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REPRESENTANT DE L’OPPOSITION A LA CENI : La sagesse l’a emporté

Publié le vendredi 23 juillet 2010 à 01h08min

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Il était urgent de mettre fin à cette guéguerre naissante entre le gouvernement et l’opposition à propos de la nomination du représentant de cette dernière à la CENI (Commission électorale nationale indépendante) en lieu et place du représentant de l’ADF\RDA dont le parti a fait allégeance, entre-temps, au pouvoir. Le gouvernement a attendu l’ultimatum de l’opposition, lancé le 12 juillet dernier, pour réagir.

En effet , c’est deux jours après cet ultimatum fixé au 19 juillet que l’on a appris que le gouvernement allait trancher ce contentieux qui n’avait que trop duré. L’opposition n’aura donc plus besoin de mettre à exécution sa menace de boycott des activités de la CENI. Car le Conseil des ministres du 22 juillet dernier a nommé par décret le représentant de l’opposition en la personne de Wilfried Bako. La hache de guerre est donc enterrée et l’opposition rétablie dans ses droits. Cependant, cet épisode, malgré son dénouement heureux, met en évidence une certaine façon de gérer les affaires publiques faites d’inconséquence politique. Jusqu’au citoyen lambda, tout le monde s’attendait à ce que l’ADF/RDA, en gentleman, renonce à son poste de commissaire parce qu’ayant changé officiellement de bord. L’abandon du poste de commissaire devait couler de source conformément à la nouvelle orientation du parti.

C’était sans compter avec les calculs politiciens des uns et des autres. Le ministère de l’Administration territoriale et de la décentration qui avait en charge la gestion de ce dossier est resté trop longtemps silencieux pour ne pas éveiller le doute sur sa neutralité. On a vu toutes les difficultés que le parti de l’éléphant a éprouvées suite à son ralliement à la mouvance présidentielle pour intégrer les démembrements de la CENI qui, eux, ne sont pas permanents. Et il est donc compréhensible qu’il ne veuille pas céder un poste pour lequel, un certain vide juridique plaidait en sa faveur.

Cette crise montre à quel point les partis politiques tiennent à être représentés à la CENI, au-delà même des avantages liés au statut de commissaire. Ce grand parti qu’est l’ADF/RDA,- c’est le second parti en terme de députés à l’Assemblée nationale-voulait donc vaille que vaille y avoir quelqu’un qui veillerait sur ses intérêts. La manœuvre semble avoir bien marché puisqu’au finish, le représentant contesté de l’ADF/RDA n’est finalement pas parti. Il s’est revêtu des habits neufs et légitimes de mouvancier. Le même décret qui nomme le représentant de l’opposition le nomme à nouveau au titre de la majorité.

Le pouvoir et ses alliés ont dû sacrifier un des leurs afin que l’ADF/RDA ne perde pas la face. C’est peut- être une indication sur le poids réel de ce parti au sein de la majorité et du rôle qu’il aura à jouer dans les prochaines joutes électorales aux côtés du parti majoritaire, le CDP. Si l’opposition peut s’enorgueillir d’avoir arraché son poste de haute lutte, on ne peut surtout pas dire que l’ADF/RDA a perdu dans cette affaire. Bien au contraire,ce parti est arrivé à s’imposer au sein de la majorité au détriment d’autres partis politiques de la mouvance.

Par Abdoulaye Tao

Le Pays

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