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ACHAT ET TRANSFORMATION DU RIZ LOCAL : La SONAGESS à l’heure des comptes dans les plaines rizicoles

Publié le mercredi 23 juin 2010 à 00h16min

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La Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SO.NA.GE.S.S.) a rencontré les producteurs et les transformateurs du riz local dans les plaines de Niassan (Sourou), de Banzon (Kénédougou) et de Bama (vallée du Kou dans le Houet) les 18 et 19 juin derniers. Si dans l’ensemble, les bonnes affaires sont au rendez-vous, l’augmentation du prix d’achat du riz local reste une préoccupation pour les producteurs à qui les commerçants offrent plus.

C’est une nouvelle ère pour la filière riz au Burkina. Voilà maintenant 3 ans que le gouvernement a décidé de soutenir la production de cette spéculation en subventionnant l’engrais et les semences notamment. Dans la crise alimentaire, il n’y avait meilleure solution. L’Etat burkinabè pouvait-il continuer à importer du riz pour quelque 10 milliards de FCFA ? Le résultat ne s’est pas fait attendre. La production du riz local a doublé surtout qu’il y avait des périmètres appropriés. Tout naturellement, les producteurs qui avaient jeté l’éponge, sont revenus sur leurs parcelles. C’est à ce moment que la SONAGESS est entrée en scène. Le gouvernement depuis deux ans, a mis à sa disposition 2 milliards de FCFA pour acheter du riz local au profit des cantines scolaires, de l’armée, des prisons etc. Par la suite, le projet appui à la sécurité alimentaire a confié à la structure, 8 milliards de FCFA pour l’achat de vivres à céder à prix social. Avec tous les acteurs de la filière, il a été décidé d’un prix plancher de 128 FCFA le kg et les producteurs devaient céder 20% de leur production.

Incompréhension au tout début

Sur le terrain, l’incompréhension a pris le dessus au tout début. La SONAGESS n’aurait pas pu acheter même un kg de riz. Pour la campagne 2009-2010, les choses sont rentrées dans l’ordre et la SONAGESS a pu remplir la mission à elle confiée par le gouvernement. Au Sourou, elle a acheté 1057 tonnes de riz paddy pour un montant de 136 millions de FCFA. A Niassan où nous étions le vendredi 18 juin dernier, producteurs et transformateurs ont tous loué le partenariat avec la SONAGESS qui respecte ses engagements en matière de paiement.

Pour les paysans, il y a maintenant l’assurance qu’au moins 20% de la production de riz seront achetés, ce qui leur permet de rembourser les crédits, pour les engrais par exemple. Le reste de leurs spéculations sera négocié avec les commerçants qui proposent 150 FCFA le kg. Et c’est à ce niveau que la revendication commence. Les producteurs veulent que l’Etat augmente le prix plancher fixé à 128 FCFA. Le directeur général de la SONAGESS, Tinga Charles Sawadogo, qui les a rencontrés, leur a expliqué qu’en mettant à leur disposition des engrais et des semences (et c’est cela qui a boosté la filière qui était en chute libre), il comptait en retour sur leur esprit citoyen ; d’ailleurs, le prix a été bien étudié en tenant compte des différents facteurs de production. C’est pourquoi, il a leur demandé de remonter cette préoccupation au niveau de leurs structures faîtières.

Mais, il a attiré leur attention sur le risque de voir le prix d’achat du riz chuter si l’Etat se retire et qu’ils soient confrontés aux seuls commerçants. Les transformateurs du riz, quant à eux, sont tout sourire. A Niassan, la SONAGESS a acheté 185 tonnes de riz étuvé aux femmes pour un montant de 136 millions de FCFA. Pour l’économie locale, c’est un apport substantiel. A Banzon (situé à 60 km de Bobo Dioulasso), les femmes semblent avoir trouvé un créneau porteur avec cette activité. « Nous sommes satisfaites de notre partenariat avec la SONAGESS qui paie bien, ce qui nous permet de subvenir aux besoins de nos familles » affirme l’une des responsables de l’Union départementale des étuveuses, Mme Salimata Ouédraogo. Elle n’a pas manqué de nous souligner qu’elles ont été appuyées par des ONG comme Oxfam solidarité et l’IFDC en matière de formation sur les techniques d’étuvage, la qualité, le compte d’exploitation etc.

Un apport substantiel pour l’économie locale Mais la palme de l’organisation revient certainement à l’Union des groupements d’étuveuses de riz de Bama (située à 30 km de Bobo). Le dimanche 20 juin dernier, la SONAGESS a pu visiter leur centre qui a en son sein des infrastructures pour stocker le riz paddy, pour l’étuvage et une machine de décorticage. En particulier, ces femmes ont séduit leurs visiteurs par l’utilisation des enveloppes du riz paddy comme combustible. Comme l’a fait remarquer, leur représentante, ce complexe qui leur permet d’améliorer la qualité du riz, doit être complété par un restaurant.

Dans la chaîne de la transformation, il y a aussi les propriétaires d’unités de décorticage. Incontournables, ils se frottent les mains avec le renouveau de la filière riz. Deux types d’usines se côtoient, les semi -mécanisées et les modernes. A Niassan, Koussé-Koussé exerce dans une cour avec quelques personnes. Sa machine à décortiquer est de la taille d’un moulin. Le contrat signé avec la SONAGESS lui a permis d’avoir 7,5 millions de FCFA pour cette campagne (chaque kg de riz est décortiqué à 25 FCFA). Konflan Traoré, lui, est dans une grande cour où est installée son usine de transformation.

C’est en 1999 qu’il a réalisé les investissements estimés à 125 millions de FCFA. Konflan, qui a acquis la dernière technologie chinoise, peut décortiquer 5,5 tonnes à l’heure. Il attend de signer un partenariat avec la SONAGESS. Pour son directeur général, Charles Sawadogo, les contrats de prestation avec les transformateurs se mettront progressivement en place pour avoir des quantités de plus en plus importantes de riz étuvé et de riz blanc au profit des structures de l’Etat. L’essentiel sera le respect par les différentes parties des clauses contractuelles.

Un peu de vocabulaire Le riz paddy : c’est le riz qui vient d’être récolté. Le riz étuvé C’est l’affaire des femmes. Elles le font bouillir dans de grosses marmites et elles le font sécher ensuite. Selon le dépliant des étuveuses de Bama, le riz étuvé appelé « malo woussou » en dioula, (utilisé pour le riz au soumbala) a un goût plus léger, est plus digeste que le riz blanc et est plus riche en minéraux ainsi qu’en vitamines.

Le riz décortiqué : c’est le riz grain ou riz blanc. Encadre 3 Stocker et bien stocker Le dimanche 20 juin dernier, nous avons visité le centre des stocks de sécurité alimentaire de Bobo Dioulasso. Il comprend 7 magasins de 6500 tonnes. Quand la SONAGESS reçoit par exemple du riz de ses prestataires, son laboratoire contrôle la qualité et délivre un certificat de conformité. De façon régulière (environ tous les 6 mois, il est procédé à des traitements phytosanitaires pour conserver les stocks

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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