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« Couleurs du Burkina Faso » met le cap sur Koudougou et Ouagadougou

Publié le vendredi 2 juillet 2010 à 22h17min

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Ahoua Yaméogo

Après Banfora et Bobo-Dioulasso, l’exposition itinérante intitulée « Couleurs du Burkina Faso » s’arrête cette semaine à Koudougou (du 3 au 9 juillet à la DREBA-CO), elle sera ensuite du 11 au 25 dans la capitale burkinabè (Résidence hôtelière la palmeraie). Pour l’occasion nous avons rencontré l’artiste plasticienne Ahoua Yaméogo, à l’initiative du projet. Artiste peintre burkinabè, elle nous explique ici les raisons qui l’ont poussée à se lancer dans ce type de manifestation.

Lefaso.net : Vous présentez actuellement l’exposition « Couleurs du Burkina Faso », pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette initiative ?

Ahoua Yaméogo (A. Y.) : « Couleurs du Burkina Faso » est une exposition itinérante qui a commencé à Banfora, puis à Bobo-Dioulasso avant de rejoindre Koudougou et de finir à Ouagadougou. L’objectif de cette exposition est double. Nous voulons d’une part aller vers les populations Burkinabè, pour faire connaître les arts plastiques et en particulier la peinture qui reste souvent méconnue. C’est dans ce cadre que j’ai invité trois autres artistes à exposer avec moi : Bebgnandé Zongo, Hyacinthe Ouattara et Eynonom Dackey. Mais l’exposition est aussi l’occasion de toucher un public jeune, et peut-être de susciter de nouvelles vocations. C’est donc une contribution à la promotion de la culture et notamment de la peinture au Burkina Faso.

Comment expliquer vous justement cette méconnaissance de la peinture au Burkina ?

A. Y. : Je ne suis pas capable de l’expliquer mais le constat est là. En matière d’arts plastiques, la peinture est méconnue. Quand je vais vers les populations pour présenter mes œuvres, les gens me disent souvent qu’ils ne connaissent pas la peinture, que ce n’est pas dans leurs habitudes, dans leur culture. Pourtant même si les supports ont pu changer avec le temps, je suis convaincue qu’il y a toujours eu des artistes au Burkina. Si l’exposition peut améliorer la situation, notamment auprès des plus jeunes, ce sera déjà une réussite.

Vous nous avez dit souhaiter toucher les plus jeunes, par quels moyens ?

A. Y. : En effet, les jeunes sont vraiment une cible privilégiée pour moi. Voilà pourquoi nous proposons, en marge de « Couleurs du Burkina Faso », une formation en peinture aux enfants qui le souhaitent. Il leur suffit pour cela de venir se présenter sur le lieu de l’exposition. Par ailleurs, dans chacune des villes que nous traversons, dix d’entre eux sont retenus pour travailler sur une toile qui est ensuite offerte au gouvernorat.

Après les deux premières étapes (Banfora et Bobo-Dioulasso), quels sont les retours sur cette initiative ? Avez-vous déniché de jeunes talents ?

A. Y. : On ne peut pas affirmer que nous avons déniché des talents dans la mesure où moi-même qui suis la promotrice, je n’ai pas la prétention d’être une artiste talentueuse. Je sais simplement que je suis une femme qui aime la peinture, qui continue toujours d’apprendre. Ce que je connais, j’essaie simplement de le partager avec les plus jeunes.

Je peux néanmoins d’ors et déjà vous dire qu’il y a de l’engouement autour de ce projet. Ce qui me touche le plus, ce sont les parents qui emmènent leurs enfants et demandent si l’exposition sera suivie et aura des retombées. Cela veut dire que nous avons d’une certaine manière atteint notre objectif. On a aussi pu rassurer certains parents en leur montrant que le penchant de leur enfant peut les conduire à un métier comme un autre et qui permet de vivre aussi bien qu’un autre.

Comment vous est venue cette idée d’un sentier itinérant intégrant les enfants ?

A. Y. : Le problème de l’enfance me touche personnellement. Pour ma part j’ai eu une enfance très heureuse entourée de parents qui m’ont éduqué dans la rigueur mais avec énormément d’amour. Quand je constate qu’aujourd’hui l’amour est devenu un luxe pour des enfants, quand je vois des enfants qui trainent dans les rues, quand je vois qu’on envoie des enfants à la guerre… Il y a tellement de souffrance autour de l’enfance que je ne peux pas rester indifférente. Je suis persuadée que l’art peut apporter beaucoup aux enfants, c’est une manière pour moi d’essayer d’agir pour améliorer la situation.

Quelle suite souhaitez-vous donnez à cette expérience ?

A. Y. : En dehors des expositions que je fais régulièrement, j’entends suivre ces enfants rencontrés dans les provinces que nous avons traversées. J’aurais pu partir dans d’autres provinces l’année prochaine mais je préfère repartir sur les traces, rester en contact avec ces jeunes et consolider les acquis. Je serai donc normalement de retour bientôt.

Propos recueillis par Céline Landreau

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 juillet 2010 à 19:47, par Raninni En réponse à : « Couleurs du Burkina Faso » met le cap sur Koudougou et Ouagadougou

    Si la promotion des artistes interesse peu l’Etat,il faut bien que les premiers concernes s’y mettent.Mais je voudrais faire une remarque pour les publicateurs des articles sur l’art.Montrez en priorite les oeuvres en lieu et place des portraits des artistes.La vraie identite de l’artiste c’est bel et bien son oeuvre.Bon courage a nos artistes peintres.

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