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Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »

Publié le vendredi 7 mai 2010 à 02h03min

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En novembre prochain, les Burkinabè sont appelés à élire leur président. Mais en attendant, les préparatifs vont bon train. Dans cet entretien que le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a accordé à Sidwaya, il a surtout été question du bilan de l’opération spéciale d’inscription sur les listes électorales.

Sidwaya (S.) : Quel bilan faites-vous de l’opération spéciale de délivrance d’actes d’état civil ?

Clément Sawadogo (C.S.) : Je dois tout d’abord dire que le gouvernement a ouvert une période de révision des listes. C’était du 1er au 21 mars 2010 et à l’issue de cette première phase, on a trouvé nécessaire de recourir à une période complémentaire qui s’est étalée du 6 au 15 avril passé.

Au terme de ces deux phases de la révision des listes, les résultats qui ont été communiqués par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) nous ont paru assez satisfaisants. Parce qu’ils ne sortent pas de la tendance actuelle, mais ils ne sont pas non plus particulièrement, mauvais. Pour nous faire un peu une idée de ces résultats, nous nous sommes replongé dans l’histoire politique de notre pays.

Depuis l’avènement de la 4e République, nous avons refait l’histoire des recensements électoraux et nous avons également mis en rapport cette observation avec la particularité de l’épreuve de cette année. En faisant donc le point de tous les facteurs et des tendances historiques, nous avons abouti à la conclusion que le résultat de 3 330 792 inscrits annoncés par la CENI était un résultat acceptable. Alors, pourquoi ? Nous avons regardé depuis 1991, les premières élections étaient le référendum constitutionnel, l’inscription avait donné un chiffre estimé à 3 400 000.

En 1992, on a recommencé le recensement et on a inscrit 3 500 000. En 1997, le ministère en charge de l’Administration du territoire avait estimé que le recensement administratif pouvait constituer la base du recensement électoral et avait donc pour ce faire, inscrit près de 5 000 000 personnes.

Mais en rappel, c’était l’élection où on avait du mal à retrouver les gens pour leur remettre leurs cartes d’électeur et où le taux de participation était particulièrement bas. En 1998, on a recommencé et on a inscrit 4 200 000 personnes. En 2002, la CENI a pris en main le recensement électoral. Parce que tous ces recensements dont je parlais, avaient été opérés par l’administration.

En 2002, le recensement fait par la CENI a donné comme résultat 2 900 000 inscrits environ, pour les législatives. Puis elle a opéré une révision exceptionnelle en 2005 qui a permis d’ajouter 1 000 000 de personnes pour faire 3 900 000, une deuxième révision exceptionnelle en 2007, qui a permis d’ajouter à peu près 500 000 personnes. Et c’est cela qui avait porté le nombre d’inscrits à 4 436 556 inscrits en 2007.

Cette année, si on prend en compte le fait que la base du recensement a changé avec des pièces individuelles qui sont exigées et non plus des pièces collectives du genre carte de famille où vous pouvez retrouver 20 à 30 noms du coup, et si on regarde aussi la tendance de l’inscription dans notre pays, on conclut que les 3 330 000 inscrits constituent une bonne base pour la liste électorale qui est de plus grande qualité par rapport à toutes les listes connues dans l’histoire de notre pays. Puisqu’elle s’est établie à partir de pièces individuelles fiables.

C’est vrai qu’à ce stade, l’acte de naissance a été accepté et les intéressés devraient compléter leur dossier par la Carte nationale d’identité burkinabè. On a gagné en qualité et en quantité. On ne peut donc pas dire qu’il y a eu désaffection des électeurs, parce que scientifiquement, rien ne tend à montrer une désaffection. Si vous dites qu’il y a eu une désaffection, cela veut dire qu’il y a eu un moment où les gens étaient plus affectifs, enclins, et il y a eu un autre où de manière conscients et délibérée, se sont retirés de la liste.

Ce qui n’est pas vrai. S’il y a 3 300 000 par rapport aux 4 millions et demi la dernière fois, c’est d’abord parce qu’il y a la question des pièces et ensuite, il y a le fait que les cartes n’avaient pu être obtenues que par un cumul de recensements, c’est-à-dire par trois recensements successifs.

Nous repartons sur de bonnes bases. Pour les prochaines élections, il y aura encore des révisions qui vont permettre de renforcer cette liste, de l’amener encore vers plus de 4 millions voire 5 millions et peut-être même plus. On se rendra compte qu’au Burkina, il y a une très bonne liste électorale qui prend en compte une très grande majorité des personnes en âge de voter et sur la base de pièces fiables, donc infalsifiables.

S. : Y a-t-il encore une possibilité d’une éventuelle opération d’inscription sur les listes électorales ?

C.S. : D’abord, moi je ne considère pas qu’il y a péril en la demeure comme certains le pensent. Il n’y en a aucun. Nous l’avons montré, la tendance est normale, elle est même bonne, compte tenu des paramètres de cette révision. Je ne vois pas a priori pourquoi il faut s’efforcer d’ouvrir tout de suite une période complémentaire encore une fois. Je pense que ceux qui sont inscrits sur la liste, c’est vraiment l’essentiel de l’électorat qui dispose de pièces.

C’est aussi le résultat du travail que la CENI a pu faire, que les partis politiques travaillent également à la mobilisation à un temps « t » donné, donc c’est un peu le résultat de tout ça. Je ne vois pas a priori la nécessité dans l’immédiat.

Si la CENI et les partis politiques le souhaitent, le gouvernement peut examiner cette possibilité. Pour le moment, nous n’avons pas pris l’option de rouvrir tout de suite, une autre période de révision.

S. : Le Burkina Faso compte environ 15 000 000 habitants. Quel est aujourd’hui, le potentiel d’électeurs ?

C. S. : Les chiffres de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) permettent d’estimer la population en âge de voter. D’abord, ce qui nous a été généralement dit, c’est que cette population tourne autour de 35% de la population globale. Parce que nous avons une population qui est très jeune. Mais peut-être que les 35% se modifient avec le temps.

A un moment donné, peut-être qu’on atteint 40%. Aujourd’hui, peut-être qu’on a atteint 40% ou même légèrement un peu plus. Si nous avons 15 millions de Burkinabè, avec ces pourcentages, la population en âge de voter doit se situer entre 5 ou 6 millions de personnes. Mais nous avons d’autres sources qui sont aussi des estimations qui tendent à dire que la population en âge de voter peut atteindre de nos jours, 7 millions de personnes.

On n’est pas très bien situé et comme mon ministère n’est pas la structure qui tranche sur les statistiques, je vous expose les chiffres tels que nous les avons de part et d’autre. Je vais quand même vous dire qu’au Burkina Faso, quelle que soit la base que vous considérez, la population qui vote n’a jamais atteint 2 500 000 personnes. Il ne sert à rien de faire des polémiques incessantes autour des inscrits, puisque la vraie polémique c’est autour même des votants.

La population théorique ne sert pas à grand-chose. Elle donne peut-être une idée du travail que la classe politique doit encore faire pour capter le maximum de Burkinabè, bien entendu avec le travail que nous devons ensemble faire pour que tout le monde ait des pièces pour s’inscrire. Cela montre l’envergure du travail qui nous reste à faire ensemble.

Entretien réalisé par Charles OUEDRAOGO

Sidwaya

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