Bibèga ou l’enfant prodige de Dassasgho en surprend plus d’un. Pendant que le cinéma s’implante dans hameaux les plus reculés du pays, lui cherche à ressusciter le conte. Cet art traditionnel, voire ancestral qui l’a tant fasciné depuis sa tendre enfance. Cette fascination lui permet de naviguer aujourd’hui dans la cour des grands. D’amateur, il y a peu, Bibèga est passé conteur professionnel depuis 2009.

Des soirées de comptes, encouragées par le premier responsable de la troupe de la fraternité de l’espace Gambidi. Et le voilà conteur. De plus en plus il y prend goût. Il ne tarde pas à franchir un autre pallier, en rejoignant le « Roseau de Wemtenga » où l’ensemble des conteurs de la ville de Ouagadougou se retrouvent tous les derniers mercredi du mois pour se jauger. Un autre challenge pour le jeune conteur. Pari réussi pour le fils prodige.

Après le Roseau, Bibèga a bénéficié de plusieurs autres formations notamment dans le cadre du festival de conte annuel « Yéleen ». Il a même été programmé en décembre 2009 en tant que conteur professionnel à ce festival. Ce qu’il qualifie d’ailleurs de plus belle expérience de sa carrière de conteur. Pour atteindre ce stade, il a fallu à Willy des nuits blanches d’auto-formation. Il a également bénéficié des conseils avisés d’autres conteurs de renom tels que le célèbre ivoirien Taxi Compteur, passé maître dans cet art ou encore la française Françoise Diep. « Le conte ne s’improvise pas », prévient Wilfrid Ouédraogo à ceux qui souhaiteraient s’y aventurer.

D’abord le théâtre

Willy jouait déjà dans Zémstaaba, une troupe amateur de son quartier. Mais, sa vie d’homme de théâtre démarre réellement en 2000 grâce à un projet dénommé « culture de quartier ». L’enfant prodige passe haut la main ce casting en compagnie de cinq autres jeunes burkinabè et six suisses. « C’est de là qu’est partie mon théâtre », précise-t-il. Ce groupe monte alors la troupe Ripopée qui joue à Ouagadougou puis à Génève en Suisse. N’étant pas satisfait de son parcours scolaire, Bibèga marque un arrêt, une interruption de cinq ans, pour reprendre ensuite ses études. Puis, il travaille dans une institution financière quelques temps. Mais, une fois de plus, il succombe à sa passion. Retour sur la scène en 2005. Et là, l’enfant prodige atterrit dans la troupe de la fraternité du Pr Jean-Pierre Guingané.

Des prédispositions pour le théâtre, il les avait… jusque dans les veines peut-être. D’ailleurs Bibèga était cet élève qui faisait rire tous ses camarades et même ses professeurs. Il se traçait déjà une destinée sans en avoir conscience. Wilfrid aime être vu sur les écrans et se frotter au monde entier avec des réalités différentes. Ce sont là quelques unes des motivations du comédien.

Le chemin est encore long et tortueux. A 30 ans, Bibèga aspire représenter le Burkina dans les grands festivals internationaux. Son idole : le regretté Sotigui Kouyaté, une icône du cinéma et du théâtre burkinabè. Bibèga et ses camarades souhaitent porter haut le flambeau du pays des hommes intègres. Pour y arriver, ils ne demandent qu’une chose au public. « Venez au théâtre », implore-t-il. Cela aura le mérite de mettre fin à certains préjugés sur le théâtre et sur ceux qui le pratiquent. « C’est un art, un vrai », conclut-il.

Moussa Diallo

Lefaso.net