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Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

Publié le mercredi 26 mai 2010 à 04h07min

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Mogtédo, localité située à environ 85 km de Ouagadougou dans la province du Ganzourgou, a une particularité : des écoles sous paillotes estimées à 34 sur un total de 54 dans cette circonscription d’enseignement de base. Elèves et enseignants se battent au quotidien contre les intempéries, les uns pour s’instruire, les autres pour accomplir leur fonction.

Hangars couverts de paille soutenus ça et là par des troncs d’arbres et clôturés de murets prolongés par des bâches ou des seccos. Un tableau de classe sur chevalet où toute écriture est illisible.

Quelques tables-bancs, des briques servant de bancs et même que certains élèves sont assis à même le sol. Nous sommes à l’école primaire de Bomboré V1 à Mogtédo. Des établissements primaires de ce genre sont légion dans cette commune de la province du Ganzourgou.

Ces écoles esseulées sont bien loin des concessions. Les élèves parcourent souvent plus de 6 km pour rejoindre leur lieu d’apprentissage. Les classes de fortune ont été érigées de concert avec les parents d’élèves, le conseil municipal et la CEB de Mogtédo pour répondre à un manque d’infrastructures dans la zone. Sans hésiter, les parents d’élèves les ont construites.

Des initiatives qui s’inscrivent dans la politique du gouvernement d’augmenter le taux de scolarisation au Burkina Faso. "Cette politique gouvernementale, qui est l’éducation pour tous d’ici à l’horizon 2015, a stimulé le taux de scolarisation.

Elle est salutaire et volontariste. Notons que toutes ces écoles bénéficient des manuels scolaires que donne le ministère. Et systématiquement, ces classes sous paillotes devraient être remplacées par des écoles classiques.

Cependant, la demande étant très forte, cela n’est pas le cas pour le moment. Du coup, les élèves apprennent dans des mauvaises conditions, les parents souffrent, ce qui semble hypothéquer les performances de l’enseignant", reconnaît l’inspecteur de la circonscription de Mogtédo, Moumouni Compaoré.

Dans ces conditions où il est difficile de faire des résultats, les différents acteurs de l’éducation sont affectés. En premier lieu, les parents d’élèves regroupés en Association des parents d’élèves (APE) et qui ont motivé l’ouverture des écoles.

Certains, comme Oumarou Zoungrana de Bamboré, semblent déjà vouloir baisser les bras : "le découragement se situe à tous les niveaux, à tel point que certains se désolidarisent. Nous renouvelons cette classe à chaque rentrée et il nous faut retrousser les manches car il faut une nouvelle classe pour une nouvelle promotion à la rentrée prochaine. Dans cette classe de CE1, il n’y a que 5 tables-bancs, le reste des élèves sont sur des briques".

En effet, pour une classe de 50 élèves dont 33 garçons et 17 filles, il n’y a que 5 tables-bancs qui plus ne sont pas à la taille des élèves puisqu’ étant auparavant utilisés par le centre d’alphabétisation. Le maître Kourita Kologo est contraint d’arrêter les cours dès les premières pluies. Les élèves souffrent aussi d’autres intempéries. "Nous sommes en classe, mais nous souffrons de l’harmattan, du soleil et du froid. Nous n’avons pas de point d’eau à côté. Mes voisins et moi suivons les cours sur des briques", s’explique un élève.

L’enseignant de cette classe n’est pas au bout de ses peines, lorsqu’il s’agit de réaliser certains matières. Pour la leçon de copie appliquée par exemple qui exige de l’application de la part des élèves, Kourita Kologo est obligé de diviser la classe en groupes en fonction de cinq tables-bancs disponibles.

A quelque 6 km de Bomboré V1, l’école V1 et V2 de Mogtédo présente les mêmes caractéristiques. Constituée de 3 classes-paillotes tenant lieu de classe et avec un effectif de 144 élèves, elle est érigée sur une clairière. Seul le drapeau national indique que l’on est dans un lieu administratif. Trois instituteurs assurent l’éducation des enfants. Les élèves de cette école ont plus de chance que ceux de Bomboré, car une structure œuvrant dans la récupération des enfants sur les sites aurifères leur a doté des tables-bancs.

Evidemment que cette circonscription d’enseignement de base n’est pas la seule à rencontrer de telles difficultés. Pour alléger les difficultés rencontrées dans ces écoles, certaines mesures pourraient être adoptées : l’accès à l’eau potable, la fourniture en tables-bancs, voire une cantine pour ces élèves qui restent à l’école avec souvent de la nourriture faisandée.

Nonobstant, les sollicitations combien nombreuses et diverses du secteur de l’éducation, les acteurs des écoles Bomboré V1 et l’école V1 et V2 de Mogtédo ne perdent pas espoir d’une rentrée scolaire prochaine dans de meilleures conditions.

Remi ZOERINGRE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 mai 2010 à 04:43 En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

    Ou est donc le PDEB ? C’est tout simplement triste.

  • Le 26 mai 2010 à 05:15, par Sidbebe New York En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

    Tout ce que j’ai à dire c’est de feliciter le journaliste qui a fait le reportage, mais surtout de presenter mes respects à ces braves enseignants qui ont tout sacrifier pour ce pays le Burkina Faso, sans oublier tous les autres enseignants qui dans l’ombre construisent le Burkina de demain.J’encourage ces ecoliers à garder le cap. Comme je l’ai toujours dit on ne peut pas parler de developpement avec un peuple ignorant. EDUQUONS NOS ENFANTS COUTE QUE COUTE.La reflection que j’ai à faire est que ces enseignants de brousse rendent PLUS SERVICE AU BURKINA QUE NOS "YES MAN" DE DEPUTES.Si seulement on pouvait dissoudre L’Assemblee Nationale actuelle et utliser son budget pour construire d’autres écoles

    • Le 29 mai 2010 à 20:10, par democrate En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

      Nous devons éduquer nos enfants coûte que coûte quel que soit le prix si nous voulons leur reserver un lendemain meilleur . Je ne dirai pas de supprimer l’Assemblée Nationale ou autre institution républicaine pour investir les budgets colossaux desdites institutions dans l’éducation mais reconnaissons qu’il faut aller dans les sens et utiliser toute sorte de moyens et stratégie pour pouvoir éduquer ces pauvres enfants qui n’auront pas de place dans ce monde sans pitié pour les analphabètes.J’invite nos dirigeants à plus d’engagement et de serieux pour le secteur de l’éducation car je ne peux pas comprendre qu’après 50 d’indépendance où nous utilisions des écoles sous paillottes on continue à le faire aujourd’hui . Est-ce par manque de moyens ? je pense que non au regard des dépenses que notre gouvernement se permet de nos jours je dirai que c’est une mauvaise volonté de leur part ou qu’ils sont devenus indépendants mais restent toujours des parasites qui veulent qu’on vienne toujours financer le secteur de l’éducation pour nous . Le secteur de l’éducation pour moi devrait être un secteur de souverainété qui refuse les financements avec des reformes qui ne repondent pas à nos réalités d’ùu le chômage élevé de nos jours . J’invite nos dirigeants à faire un effort dans l’éducation par la construction de salles de classes car on a plus besoin que de construire de belles autoroutes

  • Le 26 mai 2010 à 09:23, par Tapsoba En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

    Le fief de celui qui fait des pieds et des mains pour le dévérouillage de l article 37 limitant les mendats à deux afin de maintenir Blaise Compaoré au pouvoir au delà de 2015.Imaginez 34/54 écoles en paillotes dans une seule CEB .RMCK,président de l assemblée nationale du Burkina,même si on ne devient pas président pour ne s occuper que de sa région,allez y néanmoins à Oubritenga voir si les situations sont comparables.Ce n est pas pour rien que vous n y drénez pas des foules ,alors que de l autre côté ,on y trouve rarement d opposants même s il n est pas aisé d’« être chez le chef et s opposer au chef » comme nous le rapportait un journal de la place.Quelle honte !!

  • Le 26 mai 2010 à 12:19 En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

    courage aux jeunes freres. J’ai moi aussi été dans une école sous paillotte. Avant la paillotte, on était sous un arbre. j’ai fait un bac+5 et au passage j’ai battu des records. Donc, jeunes freres ne soyez pas complexés. Le savoir c’est avant tout la volonté.

  • Le 26 mai 2010 à 13:10 En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

    Dur dur le faso. Nous devons encourager surtout les enseignants dans ces genres d’écoles.Les autorités et surtout le ministère de l’éducation devraient à chaque fois qu’ils ont l’occasion leur faire savoir que ce sont des écoles qui ne sont pas en marge et qui sont prises au sérieux même si les conditions et les moyens manquent pour le moment. Pourquoi pas une visite télévisée ! Montrons nos réalités

  • Le 26 mai 2010 à 23:21 En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

    Courage aux enseignants qui luttent dans ces conditions pour sauver ces enfants. Mais au Faso pour de telles conditions scolaires en 2010, apres 50 ans d’independance. Comment justifier de telles conditions avec les milliards recus dans le cadre du PDEB ?

  • Le 27 mai 2010 à 09:21, par Amado En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

    Ainsi va le Burkina ! Le cout du palai de Kosyam pouvait construire le nombre d’ecoles et d’hospitaux dont on a besoin au Burkina. Si la honte tuait.

    • Le 27 mai 2010 à 16:50, par Hess En réponse à : Ecoles sous paillotes : Une solution pour instruire à tout prix

      A la limite le palais est sensé être durable pour au moins 100 ans. Que dire alors de toutes ces grosses voitures que l’on achète à tour de bras c’est honteux ! Ceux qui critique les dépenses somptueuses ne sont pas nécessairement de mauvaise foi... je parle entre autres des KORA, des médiations et autres voyages présidentiels, des fameux échangeurs, etc.

      Au Togo il y a des écoles sous paillotes que j’avais trouver très modestes. Mais comparer à ce qu’il y a sur cette image. Les paillotes togolaises sont des "4 étoiles". Voilà entre autres éléments qui font que les pays qui ont apparemment mille problèmes sont mieux classés que nous par le PNUD et les autres.

      Du courage à nos frères et soeurs élèves et enseignants.

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