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Bénin : Du danger des accointances politico-religieuses

Publié le vendredi 9 juillet 2010 à 02h13min

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Quelques jours après le dernier remaniement ministériel, activité dans laquelle le pouvoir du président Yayi Boni fait figure de champion, le gouvernement béninois vient encore de connaître un petit lifting, ou plutôt un départ de taille : le congédiement du ministre de l’Intérieur Armand Zinzindohoué. Celui qui vient de passer à la trappe n’est pas n’importe qui, car c’est un fidèle du chef de l’Etat et il doit cette disgrâce au fait qu’il serait mêlé à un détournement de gros sous. Armand Zinzindohoué était un ministre pasteur, qui était au devant de la société ICC services, une société de placement d’argent.

Il s’agit en fait d’un conglomérat d’églises évangéliques et d’ONG converties en institutions financières qui prétendaient effectuer des placements dont le taux d’intérêt serait à 3 chiffres. En limogeant son ministre et coreligionnaire, le président Yayi Boni pose un acte à saluer, mais cette affaire aux allures de Maddof sous tropiques repose la problématique du gain facile. 100 milliards de FCFA, une somme qui donne le trounis, c’est le trou béant constaté après les enquêtes d’usage, un préjudice qui touche plus d’un million de personnes.

Ce détournement d’argent via des activités religieuses conforte en partie l’idée de Karl Marx selon laquelle la “religion est l’opium du peuple”. Il est des moments, comme dans ce cas béninois, où on a la fâcheuse impression qu’on exploite éhontement la naïveté et la misère des populations. C’est bien connu, la pauvreté est un terreau sur lequel prospère le prosélytisme religieux.

Ce fait divers béninois, qui touche un domaine aussi délicat que la religion, remet au goût du jour les rapports entre l’argent et les lieux de culte. Certes, l’argent est indispensable de nos jours pour vivre, mais argent et foi font souvent mauvais ménage. Les Ecritures saintes ne nous enseignent-elles pas qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois ? Les mêmes Ecritures font cas de Jésus-Christ qui a chassé les marchands hors de l’Eglise.

Mais ce départ d’Armand Zinzindohoué ne vas pas secouer seulement les Eglises évangéliques béninoises, son retentissement dans le lanterneau politique se fera également sentir. L’ex-ministre de l’Intérieur faisait partie du premier cercle de l’actuel locataire du palais de la Marina. Homme des réseaux dont les ramifications touchaient aussi bien les temples, les religions traditionnelles que les états-majors politiques, il savait faire le marketing politique de son patron et rendre les coups aux adversaires du régime.

Il a été l’artisan des contre-marches pour étouffer l’impact de celles que faisaient les opposants. Yayi Boni perd donc un précieux combattant politique, même si l’intéressé a encore du répondant et peut être redéployé ailleurs. En tout cas, à 8 mois de la présidentielle, le président sortant a du souci à se faire face à l’Union fait la Nation (UN), qui a désormais son porte-étendard en la personne d’Adrien Houngbedgi.

Avec un bilan mitigé et de nombreux déçus du parti Cauris, la coalition de formations politiques qui bataillent pour la réélection de l’actuel président semblent ne plus faire le poids. Si on ajoute l’énigme Abdoulaye Bio-Tchané qui, bien qu’il ne fasse pas mystère d’une probable candidature, reste toujours officiellement tapis dans le bois, ce couac politico-financio-religieux n’arrange vraiment pas l’ex-président de la BOAD, dont l’ardent désir est de rempiler pour un second mandat.

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 9 juillet 2010 à 12:00 En réponse à : Bénin : Du danger des accointances politico-religieuses

    Yayi Boni, le plus bwaba du benin n’ a qu’a faire un tour dans certains pays de la sous- region pour apprendre la science des elections. L’ important n’est pas qui vote mais qui compte les voix. En somme, une democratie tropicalisee, quoi !

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