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RENCONTRE BEDIE-GBAGBO : Le jeu du chat et de la souris

Publié le mardi 11 mai 2010 à 01h49min

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Le chef de l’Etat ivoirien passe, aux yeux de ses contempteurs, pour être un concentré de ruse doublé d’un fin calculateur politique hors pair. A les en croire, il serait comme une véritable corne d’abondances truffée de roublardises. Mais, même eux sont unanimes à reconnaître que ce monsieur Gbagbo, il a de la suite dans les idées. Et ce n’est pas sa toute dernière initiative qui permettra de dire le contraire. Abidjan bruissait ces derniers temps de la nouvelle : Gbagbo demande instamment à rencontrer Bédié. Info ou intox, certains la trouvaient impossible. D’autres la croyaient saugrenue.

Et pour d’autres encore, avec un homme retors de la trempe du président ivoirien, le coup était prévisible. Ce qui au départ, n’était qu’une rumeur est désormais avéré : c’est Laurent Gbagbo qui a sollicité et obtenu une audience auprès de Konan Bédié et qui sera reçu par le chef de file du PDCI à son domicile de Cocody Ambassades. Officiellement, il souhaite le voir en sa qualité d’ancien président de la République, sans doute pour se faire « prodiguer » avis et conseils qui pourraient lui permettre de « négocier » le virage de la sortie de crise. Hum…prudence, ralentir.

On peut se permettre de se montrer dubitatif, et pour cause. Tout d’abord, le demandeur n’est nul autre que Laurent Gbagbo. A la seule évocation du nom, il convient de se tenir sur ses gardes. L’homme, de par le passé, a fini d’administrer la preuve qu’il ne fait jamais rien au hasard. Les exemples en existent à foison. Ensuite, il se trouve que comme par l’effet le plus fortuit du plus pur des hasards, la jeunesse houphouétiste a programmé une marche pour la date du 15 mai. Et, comme par enchantement aussi, la BAD, qui avait dû se délocaliser à Tunis à cause de la crise ivoirienne, manifeste de manière de plus évidente sa volonté de réintégrer Abidjan. On le comprend, son installation en catastrophe dans la capitale tunisienne lui est sans conteste onéreuse et, après tout, il est toujours bon de regagner ses propres pénates, d’autant plus que très officiellement, « la guerre est finie » en Côte d’Ivoire. La quasi concomitance des différents évènements est telle qu’elle peut laisser suspecter quelque savant calcul que mijote une fois de plus Laurent Gbagbo.

Le président ivoirien veut absolument d’un retour de la banque africaine dans son pays. Et pour cause. La Côte d’Ivoire en un un membre non négligeable. Plus, même économiquement parlant, elle apporterait un second souffle à une économie ivoirienne qui, depuis longtemps, peine et a bien du mal à se retrouver. Mais peut-être bien au-delà de ces raisons évoquées, un retour de la BAD à Abidjan sonne symboliquement comme un retour à la normale d’une Côte d’Ivoire depuis longtemps tourmentée par les affres de la guerre. La BAD avait quitté le pays au moment où celui-ci était en crise, elle y revient car la guerre est finie.Le climat social y est désormais apaisé et les autres instances financières auxquelles s’ajouteront les investisseurs de tous bords peuvent à nouveau y affluer car tout y va bien.

Le symbole est tout bon. Et ce n’est pas Gbagbo qui manquera de se l’approprier. Dans ce contexte, la marche fatidique du 15 mai, prévue par les houphouétistes, est une anicroche de taille et à tout prix, il faut l’éloigner comme un spectre dangereux. Le président Gbagbo fait table rase de tous les précédents qui l’opposent à Bédié et pousse la sublimation jusqu’à chercher à rencontrer le chef de file du PDCI…at home. Au motif très officiel que le pays est enlisé et que les conseils d’un ancien président peuvent l’aider à se porter au secours d’une Côte d’Ivoire qui se cherche. Très très patriotique.

Mais, c’est du calculé, tout ça, bien cousu de fil blanc et décidément, ça manque de finesse. Car Bédié lui-même pourrait se demander pourquoi ce regain soudain d’intérêt sur sa personne, manifesté en ce moment par le mentor du FPI. Ne serait-ce pas pour l’amener à jouer les pompiers de service ? Le chef de l’Etat veut de lui pour apaiser les autres « grands » du RHDP et il souhaite que tous fassent pression sur qui de droit afin que la marche du 15, qui fait figure d’une véritable poisse entravant le schéma Gbagbo, se casse. Pour l’obtenir, le président se rend volontiers à Canossa.

Un scénario empreint du pur esprit d’un « blaguer-tuer » original. Le problème en est que le canular est tellement gros qu’il ne trompe plus personne. Cela fait belle lurette que le chef d’Etat ivoirien pratique l’exercice du chat qui s’amuse et rit bien fort, avant de croquer une souris morte de peur. Son initiative de l’heure n’est rien d’autre qu’une tentative de plus. Et sans doute une de trop.

Car, en réalité, ces feintes, dérobades et autres faux-fuyants ont pour simple effet de reculer toujours pour plus tard une équation qu’il faudra cependant un jour résoudre, si tant est qu’on souhaite donner quelque chance à ce pays de sortir enfin de la crise. Forcément, des élections doivent se tenir en Côte d’Ivoire. Un jour ou l’autre. Et la BAD elle-même, comme bien d’autres instances, financières ou non, serait bien heureuse de retrouver son siège dans une ville ivoirienne sereine au sein d’une Côte d’Ivoire apaisée et pacifique parce que des élections saines, crédibles et consensuelles s’y seront tenues à l’issue desquelles un chef d’Etat aura été élu par des Ivoiriens qui le reconnaissent et auront choisi de lui confier leur destinée.

Pourquoi persister à compliquer ce que l’on peut obtenir de manière simple ? C’est le président ivoirien lui-même qui répète à l’envi que la crise est finie en Côte d’Ivoire et la guerre terminée. Prenons-le au mot : pourquoi alors ne pas organiser enfin ces élections tant attendues ? Mais, à y bien réfléchir, l’initiative présidentielle n’a pas que du suspect. Elle représente sans doute une belle opportunité offerte à l’opposition ivoirienne qui devrait la saisir pour monnayer ses services.

Elle pourrait accepter d’annuler la marche du 15 contre la remise d’une autre date : celle définitive de la présidentielle ivoirienne. Auquel cas, on ferait sans doute un pas de plus, le bon. Il faut le souhaiter dans la bonne direction. C’est en cela aussi que la nouvelle pirouette de Gbagbo peut, au fond, avoir du bon. Elle peut, au final, aboutir à quelque accord qui accélère le processus de sortie de crise. Alors, que Gbagbo joue au chat, qu’il chausse des bottes de sept lieues et se dépêche d’aller consulter son « ami » Bédié. Et que de cette conférence au sommet, sorte enfin ce que tout le monde attend.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 11 mai 2010 à 10:45, par Diarradougou En réponse à : RENCONTRE BEDIE-GBAGBO : Le jeu du chat et de la souris

    sachez ce que nvous voulez annoncer, en fin de compte, PARDIS !!!!!!!!!!! Gbagbo est est-il un boulanger dont il faut se mefier ? et le combattre pour cela. Ou alors l’opposition doit composer avec lui, et lui tirer le vers du nez ?

    Cette seconde hypothese est-elle seulement objective ??? Emile Boga Doudou vous le dirait, peut etre, outre tombe .....

  • Le 11 mai 2010 à 12:08, par Koumbem Tipousga En réponse à : RENCONTRE BEDIE-GBAGBO : Le jeu du chat et de la souris

    Bonjour.

    Je ne comprends pas votre analyse et ce que vous voulez monsieur le journaliste. Voulez-vous qu’il laisse encore bruler le pays ? C’est vous les même jpurnalistes qui disanient que Gbagbo est niais, aujourd’hui vous vous plaignez qu’il est rusé.Ëtre rusé est -il une qualité ou un défaut ?

    Vraiment je ne comprends pas l’objet de l’analyse si ce n’est de la litterature pure.

    Bonne journée.

  • Le 11 mai 2010 à 12:31, par samba sadjo En réponse à : RENCONTRE BEDIE-GBAGBO : Le jeu du chat et de la souris

    Bonjour

    Mr le president vous avez tout notre soutient,allez y molo et on verra. Ne vous laissez pas embobiner par les fausses analyses des hommes de medias. MIEU VAUT TARD QUE JAMAIS...

    ssss

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