et le politique devra de ce fait, prendre ses responsabilités tout au long du processus.

Quelle solution faudrait-il alors trouver pour que les Burkinabè puissent avoir leurs CNIB et puissent voter massivement ?

Si le Burkina a décidé qu’on ne votera qu’avec la CNIB ou toute autre pièce qui a une photo (le passeport ou la carte militaire), c’est parce qu’il a opté pour la qualité du fichier et non pour le volume. Il n’y a pas à s’offusquer du volume du fichier après le croisement avec l’ONI. Nous avons choisi d’avoir un fichier de qualité qui va se consolider au fur et à mesure qu’on avancera dans les scrutins. De toute façon, le volume du fichier sera le résultat du travail des partis politiques. S’il y a, par exemple, 600 mille personnes sur le fichier, cela veut dire que l’ensemble des 150 partis ne mobilisent que ce nombre là.

Votre dernier mot pour terminer.

J’ai entendu beaucoup de leaders politiques commencer à parler de la qualité du fichier électoral. Mais le fichier électoral n’existe pas encore. C’est peut-être par manque de sujets de débats. Et pourtant, en tant que Burkinabè, j’aurais bien voulu voir dans la presse que des partis politiques d’une même obédience se sont retrouvés pour élaborer un programme commun de gouvernement ou présenter aux électeurs leur projet de société. On ne voit rien de tout cela. On s’attaque à des choses qui n’existent pas. Nous sommes en train de constituer le fichier électoral et quand il sera prêt, tout le monde sera informé. Ceux qui ont pu s’inscrire sur nos listes doivent déployer tous les efforts pour avoir leur CNIB. C’est d’ailleurs exprès que nous avons reculé la date du croisement de notre fichier avec celui de l’ONI, pour permettre à ceux-ci d’être pris en compte.

Propos recueillis Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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