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REFORME VESTIMENTAIRE AU GABON : Aller au-delà de l’emballage

Publié le mardi 29 juin 2010 à 01h35min

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Par décret pris en Conseil des ministres, les autorités gabonaises viennent de s’engager sur la voie d’une mini-révolution. L’accès aux services publics est désormais subordonné "à la tenue correcte". Les autorités de ce pays s’attaquent aux mœurs des fonctionnaires et des usagers de l’administration publique en instaurant un code vestimentaire : "port du costume, de l’ensemble tailleur, de la veste avec ou sans cravate, de l’abacost (sorte de veste légère à manches courtes portée sans chemise, ni cravate-ndlr), du boubou cérémonieux, de la saharienne et des chaussures de ville pour les hommes. Les femmes sont soumises au régime suivant : la robe, ensemble pagne, tailleur jupe, du tailleur pantalon, boubou cérémonieux ou simple jupe, chemisier non décolleté et chaussures de ville".

On ne verra donc plus dans les services publics, ces décolletés à vous couper le souffle, dont on se demande si c’est pour séduire le patron ou un collègue. Une chose était sûre, cette sorte d’exhibitionnisme n’améliorait en rien la qualité du service attendue par les usagers du service public. On pourrait même y voir un effet perturbateur. A priori, la gent féminine est plus visée par cette mesure. Ces dernières années, le continent vit comme une épidémie de tenues courtes voire très courtes portées par des filles et de jeunes femmes, exposant pratiquement certaines parties de leur corps, transformant ainsi tout le monde en voyeurs. Une mode importée par le biais des télénovelas.

Dans certains pays, ces tenues dites sexy ont provoqué pratiquement des bastonnades publiques pour celles qui avaient osé enfreindre les règles de la décence en public. En soi, cette décision est donc courageuse. Mais le fait qu’elle frappe indifféremment agents de l’Adminisration et citoyen ordinaires risque de créer quelques problèmes, notamment dans les provinces. Il ne faudrait pas que l’application stricte de cette disposition relative à l’habillement prive certains citoyens, notamment les paysans, de leur droit au service public. Chez les hommes, seuls les amateurs de jeans et basket devront refaire leur garde- robe, s’ils ne veulent pas être mis à l’index. Ils sont d’ailleurs de moins en moins nombreux dans les adminstrations de nos pays.

Cela dit, c’est la seconde fois que le nouveau pouvoir de Libreville prend une décision touchant directement aux mœurs et aux habitudes des Gabonais. La première fois, il s’agissait d’interdire l’ouverture des maquis et autres débits de boisons au-delà de 22 heures. Une décision à laquelle ne s’attendaient certainement pas certains des électeurs du président Ali Bongo. Cette fois encore, il y aura quelques grincements de dents. Mais la pilule passera.

La stratégie du pouvoir, si c’en est une, relèverait cependant du divertissement et de la diversion, si d’autres mesures plus profondes n’étaient pas prises. N’y a-t-il pas des questions plus urgentes à résoudre au sein de l’administration nationale que cette question presque futile de l’habillement ? Le cadre du travail, des équipements performants, la question de la célérité ou de la corruption par exemple ? Au delà donc de l’emballage, il y a la question de la qualité des service, celle du rendement et de la moralité des agents. Ali Bongo, pour être crédible, doit apporter des réponses claires à ces questions qui ont plus d’impact sur le développement du pays.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 29 juin 2010 à 09:47, par Sebgo En réponse à : REFORME VESTIMENTAIRE AU GABON : Aller au-delà de l’emballage

    Merci pour l’article, mais celui qui s’occupe des questions jusque la considerees comme naturelles, est decide sans doute a aller aussi loin que possible, donc, il faut se detromper, car A. Bongo, ira jusque au bout de ses rectifications.
    les prejudices causes par ce phenomene de "cheri regarde ma poitrine" ou "cheri regarde mes lolo" ne sont pas negligeables, donc il faut tout nettoyer. vous savez on finira tous a accepter que les recommandations religieuses sont nos seuls moyens pour vivre avec harmonie et dignite.

  • Le 29 juin 2010 à 10:12, par Yunus En réponse à : REFORME VESTIMENTAIRE AU GABON : Aller au-delà de l’emballage

    Non monsieur le journaliste, cette qusetion n’est pas futile. Il est d’importance majeure. Dis moi comment tu t’habilles et je te dirai qui tu es. C’est connu, l’habit ne fait pase le moine, mais reconnaitre le moiune sans habit. Les autres pouvoirs africains gagneraient à assainir les meurs dans ce domaine là. On voit à Ouaga comment nos soeurs, nos filles et mêmes nos femmes s’habillent. C’est souvent proprement scandaleux. Tout le monde regarde et la caravane continue son chemin. Il est dans l’esprit de certaines filles de nos jours, que tant que vous ne laissez une partie de votre intimité aux vents, vous n’êtes qu’un VDV (venu directement du village). Du coup elles se banalisent, heurtent la sensibilité de certaines personnes et se plaignent après de harcelement. Non ! Il faut arreter ça au plus vite car, nous sommes lentement mais surement, en train de nous bestialiser.Il y a longtemps que j’attends Simon Compaore sur ce terrain. Alors, monsieur le maire...

  • Le 29 juin 2010 à 11:11 En réponse à : REFORME VESTIMENTAIRE AU GABON : Aller au-delà de l’emballage

    Costume cravatte, est ce que ceci est Africain. Ce sont les memes qui vont parler des 50 ans d’independance. On continue de s’habiller commme des blancs et imposer cela aux gens de l’administration, quelle honte....En plus de vouloir normaliser les pensees des citoyens, on veut normaliser leur facon de s’habiller, Adieu a la LIBERTE, de decadence en decadence.... ou allons nous en Afrique ?

  • Le 29 juin 2010 à 15:00, par un spectateur impuissant En réponse à : REFORME VESTIMENTAIRE AU GABON : Aller au-delà de l’emballage

    Félicitation au Président Gabonnais, qui depuis peu prend des décisions courageuses et salutaires et que j’espère feront tâche d’huile dans la plupart de nos états qui en ont besoin.
    Que nos chefs d’Etat aillent à l’écoute de leurs concitoyens ; qu’ils demandent leur contribution pour la gestion de leur pays ; et qu’ils prennent l’engagement de ne pas sévir.
    Ils seront édifiés par les idées, les propositions et les solutions pour la gestion du pays.
    Nous au Burkina, nous avons besoin qu’on prenne une mesure relative à l’habillement ; car le laissez aller actuel est nocif pour tous notamment la jeunesse.

  • Le 30 juin 2010 à 14:26, par Nouss En réponse à : REFORME VESTIMENTAIRE AU GABON : Aller au-delà de l’emballage

    Si je devrais noter cette décision du pouvoir gabonais, je dirais : 20/20 (Très bien). Beaucoup de pays africains gagneraient à aller dans ce sens.

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