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Présidentielle 2010 : Allégeances au Blaiso ou soutien à la mouvance ?

Publié le lundi 2 août 2010 à 01h03min

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Malgré les gros nuages qui pèsent sur le taux de participation au scrutin présidentiel du 21 novembre prochain, les cartes se dévoilent dans ce qu’il convient d’appeler la mouvance présidentielle. Même si le Blaiso national a feinté tout le monde en allant dévoiler son intention de candidature par média interposé, en France, et que, de surcroît, il aurait désigné son directeur de campagne sans consulter les gourous du giga-parti au pouvoir, chacun se positionne pour ne pas se faire oublier. Comme personne ne veut être le canard boiteux qui arrive tard à la rivière, les leaders des partis politiques regroupés autour de la soupe présidentielle jouent des coudes pour demeurer le plus près possible du bord de la « mangeoire ». Qui est fou ?

C’est un secret de Polichinelle que d’affirmer que le candidat-président n’a pas vraiment besoin de tous les yo-yo de soutiens qui s’agitent pour se faire réélire le 21 novembre prochain. Avec les adversaires de poids plume qu’il aura en face, on n’a pas besoin d’aller consulter les marabouts de Ramatoulaye. En revanche, ceux qui veulent garantir leur présence dans le cercle présidentiel doivent « mouiller le maillot ». Et tous les moyens sont bons à cet effet, quitte à tremper son maillot dans l’eau pour ne pas perdre la face. Officiellement, l’Alliance pour la mouvance présidentielle (AMP) compte une trentaine de partis politiques qui sont supposés parler le même langage derrière leur champion.

Mais la mouvance est aussi mouvante que les sables du Sahel. Les différents leaders sont d’accord sur leurs désaccords - comme dans l’opposition -, là aussi, on préfère être la tête d’un rat que la queue d’un lion gourmand et insatiable. Quand on met une main à la pâte, on veut être aussi sûr d’avoir l’autre dans le plat.
En clair, la logique de l’alignement n’est pas la chose la mieux respectée dans la course à la soupe. Aussi surprenant que saugrenu, des partis se réclamant de la mouvance présidentielle ont déjà officialisé leur soutien au candidat virtuel que demeure toujours Blaise Compaoré. L’Alliance nationale pour le développement/Parti de la justice sociale (AND/PJS) d’Alphonse Bonou et l’Union pour la république (UPR) d’Abel Coulibaly se sont déjà alignées pour soutenir le candidat-présidentiel. Option stratégique ou volonté de ravir la vedette au giga-parti au pouvoir qui tient son congrès les 6 et 7 août prochains ?

L’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) a eu la subtilité de programmer son congrès pour les 14 et 15 août, soit une semaine après celui du giga-parti. Mais il est quasiment sûr qu’il ne sortira pas autre chose des trompes du « parti de l’éléphant » qu’un soutien massue à la candidature de Blaise Compaoré. En effet, s’il est vrai qu’on ne change pas une équipe qui gagne, Me Gilbert Noël Ouédraogo et ses camarades ne semblent pas prêts à débarquer d’un bateau présidentiel qu’ils ont fini par rejoindre officiellement avec armes et bagages. Surtout pas au moment où l’opposition est décidée à leur en faire boire le calice jusqu’à la lie.

Dans le fourmillement des partis qui soutiennent ou s’appuient sur l’aura du président, il est visiblement difficile de savoir qui donne le ton. Même si, officiellement, c’est Simon Compaoré (vice-président du CDP) qui assure la présidence de l’AMP, tout porte à croire qu’il s’agit plus d’un panier de crabes que d’un véritable mouvement unifié. Que voulez-vous ? Lorsque l’essentiel de ce qui unit tous ces partis ne tient qu’à l’allégeance à un homme et non à une véritable stratégie ou programme politique, on ne peut s’attendre qu’au spectacle du « Ote-toi que je m’y mette » auquel certains leaders nous ont du reste habitué.

Tout compte fait, on peut dire que la guerre de positionnement autour du Blaiso national est ouverte. La présidentielle n’ayant plus véritablement d’enjeu, tout va se jouer dans le score que chaque clan espère faire faire au candidat-président. Blaise Compaoré peut dormir tranquille. Les nombreux soutiens qu’il compte aussi bien au sein des partis politiques que des organisations de la société civile et des chefs coutumiers vont se battre pour lui - au propre comme au figuré. On n’attend plus qu’il donne le coup d’envoi pour que ceux qui hésitent encore s’engagent dans l’arène. Les uns contre les autres s’il le faut. L’essentiel est d’attirer l’attention et surtout de se maintenir dans les bonnes grâces du « médaillé de gloire ».

F. Quophy

Journal du Jeudi

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