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Matériaux de construction : Un marché atypique au secteur n° 30 de Ouagadougou

Publié le jeudi 26 août 2004 à 07h27min

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Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, constitue un vaste chantier de construction. Une aubaine pour certaines personnes qui tirent leur "pitance" de la vente des matériaux de construction, particulièrement des agrégats. Sans organisation structurée, elles ont choisi d’occuper à leur risque et péril, l’aire triangulaire située au croisement de la route de Pô et de la circulaire au secteur n° 30 de Ouagadougou.

Une valse de camions-remorques à longueur de journée, qui pour décharger, qui pour charger des agrégats. Des gens guettant la moindre arrivée d’un client pour "bondir’’ sur lui, afin de pouvoir vendre leurs marchandises. Une multitude de tas de sable, gravier, gravillon, quartz, etc. Telle est la situation qui prévaut sur l’aire de vente des agrégats du secteur n° 30 de Ouagadougou. Près de 1000 personnes tirent leur épingle du jeu de la vente des agrégats. En effet, M. Jean-Paul qui jouit d’une responsabilité sur le site, soutient que cette activité a commencé depuis 1988. A l’époque, M. Zoundi était déjà propriétaire de camions remorques. "Bien sûr, l’aire de vente n’était pas à cet endroit’’ s’empresse-t-il d’ajouter.

Un secteur pas structuré

M. Zoundi jouit d’un certain respect à cause de son âge. Sinon la zone ne bénéficie d’aucune structure formalisée. "Chacun est libre de vendre comme il veut. En plus n’importe qui peut s’installer ici’’. Les prix donc sont fixés selon le bon vouloir du propriétaire. M. Zoundi, propriétaire de trois camions tous en panne, reconnaît qu’il faut de moyens pour pouvoir bien travailler et mieux rentabiliser ce commerce. D’un air inquiet, il nous montre deux tas de gravier en disant : "c’est tout ce que je possède présentement. Nous sommes là afin de nous contenter du peu pour pouvoir nourrir nos familles’’.

Des prix fluctuants

Les prix sont fixés selon le bon vouloir du propriétaire et selon le matériel concerné. Mais de façon générale M. Zoundi indique que 6 m3 de sable ou gravier peuvent être acquis à 35 000 F CFA. Il faut noter aussi qu’il y a différente sorte de gravier, ce qui entraîne une différence de prix.

Il refuse pourtant de se prononcer sur le prix du quartz, prétextant simplement que le marché est libre. "Ce qui est certain, il nous est impossible de livrer du mauvais matériel à un client. Notre crédibilité en dépend’’, soutient M. Zoundi qui ajoute qu’il travaille en collaboration avec pas mal d’entrepreneurs et de sociétés immobilières comme la Société de construction et de gestion immobilière du Burkina (SOCOGIB). Le secteur est confronté, outre son inorganisation, à deux autres problèmes. Il s’agit de la mauvaise foi de certains entrepreneurs-clients qui tardent ou refusent de payer ce qu’ils doivent et la grande distance pour aller chercher les matériaux.

Malgré tout, beaucoup de personnes, s’en sortent et parviennent, grâce à la vente des agrégats, à subvenir aux besoins de leur foyer. Ablassé Compaoré a débuté très jeune dans ce travail. De manœuvre, il arrive aujourd’hui à louer des camions pour charger les agrégats. Il reconnaît qu’il se rend comme ses collègues dans les voisinages de Ziniaré, Manga, Kongoussi, Kombissiri etc. pour en acheter. Le quartz est acheté à 45 000 F CFA le camion de 10 tonnes pour être revendu à près de 90 000 F CFA à Ouagadougou.

La clientèle

Les vendeurs des agrégats guettent toute présence étrangère sur le site pour proposer leurs services. En effet, nous avons été assaillis par près de 10 vendeurs d’agrégats à notre premier rendez-vous sur les lieux. "Que désirez-vous ? Du sable ou du gravier ? Nous pouvons vous offrir ce que vous voulez à un bon prix’’, nous harcèlent-ils.

En tout état de cause, ces vendeurs font de leur mieux pour satisfaire la clientèle.

Ils se proposent d’ailleurs de livrer le matériel acheté, bien sûr moyennant quelque chose, à l’endroit indiqué du client. Contrairement aux propos de M. Jean-Paul Zoundi qui reconnaît collaborer avec certains entrepreneurs, M. Ablassé Compaoré refuse cela car dit-il " : J’ai subi des désagréments avec ceux-ci.
Très souvent ils tardent à vous payer s’ils ne refusent purement et simplement de le faire".

Issaka Ouédraogo, tout comme Ablassé Compaoré et Jean-Paul Zoundi reconnaissent trouver, grâce à cette activité, de quoi subvenir à leurs besoins.

La SOCOGIB, un gros clients ?

Selon le directeur général de la Société de construction et de gestion immobilière du Burkina (SOCOGIB), Eugène Zagré, le souci premier de sa structure est d’offrir des habitats à un coût acceptable aux populations. De ce fait, la SOCOGIB dispose de véhicules chargés de convoyer les agrégats des lieux d’achat jusqu’aux chantiers.

"Nous ne faisons appel aux vendeurs d’agrégats qui sont sur la route de Pô que lorsque la demande est très forte et que nos véhicules n’arrivent pas à nous satisfaire", a indiqué M. Zagré .

Toutefois, le directeur général de la SOCOGIB reconnaît qu’en ce qui concerne le quartz sa structure fait une demande assez importante à leur niveau, compte tenu du fait de la qualité de leur matériel.

"Ils arrivent aussi à constituer des stocks pour les revendre au moment de manque", note M. Zagré.

Charles Ouédraogo


Le spectre d’un déguerpissement

Conscients qu’ils occupent illégalement l’aire de vente des agrégats, M. Zoundi et ses camarades sont hantés par le spectre d’un éventuel dégerpissement. En effet, reconnaissent-ils, l’endroit qu’ils occupent présentement constitue leur 3e site.

Pour M. Zoundi, au tout début, les vendeurs d’agrégats avaient constitué une association afin de défendre leurs intérêts. Ils avaient également demandé aux autorités communales un endroit pour la vente des agrégats. "Nous avions eu gain de cause. Mais curieusement, l’aire qui nous avait été attribuée a été parcellée pour être affectée à des individus", a indiqué M. Zoundi. C’est pourquoi ils demandent aux autorités politiques et communales de leur venir en aide en leur attribuant un endroit fixe officiellement reconnu où ils pourront exercer leur métier en toute tranquillité.

C.O

Sidwaya

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