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Ram Ouédraogo aurait-il craché dans la soupière d’hier ?

Publié le mardi 20 juillet 2010 à 01h20min

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L’élection présidentielle du 21 novembre vient d’enregistrer un forfait, si on peut l’appeler ainsi. Ram Ouédraogo, le candidat du RDEBF s’est désisté. Comme son retrait de l’opposition il y a quelques mois, ce désistement apparaît comme un non évènement. Un désistement venant de celui qui a accompagné le Président Blaise Compaoré lors de la présidentielle de 1998 alors que le reste de l’opposition avait sonné le boycott, cela s’apparente ni plus ni moins à une sorte de crachat dans la soupière d’hier.

A quelques exceptions près, on peut dire que la situation actuelle ressemble à celle que le pays traversait dans les années 1996 - 97 où le parti au pouvoir dictait sa loi à qui il voulait. Personne à l’époque n’avait pu l’empêcher de charcuter la Constitution en la délestant de la clause limitative des mandats présidentiels. Pris en otage dans un engrenage d’où elle n’avait aucune chance de se sortir, l’opposition politique n’avait eu d’autres recours que de boycotter l’élection présidentielle de 1998. Il aura fallu attendre les évènements tragiques de Sapouy pour donner un bol d’oxygène à une opposition qui avait, sans cesse, été ballotée de toute part par une majorité désireuse d’accaparer tout. L’inouïe chance qui avait été donnée à l’opposition pour obtenir de profondes reformes durables avait été mal exploitée par une partie de cette opposition.

Mieux que quiconque, Ram Ouédraogo sait pertinemment pourquoi les choses n’ont pas « marché » comme l’avait espéré le peuple burkinabè tout entier. Il le sait pour avoir fait partie de ceux qui, à un moment, ont flirté avec le pouvoir en place. Dans un appel encyclopédique, il dresse le bilan du camp présidentiel tout en se payant, au passage, la tête de certaines personnalités comme Oumarou Kanazoé. Mais seulement, il a manqué une autocritique de sa part, au moins sur le rôle qu’il a pu jouer dans l’échec du processus actuel. Il y a toujours quelque chose d’excitant lorsque des amis d’hier se tirent dessus après le divorce. A lire les propos de Ram Ouédraogo, on s’aperçoit qu’il vient de se rendre compte de la nature véritable du pouvoir en place.

C’est bien trop tard pour Ram

C’est bien dommage que Ram se soit rendu compte de la nature véritable du pouvoir aussi tardivement. Il se pose les questions de savoir ce qu’il adviendra du Burkina après la présidentielle de 2015. C’est curieux qu’il s’en soucie maintenant, alors que le peuple le fait depuis plus de dix ans. L’élection dont Blaise est sorti vainqueur sans péril, ni gloire a été justement renforcée par sa participation . Il fait lui-même bien de dire que l’élection de 1991 avait été une « bérézina » et oublie quelque peu d’insister sur le boycott massif qui avait précédé cette élection.

L’élection de 1998 n’offrait pas non plus des garanties d’équité et de transparence mais là, Ram n’y trouva rien à dire. Il fut en tout cas le seul à tirer des dividendes de sa participation à cette élection. Que se serai-t-il passé si Blaise Compaoré avait accepté de recevoir Ram Ouédraogo à chacune des sollicitations de ce dernier ? Nous serions retombés dans les mêmes situations que celles de l’après 13 décembre 1998. Tout le monde avait vu dans l’attitude du pouvoir une stratégie de gagner du temps afin de sortir de la crise consécutive aux évènements de Sapouy. Dire que l’article 37 de la Constitution ne peut plus être modifié parce que nous sommes à cinq mois de la présidentielle n’est pas une victoire ou un sursis pour le peuple. La victoire ne sera que lorsque cet article sera sanctuarisé et à moins d’un refus total du peuple, rien ne pourra freiner le CDP dans ses ambitions.

Le CDP n’est pas dans une logique de course contre la montre dans sa volonté de modifier l’article 37, s’il décide de foncer, il foncera. Ce n’est nullement avec l’aide de Ram Ouédraogo que le peuple s’en sortira. Les Burkinabè ont besoin de connaître l’alternative que leur offre le choix du RDEBF et non la nature des relations qui existent entre le président de ce parti et Oumarou Kanazoé. Même s’il est plutôt connu pour être un opérateur économique, Oumarou Kanazoé n’a jamais caché l’affection qu’il porte au régime de Blaise Compaoré. Nous doutons qu’il accepte accorder ses largesses à l’opposition politique. Ce serait en fait lui demander de scier la branche sur laquelle il est lui-même assis. Que dire des propos de Ram sur François Compaoré, le frère du Président du Faso ? Y aurait-il un plaisir à lui serrer les mains, si augustes soient-elles ? La démarche de Ram à travers l’appel qu’il dit lancer au peuple est assez confuse.

D’un côté il tire sur le système en place, en oubliant qu’il a contribué à le réconforter lorsqu’il était en mal, et d’un autre côté, il souhaite bénéficier des largesses des bras financiers de ce même pouvoir. Oumarou Kanazoé et les autres barons du régime n’ont-ils pas le droit de trier les bénéficiaires de leurs largesses ? Ram Ouédraogo a été ministre d’Etat après le drame de Sapouy. Il était même chargé de la mise en œuvre des recommandations sur la réconciliation nationale. Il y a eu des reformes mais elles comportaient des lacunes. Ce n’est pas une surprise si elles ont montré leur limite. Sans vouloir nous redire, nous pensons qu’il doit assumer une partie de la responsabilité de cet échec. Cela encore plus dans la mesure où il s’en était fait le défenseur. Il aurait été plus juste de sa part de faire son autocritique et de laisser le peuple juger de lui-même.

C.F

L’Indépendant

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2010 à 06:50, par L’INQUISITEUR En réponse à : Ram Ouédraogo aurait-il craché dans la soupière d’hier ?

    TRES BONNE ANALYSE, IL FAUT SAVOIR QUE RAM LE RAMEUR RAMERA TOUJOURS VERS SON TUBE DIGESTIF LES CINQ DOITS COLLES ET SCOTCHES A SON VENTRE.

  • Le 20 juillet 2010 à 06:52 En réponse à : Ram Ouédraogo aurait-il craché dans la soupière d’hier ?

    C’est pas RAM, c’est les journalistes qui lui permettent de figurer dans les journaux. Il n’est rien et il ne sera rien sauf la traitrise. qu’il prouve qu’il a cent (100) militants intellectuels dans son parti. quand il a un congrès il part ramasser des necessités dans les quartiers pour figurer.Ce type c’est la honte. qu’il parle, mais peuple burkinabè ignorer le car il veut encore la soupe.Trop tard plus rien pour toi.

  • Le 20 juillet 2010 à 07:39, par Boudo En réponse à : Ram Ouédraogo aurait-il craché dans la soupière d’hier ?

    Cela ne doit pas constituer un évènement parce que ce sont ces soi disant opposants qui ont démobilisé le peuple et semé le doute envers notre soi disant démocratie. Les Burkinabès savent que ces gens ne doivent pas rentrer dans l’histoire.

  • Le 20 juillet 2010 à 08:52, par thor En réponse à : Ram Ouédraogo aurait-il craché dans la soupière d’hier ?

    Quand on parle d’opposition, lui là je l’ai jamais calculé. Je me dis que tantôt les médias se fatiguent pour quelqu’un comme lui. Adios RAM

  • Le 20 juillet 2010 à 09:05, par Master En réponse à : Ram Ouédraogo aurait-il craché dans la soupière d’hier ?

    Excellente analyse, Mr Ram ne peut pas passer tout le temps à tromper le peuple pour avoir son gombo. Honnêtement entre nous si je dois exercer mon droit citoyen pour une quelconque élection entre Blaise COMPAORE et Ram OUEDRAOGO, je vote pour COMPAORE, c’est le moindre mal.

  • Le 20 juillet 2010 à 11:40, par Pougrawa En réponse à : Ram Ouédraogo aurait-il craché dans la soupière d’hier ?

    Votre analyse me paraît bien à propos et je vous remercie pour le courage que vous avez eu - car il en faut- pour se pencher sur cette déclaration. Un non événement.

  • Le 20 juillet 2010 à 16:41, par GUNT En réponse à : Ram Ouédraogo aurait-il craché dans la soupière d’hier ?

    Les retournements de veste de l’impresario ont fini par blanchir toutes les faces de son costume déjà très mal taillé.
    Il fait vraiment pitié ce type sans charisme comme ces centaines de soient disant opposants qui arpentent les couloirs du palais la nuit et tentent de nous endormir le jour. Il doit être certainement le seul à croire encore à ce qu’il dit. Je propose à tous ces opposants de créer un vaste mouvement dénommé « convergences vers la soupe »

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