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ALTERNANCE POLITIQUE AU MALI : Les héritiers de ATT en ordre de bataille

Publié le mardi 6 juillet 2010 à 01h48min

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L’élection présidentielle au Mali est prévue en 2012. Mais déjà, le landerneau politique s’agite. Une guerre de positionnement est en cours. L’après-ATT a déjà commencé. L’homme sera frappé d’inéligibilité en 2012 après son second mandat, conformément aux termes de la Constitution malienne. Si bien que ce départ annoncé a été confirmé par le président malien himself, histoire de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui seraient tentés de lui faire ingurgiter la "tandjanite" afin qu’il poursuive ses chantiers.

En démocrate et en homme de parole, il se retirera et passera le témoin. L’histoire lui a déjà grandement ouvert ses portes un jour de mars 1991 lorsqu’ il a renversé le pouvoir du président Moussa Traoré, organisé une transition démocratique et remis le pouvoir aux civils. Populaire et sans parti politique, l’homme reviendra aux affaires en 2002, porté par un mouvement citoyen et un regroupement de partis politiques. Le contrat, après deux mandats, arrive à son terme et ses soutiens s’interrogent sur leur avenir politique. Ceux qui se réclament de lui, ses héritiers, sont à la recherche de la parade qui leur permettra de continuer l’œuvre, c’est-à-dire garder le contrôle du pouvoir.

Ce ne sera pas une tâche facile, car les professionnels de la politique au Mali, que sont, entre autres, IBK du RPM (Rassemblement pour le Mali), Soumaila Cissé de l’URD (Union pour la république et le développement) ou Dioncounda de l’ADEMA (Alliance pour la démocratie au Mali) n’entendent plus se laisser damer le pion par un candidat "indépendant". Ils avaient tous plus ou moins soutenu l’actuel président, mais chacun d’eux estime aujourd’hui que son heure est enfin arrivée. C’est pour cette raison que la formalisation du mouvement citoyen qui a porté le président ATT au palais de Koulouba est vue d’un très mauvais œil par les partis politiques traditionnels. Par réalisme politique ou par pure stratégie, certains partis politiques avaient préféré accompagner le libérateur que de l’affronter avec la certitude de se faire battre à plate couture. Maintenant, qui prendra son relais ?

Quel est l’homme emblématique qui sortira des rangs de ce nouveau parti, capable d’affronter les vieux caïmans de la mare politique malienne ? On n’en voit pas actuellement, même si le bilan du président sortant pourrait être un atout dans la campagne à venir pour cet hypothétique candidat. Mais, sont-ils vraiment les seuls héritiers de ATT ? Rien n’est moins sûr. Parce que certains partis politiques qui l’ont soutenu dans la mise en œuvre de sa politique pendant ses deux mandats, pourraient eux aussi se réclamer du bilan de l’homme pour des besoins de campagne.

ATT a certes donné son assentiment pour la création du parti, mais rien ne dit qu’il sera un acteur déterminant pour la suite des événements. On a vu l’éclipse de Alpha Omar Konaré, son prédécesseur au palais de Koulouba. Il s’est abstenu de tirer les ficelles depuis sa maison de retraite. On espère que ce sera le cas pour ATT qui laissera ainsi sa chance à chaque candidat pour assurer le relais. Comme Alpha Omar Konaré, ATT partira sans regrets, ni haine avec la conviction d’avoir tout donné pour sortir son pays de la pauvreté, avec la certitude aussi qu’il ne peut pas tout faire. C’est tout le charme de l’alternance en politique, au sein d’un parti comme à la tête d’un pays.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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