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Début de campagne en Guinée : Trois semaines de danger permanent

Publié le lundi 17 mai 2010 à 00h27min

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Il y avait deux choses que les opposants politiques, les syndicats souhaitaient depuis quelques années : la fin du régime Conté, même si la personne de Conté suscitait toujours respect au sein de la population pour ses hauts faits d’armes. La seconde est l’avènement d’un scrutin transparent et ouvert. “Même si un militaire remplace Conté, pourvu que ce soit pour une courte transition”, repétaient Mezza Voce plusieurs leaders de partis politiques.

Au jour d’aujourd’hui, ces 2 vœux sont exaucés : le successeur de Sékou Touré a été emporté en fin décembre 2008 par une leucémie et une présidentielle, la première a priori équitable et juste, est prévue pour le 27 juin 2010.

Si l’on excepte l’intermède Dadis Camara, la tragédie du 28 septembre 2009 et les longues palabres guinéennes à Ouagadougou pour trouver le modus vivendi politique, on peut affirmer que le pays revient de loin. Tout en espérant que le train qui est au bout du tunnel en émergera sans couacs. En tout cas, le “la” de la campagne électorale a été donné aujourd’hui 17 mai 2010 sur toute l’étendue du territoire guinéen.

Une officialisation d’une précampagne qui se déroulait déjà depuis plusieurs jours, à telle enseigne que le ministère de l’Administration a dû se fendre d’un communiqué pour mettre en garde les politiques contre cette campagne officieuse.

Ce qui n’a pas empêché les présidentiables de poursuivre allègrement les raouts politiques : Alpha Condé du Rassemblement du peuple guinéen (RPG), qui fait le tour des quartiers de Conakry pour échanger avec ses militants ; Sidya Touré, patron de l’Union des forces républicaines (UFR) qui donne une conférence de presse ; ou encore François Laonseny Fall du Front uni pour la démocratie et le changement (FUDEC) qui s’adresse à ses ouailles ; si ce n’est Cellou Dallein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée qui revient d’Abidjan et qui est accompagné depuis l’aéroport de Gbessia par une marée humaine jusqu’à son domicile.

Ces scènes ont été observées ces derniers temps en Guinée. Si ce n’est pas du marketing politique, ça y ressemble. Le début de cette campagne avait été précédé de la baisse sensible de la caution présidentielle.

De 50 millions FCFA, elle est tombée à 30 millions. Même si ce pactole paraît toujours élevé, il faut saluer sa diminution sensible qui va permettre aux “candidats-cendrillon, côté finances, de pouvoir se mettre sur la ligne de départ, des présidentiables qui sont dotés souvent de programmes politiques formidables.

Depuis que le président intérimaire, le général Sékouba Konaté, a imposé sa marque et depuis que les hommes politiques jouent leur partition, le processus électoral semble se dérouler sans fautes. Certes, le fichier électoral n’est pas exempt de critiques, et si on prend le cas de la Côte d’Ivoire, on sait que le corps électoral est la mère des batailles, dans tout scrutin.

En effet, le bourrage des urnes pour gagner un scrutin est révolu, désormais, on vole scientifiquement, via un fichier en apparence limpide. C’est ce péché dont on accable la victoire d’Abdoulaye Wade en 2007, où les opposants ont employé l’expression “vol informatique de la victoire”. A l’évidence, tout baigne en Guinée Conakry pour qu’au soir du 27 juin 2010 l’on puisse désigner le 4e président de ce pays.

Mais, en vérité, cette campagne électorale est également la période de tous les dangers. Tant que le mot d’ordre était “tous contre Conté”, il y avait une sorte d’union sacrée autour de l’opposition. Pour la présidentielle 2010, le fauteuil est à prendre, étant donné que l’intérimaire n’est nullement intéressé. Même s’il est vrai que certains caciques de l’ancien régime, à l’image d’Aboubacar Somparé, va se présenter.

Or tous les candidats sérieux sont de vieux crocodiles du marigot guinéen qui se connaissent bien, qui ont eu à nouer des alliances, à se combattre et, finalement, à s’observer mutuellement.

Dans une Guinée où les données ethnoriginales sont à prendre en compte dans toute élection, cette campagne peut s’avérer un terreau favorable à des dérapages. Grosso modo, deux grands groupes peuplent ce pays : les Malinké (30 %) et les Peuls (35%). Le reste est partagé entre les Sousous, les Guerzès, les Gnamkankés...

Sékou Touré était Malinké, Lansana Conté, un Sousou bon teint de la Guinée maritime. Dadis Camara, un Guerzé de la Guinée forestière, Sékouba Konaté est également Malinké. Certains estiment qu’il est grand temps que la roue tourne, et le risque de tomber dans des discours ethinicistes est réel.

C’est vrai que chaque candidat a son bastion naturel, généralement son fief natal, où réside son vivier électoral, mais il veut avant tout être le président de tous les Guinéens.

Autant dire que ces 3 semaines de campagne en Guinée sont celles où le danger est permanent. Elles sont classées “rouges”, pour parler comme les diplomates ; terme qu’ils emploient pour qualifier la dangerosité d’un pays. Croisons donc les doigts que les Guinéens sauront prendre ce dernier virage vers leur destin, sans heurts.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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