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DEPUTE DESIRE ZAGRE, PRESIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE CFR : « Ces députés étaient le problème de notre groupe »

Publié le mercredi 9 juin 2010 à 00h28min

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Le groupe parlementaire de la Convention des forces républicaines (CFR) vient de sortir d’une crise qui a failli l’emporter avec le départ de trois députés. Réduits à neuf membres, il a fallu que le CDP leur prête deux députés pour ne pas disparaître. Alors, quels ont été les termes du « deal » ? Selon le président du groupe parlementaire, le député Désiré Zagré, il n’y a eu aucun marchandage, le CDP ayant secouru tout naturellement un allié.

"Le Pays" : Comment expliquez-vous le départ de certains députés du groupe parlementaire CFR ?

Député Désiré Zagré : Ce sont trois députés qui nous ont quittés, rendant la survie du groupe parlementaire chancelante au regard du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Pour faire la genèse de cette crise, il convient de souligner que le problème de notre groupe en fait est la présence de ces députés. A la faveur du renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale, nous savions qu’ils avaient déjà migré. Il y a le député Louis Armand Ouali qui est devenu membre du bureau politique de l’UPC (opposition). Depuis le 16 décembre 2009, nous savons que le RPC (auquel le député Victor Guigma appartient) est officiellement un parti de l’opposition. Le troisième est le député Drissa Sanogo du PAI (tendance Soumane Touré) dont je ne connais pas bien le statut. Toujours est-il que ces trois députés étaient dans une logique de départ si on n’accédait pas à tous leurs desiderata.

Qu’est-ce qu’ils réclamaient exactement ?

Ils réclamaient un certain nombre de postes quand bien même nous estimions que cela n’était pas raisonnable. Finalement, ils ont claqué la porte. Et ils sont allés pour les deux premiers, rejoindre le groupe parlementaire ADJ. Et nous étions réduits à 9 députés au sein de notre groupe.

A la suite de cette crise, le CDP (parti majoritaire) vous a prêté deux députés pour que votre groupe ne disparaisse pas. Pourrez-vous continuer à garder votre indépendance ?

Nous sommes des amis. L’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) fonctionne bien. Un groupe parlementaire de cette alliance est menacé de disparition. Le fait que le CDP nous envoie deux députés apparentés (cela existe dans le règlement de l’Assemblée) ne remet pas en cause notre indépendance. Je dois préciser que ceux-ci sont membres à part entière de notre groupe, ils assistent à nos réunions mais ils restent CDP à 100%.

Est-ce qu’on peut dire que vous avez surmonté la crise ? Quelles dispositions allez-vous prendre pour éviter cela à l’avenir ?

La crise est derrière nous. Aujourd’hui, le groupe est homogène. Il n’y a pas de membres qui se réclament de l’opposition. Le groupe CFR est composé de l’UPR, de la CFD-B, du RDB et bien sûr du CDP devenu membre apparenté. Tout le monde se réclame de la majorité présidentielle et nous resterons soudés pour les combats à venir. Nous sommes à l’inter-session et les députés sont aux champs. Nous réfléchissons sur le thème de nos prochaines journées parlementaires.

Quelle est votre position sur le débat actuel concernant l’article 37 ?

Je me garderai de me prononcer là–dessus parce que le débat n’est pas à l’ordre du jour. Le combat à venir, c’est l’élection du 21 novembre prochain. Pour le moment, la Constitution du Burkina stipule que le mandat présidentiel est de cinq ans renouvelable une fois. Je m’en tiens à cela et je ne vous en dirai pas plus. Quand un projet ou une proposition de loi viendra, vous serez éclairés sur notre position.

Votre allié, le CDP, s’est déjà prononcé sur la révision de l’article 37. S’il venait à proposer une loi, allez- vous le soutenir tout naturellement ?

Le vote est individuel à l’Assemblée nationale. Il n’y a pas de vote mécanique à l’hémicycle. Chaque député se prononce en fonction de ses sensibilités. Je n’ai pas toujours voté pour le CDP. Je le fais quand une loi recueille mon assentiment et celui de mes électeurs. Ne faites pas d’amalgame : nous sommes alliés mais nous ne sommes pas systématiquement alignés.

Aujourd’hui, le CDP vous a sauvé de la disparition. Si demain, il vous imposait de voter pour la révision de l’article 37 …

Il n’y a pas eu de marchandage autour de ce sauvetage et il n’y en aura pas. C’est tout naturel que deux alliés se soutiennent. Si le CDP nous avait laissé sombrer, vous alliez dire que l’AMP a volé en éclats. Nous pouvions aussi aller nous apparenter à un autre groupe parlementaire ou même demander de revoir le règlement de l’Assemblée nationale. L’existence de quatre groupes parlementaires enrichit le débat et renforce la démocratie. C’est pour cela que certainement le CDP, qui est un parti éminemment démocratique, a voulu que nous ne disparaissions pas.

Propos recueillis par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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