LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Gestion de déchets électroniques : Les ateliers du Bocage donnent l’exemple

Publié le vendredi 7 mai 2010 à 02h03min

PARTAGER :                          

L’utilisation du téléphone portable s’est véritablement encrée dans la mentalité des burkinabè depuis quelques années. Pourtant ce condensé de polluant comporte bien des risques. Même usés, ils contiennent des polluants cancérigènes. Pour éviter qu’ils ne soient incinérés ou jetés dans des poubelles publiques, l’atelier de Bocage a entrepris de collecter les déchets électroniques en vue de les recycler. Déjà plus de 2000 tonnes ont été collectés.

Le téléphone mobile est un outil qui se démocratise en Afrique. Des enfants aux vielles personnes, tout le monde a un téléphone portable aujourd’hui. Au Burkina, ce sont donc des millions de téléphones mobiles qui circulent. Qu’elles soient neuves ou de seconde main, elles sont appelées à connaître une fin de vie. Il faut gérer cette fin de vie de façon convenable pour ne pas causer de risques à l’environnement et la santé des gens. Or, sur le terrain, un constat s’impose : la gestion de ces appareils laisse à désirer. De l’activité des réparateurs de téléphonie mobile, découlent beaucoup de déchets électroniques car certaines pièces deviennent inutilisables à un moment donné.

Pour s’en débarrasser, ils brûlent ces déchets ou les jettent dans les ordures ménagères. Pourtant, ces deux modes d’élimination sont dangereux. Voilà la raison pour laquelle l’atelier de bocage s’est lancé dans la collecte, le recyclage et la dépollution des déchets d’ordinateurs et de téléphones portables. La cible première n’est autre que les réparateurs de téléphonie mobile. Ils sont les principaux détenteurs de ces pièces dangereux. Ils sont donc recensés, localisés et un ramasseur de l’atelier de bocage fait le tour pour évacuer ces ordures particulières. Des poubelles en plastiques leur ont été offertes.

« Nous leur expliquons que c’est dans un but de protection de l’environnement et de la préservation de la santé des citoyens. Ils sont d’ailleurs les plus exposés », souligne le premier responsable de la structure Mathieu Fodop. Mais, ces arguments ne suffisent pas. Il faut leur proposer quelque chose en retour. « Leur donner de l’argent serait curieux », soutient-il. Pour les encourager, des accessoires de téléphones portables leur sont offerts. « Pour un 1/2kg de déchets, le réparateur obtient soit un chargeur neuf, soit 2 écouteurs, soit 2 câbles USB », précise Alassane Sanou, le chargé de mission recyclage. Son téléphone ne cesse de résonner. « Ce sont des réparateurs qui appellent pour qu’on vienne les débarrasser des débris de téléphones portables ou ses accessoires », nous dit-il. C’est donc dire que la mayonnaise est en train de prendre.

Un condensé de polluants

« Il ne faut jamais mélanger des déchets électroniques aux ordures ménagères », prévient M. Sanou. Pourtant, c’est ce que faisaient les réparateurs de portables auparavant. Ils ne doivent pas subir les mêmes procédés d’éliminations. « Un ordinateur est un condensé de polluant », précise Sanou. Des métaux lourds, des batteries, des cartes mères, des piles, des plastiques, des câbles électroniques, des cartes associés, tout y est et sont tous dangereux pour la santé de la population et aussi pour l’environnement. A titre d’exemple, « une pile d’un ordinateur peut polluer jusqu’à 600 000 m3 d’eau, nous explique-t-il. Les déchets électroniques contiennent « des composants toxiques qui attaquent le système respiratoire, le système immunitaire, neurologique, hormonal, bref, tous les systèmes du corps humain », ajoute Alassane Sanou, l’ingénieur qualité-sécurité-environnement. Même à l’atelier de bocage de Ouagadougou, très peu de déchets y sont démantelés.

On se contente de collecter des pièces rendues inutilisables auprès des réparateurs. Ces pièces subissent des tris. Les chargeurs, les batteries, les coques, chaque type de pièce est stocké à part. Deux trieuses sont commises à cette tâche depuis le démarrage du projet dans son volet déchets de téléphonie mobile. Les précautions de sécurités sont prises pour ne pas risquer leur vie dans cet univers incertain. Au milieu des déchets électroniques, la prudence doit être de mise. Une pièce peut exploser à tout moment. Elles disposent donc de gans, de chaussures de sécurité et de cache-nez. Des extincteurs y sont installés pour pallier toute éventualité…

L’opération de récupération des portables usées et ses accessoires a été lancée le 16 mars dernier. Plus de 300 réparateurs sont déjà dans le répertoire des agents de l’atelier de bocage. En moins de deux mois, environ 2000 tonnes de débris de portables ont été collectés. D’ailleurs les locaux commencent à être exigus. Donc Mathieu Fodop et son équipe ont loué un autre entrepôt à Cissin au secteur 16 de la capitale pour désengorger le siège. C’est dire que la population commence à comprendre le bien-fondé de cette activité de dépollution dans lequel s’est lancée cette structure.

Ce projet, à en croire ces promoteurs, ne vise pas un but lucratif. « Nous n’entendons pas gagner de l’argent en faisant cette activité », souligne M. Fodop. Plus loin, il précise que sa structure fonctionne à perte. Mais, elle doit sa survie à la structure mère, l’atelier de bocage France à qui elle envoie les débris électroniques pour le recyclage. En retour, ce partenaire leur donne du matériel.

D’abord la collecte d’ordinateurs usés

L’atelier de bocage ne collecte pas que des déchets de téléphonie mobile. Les ordinateurs de bureau sont dans son champ d’action. D’ailleurs, le projet a commencé par là. Il a vu le jour en 2005 dans le cadre de la lutte contre la fracture numérique. La structure faisait venir des ordinateurs collectés en France, reconditionnés avant d’être envoyés au Burkina. Ainsi se résumait l’objectif de départ. Une fois au Burkina, ils étaient testés avant d’être mis sur le marché à des prix sociaux. Ce qui permettait à ceux qui ont un pouvoir d’achat limité de s’en offrir. D’ailleurs, les associations se bousculent aux portes de structure affiliée à l’association Emmaüs France.

Ces appareils de secondes mains étant appelées à être inutilisables au bout d’un temps donné, il faut trouver un moyen de gérer leur fin de vie afin qu’ils ne soient pas des dangers pour ses utilisateurs et l’environnement. Donc à partir de 2008, l’atelier de dépollution est mis en place. Il consiste à récupérer les vieux ordinateurs de particuliers, de certains ministères, ambassades et autres institutions. Après démantèlement, les pièces ou les composantes les plus polluantes qui ne peuvent être traitées sur place sont ramenées en France pour être traitées par « nos partenaires avec qui nous travaillons déjà ». Ainsi naquit la boutique informatique et l’atelier de dépollution, de recyclage de matériel informatique, les deux composantes qui existaient jusqu’en 2010 avant que la téléphonie mobile n’entre en jeu.

Au Burkina, voire dans toute l’Afrique, il n’y a pas encore de structure de recyclage de ces déchets. Pour ne pas tomber dans un tâtonnement dangereux, les déchets sont renvoyés en France. L’atelier de Bocage France les recycle car ayant le matériel nécessaire pour le faire. Ici, à Ouagadougou, seulement la collecte, le tri et le concassage sont autorisés. Du matériel adéquat pour cette tâche s’y trouve. A cet effet, la structure dispose d’une concasseuse et les concasseurs prennent toutes les précautions. Bottes, casques, lunettes de protection, tenue adaptée, tout y est pour limiter les risques.

L’activité que mènent les ateliers de Bocage peut-être dangereuse pour ses employés. Mais ce projet, qui né d’une situation, est mis en place pour limiter les risques auxquels sont exposés les utilisateurs de ces outils qui ont bouleversé nos vies. Le téléphone portable est devenu inséparable de notre mode de fonctionnement. Mais Mathieu Fodop tient à rassurer les gens : « il n’y a pas de filière de recyclage appropriée au Burkina. Donc aucun des déchets collectés ne va être recyclé sur place. Ils vont être ramenés en France, remis à des partenaires ayant les capacités techniques nécessaires pour recycler ces genres de déchets de façon à préserver l’environnement et la santé des gens ». Il demande à tout le monde de se joindre à eux pour préserver la santé des citoyens et de notre environnement commun.

Moussa Diallo

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 mai 2010 à 13:14, par anonyme En réponse à : Gestion de déchets électroniques : Les ateliers du Bocage donne l’exemple

    C’est vraiment bien de lutter pour preserver la nature et les hommes. Et si vous commassiez à attribuer uu masque protecteur à chacune des travailleuses sur la photo ? je pense que cela serai encore mieux . Courage dans vos activités.

  • Le 7 mai 2010 à 13:16, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Gestion de déchets électroniques : Les ateliers du Bocage donne l’exemple

    C’est du temps perdu !!! Tout ceci ne servira à rien !!!!

    UNE SEULE CHOSE POUR GARANTIR LE SUCCÈS !

    - Rendre complexe la rentrée dans notre pays les machines de seconde main (ordinateur, téléphones portables, vieux frigi avec du gaz phréon, appareils électroménagers en général, vieux radios, etc.) avec le prétexte fallacieux que c’est ’’France aurevoir’’.

    Il faut décourager les pratiques qui consistent à faire rentrer ces vieilleries-là dans le pays, et qui en plus sur le plan énergétique, ne sont pas du tout efficaces !!!

    Par Kôrô Yamyélé

    • Le 13 août 2010 à 11:02, par boubakari En réponse à : Gestion de déchets électroniques : Les ateliers du Bocage donne l’exemple

      SLT MON GARS
      HUM ! dire que c’est du temps perdu, je vois que l’évolution ne vous intéresse guère,penses-tu qu’en interdisant la rentrée de ces produits donc l’Afrique en manque pour les traitements de l’information pourrai être uns solution exacte ?
      je pense que non monsieur je vous stop et vous demande d’y réfléchir .

      à plus mon gars

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)