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Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

Publié le vendredi 4 juin 2010 à 04h42min

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Koudougou, la capitale de la région du Centre- Ouest a abrité, jeudi 3 juin 2010, la troisième grande conférence sur l’histoire du Burkina Faso sous le thème central, « rôle des élites politiques de la région du Centre-Ouest dans les luttes pour l’indépendance » et des thèmes connexes : "résistances des populations du Centre Ouest à l’autorité coloniale" ; "langues, cultures et développement" ; "Université et formation professionnalisante". C’était en présence du Chef du gouvernement, Tertius Zongo et du parrain de l’évènement, Me Hermann Yaméogo.

C’est le grand amphithéâtre de l’Université de Koudougou qui a abrité, jeudi 3 juin 2010, la troisième grande conférence organisée dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’accession à l’indépendance du Burkina Faso sous le thème « 50 ans de construction d’une nation, souvenirs et espérance ».

Outre les étudiants et la population de la ville, ils étaient nombreux les fils et filles de la région qui ont fait le déplacement dont le Premier ministre Tertius Zongo et Me Hermann Yaméogo à qui revenait l’honneur de parrainer l’évènement. « Rôle des élites politiques de la région du Centre-Ouest dans les luttes pour l’indépendance » est le thème retenu pour cette activité à Koudougou.

Ce thème a été développé par le Pr Basile Guissou, directeur général du CNRST, avec la modération de Hamidou Diallo, enseignant à l’Université de Ouagadougou et la supervision générale du Pr Salaka Sanou . Ce dernier a situé tout l’enjeu d’une telle démarche (la tenue des conférences) et a interpellé les participants à en tirer le plus grand profit pour leur propre histoire et leur construction humaine.

Il a aussi signifié que les communications n’allaient pas être suivies de débats, mais qu’elles allaient faire l’objet d’une édition pour la mémoire collective. Dans son introduction préliminaire, le panéliste quatre panels au total ont été livrés au cours de la grande conférence), a relevé tout l’embarras qu’il avait à traiter d’un thème aussi sensible, car, parler des élites politiques du Centre-Ouest, c’est simplement lui demander de faire l’historique de ses propres aïeux.

Il s’est cependant acquitté de sa tâche en campant son intervention sur un aperçu de l’histoire coloniale de la Haute-Volta et un clin d’œil à quelques figures emblématiques de la lutte pour l’accession de la Haute- Volta à l’Indépendance. Le Pr Basile Guissou a noté que le Burkina Faso comme l’Afrique en général, a de la peine à se construire une mémoire forte du fait colonial. Cela, du fait de la diversité de sources écrites et des témoignages. Ajouté à cela, le très peu d’archives, de témoins vivants.

Cependant, les quelques sources écrites ou témoignages recueillis lui permettent d’affirmer que partout où il y a eu la colonisation, s’en est suivi aussi une résistance des peuples. Parmi les leaders de cette résistance, Philippe Zinda Kaboré, Henri Guissou, René Bagora Bassinga, Maurice Yaméogo, Charles Nignan, Bamina Georges Nébié, Blaise Bénon, etc.

Une Histoire : plusieurs sources

Pour le panéliste, la personnalité de ces leaders politiques, leur volonté de s’émanciper de l’occupation coloniale, leur attachement à l’intégrité du territoire en ont fait des exemples de combattants de la liberté et de l’indépendance du pays, chacun suivant son rang politique, sa classe sociale ou son occupation.

Alors que Bamina Georges Nébié (député, élément révolutionnaire du premier gouvernement de Maurice Yaméogo) est par exemple celui qui affirmait toujours que l’indépendance est incompatible avec une présence militaire française), Philippe Zinda Kaboré est cet intellectuel chargé de défendre à Paris, le dossier de la reconstitution de la Haute-Volta (avant qu’il ne trouve la mort brutalement) ; ou encore que Maurice Yaméogo est celui-là qui a proclamé l’indépendance de la Haute-Volta et a occupé la plus haute et la plus prestigieuse fonction politique, la présidence de la République.

Le Pr Basile Guissou en concluant sa communication, a relevé la nécessité pour chaque Burkinabè d’apporter sa contribution à une meilleure connaissance de notre histoire pour créer et entretenir des repères communs acceptés et compris par tous. « Faut-il toujours chercher à tuer son père pour s’affranchir du statut du fils et affirmé ainsi sa personnalité de manière indépendante et autonome ?

Mort ou vivant, le père reste le père et nul parricide ne peut effacer la dette de sang qu’un fils doit à son père. Notre histoire politique doit se comprendre ainsi. Si l’on examine sérieusement la façon dont les hommes politiques, anciens et nouveaux se présentent à l’opinion et présentent l’histoire politique du pays, à travers écrits, discours et apparitions à la télévision, notre passé politique se présente comme un saucisson découpé en tranches isolées les unes des autres.

" Pour le Pr Basile Guissou, il n’y a pas de fil conducteur, de dénominateur commun qui facilite la compréhension du passage d’une époque à l’autre, d’un régime politique à un autre avec les plus et les moins que chacun a apportés. C’est une telle compréhension, dira-t-il, accepté et non remise en cause par des réactions vives et bien argumentées de la part des chercheurs en sciences humaines et sociales nous empêchent de capitaliser constructivement notre riche histoire politique.

Laquelle, avancera t-il, est originale et possède la somme d’expériences individuelles et collectives capables de tracer des voies novatrices, des idées mûrement conçues et des propositions de solutions qui ouvrent sur un avenir meilleur pour le pays et pour son peuple. A la suite de ce panel, un autre a été développé sur le sous-thème, « langues, cultures et développement » par M. Gérard Tiendrébéogo (professeur à l’Université de Ouagadougou) avec comme modérateur, le Pr Salaka Sanou. Le panéliste a ressorti les différentes acceptions de ces trois notions avant de tabler sur leurs relations possibles et situé la place et le rôle que peuvent jouer les langues et la culture dans le développement d’une nation.

En cinquante ans d’histoire de l’accession de notre pays à l’indépendance, M. Gérard Tiendrébéogo a relevé que les Burkinabè comme la plupart des Africains ont été gouvernés dans une langue (le français) qu’ils ne comprennent pas (15% des Burkinabé parlent et comprennent le français). Il a aussi souligné que nos langues ont toujours évolué en marge du fonctionnement de notre système institutionnel.

Tout en louant certains efforts (création dès 1960 de la Commission nationale des langues, création des écoles bilingues), il a noté qu’une politique linguistique adéquate est vitale pour la stabilité politique. Pour lui, il y a nécessité de mener un combat pour « la décolonisation mentale par l’indépendance linguistique ». D’où sa suggestion de repenser l’usage du français dans notre pays pour faire en sorte qu’il ne s’apparente pas toujours « comme une langue d’enveloppement mais de développement ».

Ismaël Bicaba (elbicab@gmail.com)


Propos de quelques personnalités

Le Premier ministre Tertius Zongo : "C’est un honneur pour moi et bien d’autres personnes d’être toujours associés à des évènements d’envergure dans notre pays. La qualité des panels et la manière très scientifique dont les exposés ont été faits, le professionnalisme des panélistes et la discipline des participants ont permis à tout un chacun de se replonger dans le passé et ouvrir une fenêtre sur l’avenir.

Avec ce qui a été dit, chacun de nous doit avoir grandi en humilité ; nous sommes plus que conscients qu’il y a eu des personnes à une époque qui n’ont ménagé aucun effort dans la lutte , dans des aventures dont ils ignoraient l’issue mais qu’ils se sont toujours armés de leur foi en une cause de leur confiance en eux-mêmes. Ils l’ont fait non pas pour eux-mêmes mais pour leur peuple, pour le devenir de la Nation.

Je souhaiterais que nous puissions rendre un vibrant hommage à ces personnes-là. Je souhaite également que nous puissions rendre un hommage à cette ville de Koudougou qui a vu naître les premiers animateurs de la lutte pour la rédemption nationale. Nous avons connu ici des élites politiques qui ont scellé le destin national et ouvert les portes de notre ascension vers des sommets plus grands. Nous devons redoubler d’efforts pour valoriser les acquis de nos devanciers ».

Me Hermann Yaméogo, parrain de la Grande conférence du Centre Ouest : Parrainer cette activité est pour moi un évènement extraordinaire. Nous avons eu le privilège de pouvoir nous retrouver et nous engager sur le bilan des 50 ans d’indépendance, de l’accession de notre pays à l’indépendance et entrevoir des perspectives pour l’avenir.

Il était très important que nous puissions le faire dans un esprit consensuel (la preuve a été donnée par le fait que c’est un opposant qui parraine). Nos devanciers peuvent avoir le bénéfice de la minorité, de l’inexpérience ; mais notre génération, nous autres, nous devons prendre des engagements pour permettre que dans les cinquante années à venir, nous ayons une meilleure application de notre indépendance.

C’est fantastique ; nous avons fait un pas et nous nous engageons à réveiller les oublis car la mémoire est essentielle pour l’épanouissement d’un individu comme d’une nation. Dans sommes dans un grand moment de transport ; c’est un grand moment qui consolide l’unité nationale ».

Propos recueillis par Ismaël BICABA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 4 juin 2010 à 10:43, par un koudougoulais ulcéré En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Bonjour ; je n’ai même pas lu l’article j’attendais qu’on en parle pour crier mon ras le bol sur la manière dont on a traité la population de Koudougou à l’occasion de cet évènement. A cause de la prétendue sécurité des autorités avec le PM en tête on a barré la principale route de la ville qui mène de la Place Maurice YAMEOGO (pour ceux qui connaissent Koudougou) à l’université. Pour rejoindre son domicile à la descente c’était la croix et la banière. Les plaintes et les complaintes fusaient de partout. "si à chaque déplacement de Tertius à KDG c’est comme ça, il n’a qu’à rester à Ouaga" entendait-on dire. Quelle insécurité y a t il dans le pays pour qu’à chaque déplacement d’autorité (même le gouverneur en ville) on fait subir à la population de tels désagréement ? Ou c’est le zèle de la sécurité à plaire ? Si c’est ça aussi ils n’ont qu’à aller se mesurer aux bandits des grands chemins qui endeuillent chaque jour la même population.

  • Le 4 juin 2010 à 19:00, par pickachou En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Franchement j’ai pas aimé la manière dont la conférence s’est déroulée justement je me demande bien si c’en était une ?? une conférence publique sans débats ? à quoi alors a servi les
    gens qui y ont assisté surtout les étudiants ?? juste pour remplir la salle et afficher à la face des burkinabè que la salle était comble. A l’avenir il faut éviter une telle pratique car je me dis qu’on peut pas assister à une conférence de ce genre et ne pas avoir quelque chose à dire par rapport aux travaux des conférenciers dans la mesure où le Pr Guissou a montré sa difficulté à réunir tous lés éléments nécessaire à la préparation de son exposé et puis pour moi ne pas faire suivre les exposés de débats publics traduit quelque part la totale confiance à 100% que l’on accorde aux propos des conférenciers qui du reste à mon avis ne sont et seront jamais exempts de toutes critiques, compléments, suggestions positives.et le pire dans tout cela on compte rassembler tous les exposés pour les consigner dans un document pour la mémoire collective. Et s’il y’a des insuffisances ? Des choses de ce genre m’irrite.

    • Le 6 juin 2010 à 22:33, par HRY En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

      ce qui m’a deplue,c’est vraiment le fait que aucun debat ait ete accordé à la suite de la conference.Comment pouvez-vous inviter l’assitance à tirer de grands profits des communications pour sa proprre histoire et aussi pour sa construction humaine tout en lui refusant l’occosion de s’exprimer ? il faudrait tout de meme s’assurer que les communications ont bien ete comprises ;et de surcroit qui nous garanti l’authenticité des communications emises,surtout qu’à l’heure actuelle n’existe aucune structure de veille ?et comme ca vous attendez à une assimilation parfaite sans vouloir donner d’eclaircissements sur quelque point que ce soit ! sur ce ,jespere profondement qu’un haut conseil de la memoire ,comme l’a suggeré Me Hermenn YAMEOGO,verra le jour dans l’interet de tout burkinabé et pour la consolidation de notre histoire.

  • Le 6 juin 2010 à 16:04, par franco En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    j’ai lu les deux interventions des internautes qui ont leur part de vérité. mais soyons justes. si l’on prend en considération l’essentiel, l’objectif a quand même été atteint au-delà des espérances. la configuration de la salle, la nature des différentes interventions et des personnalités qui les ont assurées, et la participation massive des étudiants et de toute la population de koudougou, toutes tendances confondues, doit nous amener à mettre de côté les insuffisances pour applaudir le plus important.

  • Le 6 juin 2010 à 16:09, par alain En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    moi j’ai assisté à la cérémonie. Je félicite la liberté de langage des uns et des autres, la révélation de faits historiques méconnus jusqu’aux ressortissants du Centre ouest. Je n’ai jamais su qu’il y a eu une révolte anti-colonialiste à Ramongo et que les Lélé ont engagé des combats contre le colon qui ont battu en brèche le mythe de l’invincibilité du Blanc. J’ai connu d’autres facettes de nombre de nos devanciers et en tout premier, du père de l’indépendance nationale, Maurice Yaméogo. Ce que le Parrain a dit, sur tous ces hommes, a fortement impressionné l’auditoire. Et l’intervention du premier Ministre, qui a expliqué que le sectarisme, les divisions, les haines, constituaient après l’indépendance, notre nouvel esclavage, a été commentée longtemps après la fin de la cérémonie. Il reste à prendre des dispositions pour que ces cérémonies ne soient pas identifiées dans l’Histoire, comme de simples défouloirs. Nous avons besoin de mesures concrètes pour matérialiser cette réconciliation avec notre passé à laquelle tout le monde en a appelée.

  • Le 6 juin 2010 à 16:13, par tankoano En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Je viens de lire l’appréciation de l’ancien ministre Kaboré Emile sur San Finna. Intéressant. la voici en espérant que le site publiera cet échange entre A. Ouédraogo de San Finna et Mr Kaboré, même un peu long.

    Aristide Ouédraogo (A.O.) : Vous venez de prendre part à la toute première conférence régionale de Koudougou entrant dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays. Qu’en avez-vous retenu et quelles sont vos impressions ?
    René Emile KABORE (R.E.K.) : Bonjour et merci de demander mon opinion sur ce que nous venons de vivre ici même à Koudougou en cette matinée mémorable de ce jeudi 03 juin 2010. Je dis bien mémorable parce que l’évènement que nous célébrons doit être retenu dans la mémoire non seulement de tous ceux qui ont eu le privilège d’y assister mais aussi dans celle de tous les Burkinabé et particulièrement ceux de la région du Centre Ouest ; non seulement dans la mémoire de tous les Burkinabé vivant aujourd’hui, mais aussi dans celles de toutes les générations à venir. Cette conférence est en effet chargée de symboles et riche en enseignements.

    A.O. : C’est-à-dire ?
    R.E.K. : J’y vois quatre symboles :
    - Le premier qui me vient à l’esprit, c’est celui de la présence du premier Ministre. Sans rentrer dans les détails, c’est un peu comme si le premier Ministre, qui est comme vous le savez sans doute un fils de la région, avait voulu conférer à cette manifestation une solennité particulière qui frappe les esprits et éveille les consciences dans cette première étape qui consiste à introduire les Burkinabé dans le processus de « re-visitation » des cinquante années d’histoire de notre pays. La banderole ainsi que le logo, qui sont un mariage astucieux et harmonieux des couleurs des drapeaux de la Haute-Volta et du Burkina Faso, semblent traduire une volonté d’objectivisme. Ce qui serait à saluer.
    - Le deuxième symbole qui me vient naturellement à l’esprit et qui tend à confirmer le premier, c’est la présence de maître Hermann Yaméogo, président de l’UNDD et opposant notoire, aux côtés du Premier Ministre, en qualité de…. Parrain. Je crois que c’est bien la première fois qu’une telle chose se produit. Cela frappe les esprits à Koudougou et frappera très certainement les esprits ailleurs qu’au Burkina. Habitué que je suis à voir et à vivre le culte du sectarisme et de la division (jusqu’à l’intérieur des familles) que véhicule le CDP et que mes camarades et moi, anciennement refondateurs du CDP et aujourd’hui militants de la CNPB, avons toujours dénoncé avec force, je prends et mesure ce symbole à sa juste valeur.
    - Le troisième symbole, c’est celui de la géographie de la salle. Voir sur un même espace et au même moment, une telle diversité politique, religieuse et sociale et représentant toute notre région, m’a fait caresser le rêve d’une forme d’unité retrouvée malheureusement reléguée aux calendes grecques par les propos, comportements et actes de certains bonzes et thuriféraires politiques.
    - Le quatrième symbole, toujours à mon humble avis, se trouve dans le choix des animateurs de la conférence. Alors que l’on aurait pu s’attendre à ne voir que des ressortissants de la région, l’on a vu comme conférencier ou comme modérateur, des Bobos, Yarcé, Peulhs, d’autres régions du Burkina côtoyer dans une entente parfaite des mossis, gourounsis et lélas de la région. Leur trait commun, c’était leur connaissance et leur compétence avérées. Alors est-ce un signe qu’un effort sera fait pour que dans notre pays chacun soit à sa place aux seules fonctions de ce qu’il sait et de ce qu’il peut ? Ce serait trop beau n’est ce pas ?

    A.O. : Ca c’est donc ce que vous estimez être des symboles. Et quels enseignements vous en tirez ?
    R.E.K. : Le premier enseignement, je le tire des discours du Premier Ministre et du Parrain. Au-delà des formules protocolaires, tous les deux ont trouvé les mots justes qui ne fâchent pas, qui apaisent et qui rassemblent. Le Premier Ministre a pu ainsi dire par exemple, que la mesquinerie, la suspicion, la médisance et la calomnie, sont les éléments d’un esclavage moderne dont il nous faut nous libérer, estimant par ailleurs que seul le rassemblement donne la force de l’action qui gagne.
    Le deuxième enseignement, c’est celui de la fierté qui devrait, à juste titre, habiter tous les fils et filles de notre région, au regard des héros qui ont forgé, sur les cinquante dernières années, non seulement leur destin mais aussi celui de la nation toute entière. Qu’il s’agisse des Maurice Yaméogo, Philippe Zinda Kaboré, Henri L. Guissou, pour le Boulkiemde ; des Bamina G. Nebié, Nignan Nacuson Charles, Blaise Benon, pour la Sissili et le Ziro ; ou des René Bassinga, Blaise Bassolet pour le Sanguié, ils ont tous mené une lutte héroïque dont les fruits profitent à notre région et au pays tout entier. Cela nous oblige donc à un devoir de mémoire, à un devoir de reconnaissance et pourquoi pas, à un devoir d’imitation.
    Le troisième enseignement, c’est que le flambeau qu’ils ont allumé ne doit pas s’éteindre. Il nous appartient, à nous et aux générations à venir d’y veiller et de le transmettre au fur et à mesure avec une dimension toujours plus grande et toujours plus flamboyante.
    Le quatrième enseignement que l’on pourrait retenir me semble être le fait que l’accès à la mémoire de notre Histoire passe par l’acceptation de notre histoire. C’est vrai, durant la conférence, on a souvent cité, à l’exemple du professeur Basile Guissou, le professeur Joseph Ki- Zerbo avec sa célèbre formule du « récit de la chasse selon qu’on est le gibier ou le chasseur ». Certes, c’est réconfortant. Mais tout de même, Ki-Zerbo fait partie de notre présent et nous n’avons rien fait de son vivant pour lui témoigner la reconnaissance de tout le Burkina. C’est vrai qu’il n’est qu’un « esclave » mais reconnaissons qu’un esclave de cette trempe, beaucoup de pays à travers le monde aimeraient en avoir. De grâce, soyons sérieux. Car ça me semble être un problème sérieux. Un problème sérieux que nous avons du mal à régler au quotidien. Si vous allez à n’importe quelle cérémonie officielle, vous aurez toujours la chance ou le malheur de voir une ancienne personnalité cherchant où s’asseoir. Ni le protocole, ni les forces de l’ordre, ni même les participants, ne se préoccuperont d’elle. Pourtant hier encore, ce n’était que courbettes et claquements de talons. C’est un peu comme si elles n’avaient même plus droit au respect qu’on leur donnait pour ce qu’elles étaient avant leur entrée en fonction. C’est comme si le fait d’accepter des responsabilités pour servir son pays était synonyme d’erreur et de faute qui fait des intéressés, des parias qu’on accable de suspicions de calomnies et de médisances. Les conférenciers nous ont permis de découvrir le courage frisant la témérité, la détermination, l’intelligence, la clairvoyance, le discernement et la recherche du vrai, autant de qualités qui sont venues démontrer que les élucubrations, les injures et les mots grossiers qui dépeignaient les Maurice Yaméogo, les Philippe Zinda, les Henri Guissou et les autres, n’étaient souvent que l’expression de calculs politiciens et de la haine nées de frustrations mal digérées, loin de tout objectivisme.

    A.O. Avez-vous un mot pour la fin ?
    R.E.K. : En réalité, je me pose une seule question. A quand allons-nous, Burkinabé nous réconcilier avec nous-mêmes et nous accorder enfin avec notre Histoire ? Quand, par exemple à l’instar du Ghana et de son Kwame N’Krumah, du Sénégal et de son Senghor ou du Mali et de son Modibo Keita, de la Cote d’Ivoire et de son Houphouët Boigny …et j’en passe, quand dis-je, notre Burkina Faso règlera-t-il enfin son problème avec son Maurice Yaméogo ?
    C’est le seul Père de notre Indépendance et l’occasion du cinquantenaire me semble toute indiquée. Sinon, nous aurons encore une fois raté d’écrire notre Histoire qui demain ne manquera pas elle, de nous juger avec sévérité

  • Le 6 juin 2010 à 16:28 En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    bravo pour ceux qui ont su relever le défi de cette cérémonie. Je souhaite que l’esprit qui s’est dégagé au Centre Ouest dure longtemps, soit suivi par des actions et gagne tout le burkina.

  • Le 6 juin 2010 à 16:34, par veritas En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    le parrain, Me Hermann, a dit qu’il faut considérer notre Histoire dans un continuum et qu’il fallait prendre chaque dirigeant dans ses qualités et ses défauts, de maurice jusqu’à blaise en passant par lamizana, saye zerbo, jean-baptiste ouédraogo et thomas sankara. Il n’y a ni ange, ni démon, a-t-il dit, il y a seulement des hommes qui se sont efforcés de servir, avec leur volonté mais aussi leurs limites, le pays. C’était bien dit et oh combien vrai.

  • Le 6 juin 2010 à 16:35, par colette En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    il était temps qu’on ose regarder notre histoire, sans sectarisme ni manichéisme et qu’on accepte que nos devanciers, même s’ils ont commis des fautes, ont aussi apporté des contributions à la construction nationale qu’il est injuste d’ignorer

  • Le 6 juin 2010 à 16:36, par aubin En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    j’ai découvert Tertius particulièrement inspiré. Je me demande si tout ce qu’il a dit est partagé au sein du CDP car il s’est montré au-dessus de la mêlée, soucieux de rassembler, de rendre à César ce qui revient à César. Ce n’est pas courant au sein du méga-parti

  • Le 6 juin 2010 à 16:38, par aslan En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Pour moi, ce que les médias doivent retenir de cette cérémonie, et que je n’ai pas lu ou entendu jusqu’à présent, c’est que Me Hermann Yaméogo a bien fait d’accepter le parrainage et qu’il a su mettre au-devant des choses, les intérêts régionaux et nationaux plutôt que ceux de son parti. Je rajoute que ce que j’ai préféré, c’est quand il a parlé des anciens et du père de l’indépendance Maurice Yaméogo, comme personne ne l’aurait fait à sa place. Les participants ont pu ainsi apprendre beaucoup de choses, ce qui va les aider à rééquilibrer leur jugement sur le passé.

  • Le 6 juin 2010 à 16:52, par DIOP En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    il faudrait qu’on sache si la série de conférences pour le Centre ouest va s’arrêter ou si ça va continuer dans toutes les provinces et occasionner des échanges, des témoignages pour corriger la cérémonie à la bolchévique qu’on a connu le 3

  • Le 6 juin 2010 à 16:56, par benjamin En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    dans certains secteurs de koudougou, il y a eu des tentatives de démobilisation de la cérémonie. Au Secteur 5 notamment, des gens sont passés pour dire qu’elle a été reportée au 04 juin. Il faut savoir d’où ça vient.

  • Le 6 juin 2010 à 17:00, par adama En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    C’est renversant d’entendre nos historiens dire qu’ils manquent à ce point de sources, de témoignages, qu’ils sont obligés de se référer à des gens comme Frédéric Guirma dont par ailleurs, ils relèvent le subjectivisme

  • Le 6 juin 2010 à 17:17, par romuald En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Si l’on veut bien voir, notre pays n’a eu que deux présidents : le bon père de famille, lamizana, et thomas sankara, le messie. Il était temps que les burkinabé aient le courage d’encourager une vision de notre mémoire historique moins polluée, plus juste.

  • Le 6 juin 2010 à 17:19, par fidèle En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Je trouve que la cérémonie aurait dû être annoncée avant, les thèmes des communications communiqués à la population et cette dernière, mieux associée. Dans ce qu’on a vu, il y a eu des choses faites en commando. C’est parce que les populations étaient vraiment intéressées qu’elles sont sorties en masse. D’ailleurs, il n’y avait pas de place à l’intérieur et on a installé des tentes à l’extérieur. Même ça, ça a posé des problèmes car il n’y avait pas assez de chaises.

  • Le 6 juin 2010 à 17:22 En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Le ministre jean-pierre palm est arrivé en retard ; c’est pas bien.

  • Le 6 juin 2010 à 17:23, par djimmy En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    On a bien écouté, bien rigolé, bien mangé mais après ça, on fait quoi ? On va continuer à laisser les gens dire n’importe quoi et considérer qu’avant le 04 Août, y a pas d’Histoire au Faso ? C’est à la solution qu’on trouvera à ce problème qu’il y aura changement.

  • Le 6 juin 2010 à 17:27, par clovis En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    La conférence est une cérémonie délocalisée du cinquantenaire. Donc, un évènement à la fois régional et national. La couverture médiatique a été appréciable mais le rendu, décevant. On n’a pas traité le sujet à la Une à la télé et les passages les plus importants, ont été ignorés. Il faut rattraper les choses pendant qu’il est encore temps

  • Le 6 juin 2010 à 17:28, par eugène En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Mon souhait, c’est de voir créé ce Haut conseil de la mémoire historique que Me Hermann Yaméogo a demandé pour mieux protéger notre Histoire.

  • Le 6 juin 2010 à 17:32, par maryam En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Une salle composée de gens de la majorité et de l’opposition, applaudissant en harmonie à des interventions, c’est du jamais vu à koudougou.

  • Le 6 juin 2010 à 17:37, par raphael En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    C’était vraiment formidable. Seulement, le débat a manqué

  • Le 6 juin 2010 à 17:53, par zoodo En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    J’ai égelemnt subi le désagrement du barrage des routes. Mais ceci ne peut pas constituer pour moi l’essentiel qu’il faut retenir, surtout quand on doit du respect à ses autorités. Après avoir reconnu l’éclat de l’évènemnt, et la mobilisation de la population de koudougou venue nombreuse à cette rencontre historique,pour célébrer l’hommage aux pionniers de la lutte pour l’indépendance de la régiondu centre-ouest, je regrette surtout que les communications n’aient pas été suivi de débats. C’est là véritablement,un manque de démocratie et un risque de continuer à servir au peuple des versions partisanes. Le professeur B. GUISSOU, citant le professeur Joseph K Z n’a t-il pas dit en substance ce qui suit " quand un chasseur raconte son récit de chasse du lièvre, il le fera tjs différamment que le récit que lièvre va livrer pour expliquer comment ça c’est réellement passé.
    L’histoire de notre pays est fortement tronquée. Me hermann comme parrain c’est bien, mais j’aurai préférer qu’il soit conférencier sur le premier thème.

  • Le 6 juin 2010 à 18:27, par zoodo En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Je revient encore, pour faire la synthèse suivante : Si des conférences sous régionales sont saluées, pourquoi ne pas penser à une conférence nationale sur les pionniers de la luttes pour l’indépendance.
    Une question au Pr Basile G. : lors de son intervention, il a, à propos de Maurice YAMEOGO, dit que dans la plus part des cas des témoignages écrits, il est surtout fait cas des reproches au pére de l’indépendance, comme si l’interéssé n’a eu aucun mérite. A quoi cela est-il dû ?(volonté manifeste de tronquer l’histoire ?)
    Et lui-même( le Pr B. G)parlant du réfus de signer les accords de défenses avec la France, semble vouloir attribuer le mérite du renvoi de la base militaire plus au minitre de la défense qu’au Président Mauricr Y., comme si c’était au ministre de la défense de décider de la politique militaire et de défense de son pays.
    Il est temps comme l’a dit le prémier miistre T ; ZONGO dans son mot de clôture, de mettre de côté les considérations partisannes, les clivages pour ne voir que l’intérêt général de notre pays, qui a sans doute trop souffert des exclusions nuisibles pour le pays.
    Pourquoi ne pas avoir le courage de créer pour notre pays " un observatoir de la mémoire ". Cela aura le mérite d’éviter, à chacun de raconter du n’importe quoi, parce-ce qu’il est l’homme fort du moment ou parce qu’on lui en donne l’occasion. Exemple, quand vous écoutez Gérard K. O. c’est comme si c’étais lui qui avait apporté ou proclamé l’indépendance de notre pays

  • Le 6 juin 2010 à 19:50, par GNISSI Dominique En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    La démocratie fut un pas important ! Je suis heureux de constater qu’

    constater que le premier ministre et l’opposant confirmé Hermann Yameogo parraine ensemble une manifestation.Cela a été bien vu en cote d’ivoire. Bel exemple de démocratie et que cela continu pour dire que l’opposition participe au développement du Faso. Bravo !

  • Le 8 juin 2010 à 21:19, par Charlemagne KONKOBO En réponse à : Grandes conférences du cinquantenaire au Centre-Ouest : La mémoire collective au service de l’unité nationale

    Je voudrais saluer cette initiative du gouvernement du Premier Ministre Tertus Zongo et de Me Hermann Yaméogo , Président de l’UNDD, deux fils de la région qui ont permis l’organisation de cette grande conférence à Koudougou afin de se souvenir des grands hommes politiques qui ont marqué l’histoire de notre pays. Je voudrais que la date 03 juin soit considérée comme une journée de la réconciliation pour les fils et filles de la région du centre ouest car la politique ne doit pas être une source de division mais de concertation pour un futur meilleur du pays.

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