Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
En novembre prochain, les Burkinabè sont appelés à élire leur président. Mais en attendant, les préparatifs vont bon train. Dans cet entretien que le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a accordé à Sidwaya, il a surtout été question du bilan de l’opération spéciale d’inscription sur les listes électorales.
Sidwaya (S.) : Quel bilan faites-vous de l’opération spéciale de délivrance d’actes d’état civil ?
Clément Sawadogo (C.S.) : Je dois tout d’abord dire que le gouvernement a ouvert une période de révision des listes. C’était du 1er au 21 mars 2010 et à l’issue de cette première phase, on a trouvé nécessaire de recourir à une période complémentaire qui s’est étalée du 6 au 15 avril passé.
Au terme de ces deux phases de la révision des listes, les résultats qui ont été communiqués par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) nous ont paru assez satisfaisants. Parce qu’ils ne sortent pas de la tendance actuelle, mais ils ne sont pas non plus particulièrement, mauvais. Pour nous faire un peu une idée de ces résultats, nous nous sommes replongé dans l’histoire politique de notre pays.
Depuis l’avènement de la 4e République, nous avons refait l’histoire des recensements électoraux et nous avons également mis en rapport cette observation avec la particularité de l’épreuve de cette année. En faisant donc le point de tous les facteurs et des tendances historiques, nous avons abouti à la conclusion que le résultat de 3 330 792 inscrits annoncés par la CENI était un résultat acceptable. Alors, pourquoi ? Nous avons regardé depuis 1991, les premières élections étaient le référendum constitutionnel, l’inscription avait donné un chiffre estimé à 3 400 000.
En 1992, on a recommencé le recensement et on a inscrit 3 500 000. En 1997, le ministère en charge de l’Administration du territoire avait estimé que le recensement administratif pouvait constituer la base du recensement électoral et avait donc pour ce faire, inscrit près de 5 000 000 personnes.
Mais en rappel, c’était l’élection où on avait du mal à retrouver les gens pour leur remettre leurs cartes d’électeur et où le taux de participation était particulièrement bas. En 1998, on a recommencé et on a inscrit 4 200 000 personnes. En 2002, la CENI a pris en main le recensement électoral. Parce que tous ces recensements dont je parlais, avaient été opérés par l’administration.
En 2002, le recensement fait par la CENI a donné comme résultat 2 900 000 inscrits environ, pour les législatives. Puis elle a opéré une révision exceptionnelle en 2005 qui a permis d’ajouter 1 000 000 de personnes pour faire 3 900 000, une deuxième révision exceptionnelle en 2007, qui a permis d’ajouter à peu près 500 000 personnes. Et c’est cela qui avait porté le nombre d’inscrits à 4 436 556 inscrits en 2007.
Cette année, si on prend en compte le fait que la base du recensement a changé avec des pièces individuelles qui sont exigées et non plus des pièces collectives du genre carte de famille où vous pouvez retrouver 20 à 30 noms du coup, et si on regarde aussi la tendance de l’inscription dans notre pays, on conclut que les 3 330 000 inscrits constituent une bonne base pour la liste électorale qui est de plus grande qualité par rapport à toutes les listes connues dans l’histoire de notre pays. Puisqu’elle s’est établie à partir de pièces individuelles fiables.
C’est vrai qu’à ce stade, l’acte de naissance a été accepté et les intéressés devraient compléter leur dossier par la Carte nationale d’identité burkinabè. On a gagné en qualité et en quantité. On ne peut donc pas dire qu’il y a eu désaffection des électeurs, parce que scientifiquement, rien ne tend à montrer une désaffection. Si vous dites qu’il y a eu une désaffection, cela veut dire qu’il y a eu un moment où les gens étaient plus affectifs, enclins, et il y a eu un autre où de manière conscients et délibérée, se sont retirés de la liste.
Ce qui n’est pas vrai. S’il y a 3 300 000 par rapport aux 4 millions et demi la dernière fois, c’est d’abord parce qu’il y a la question des pièces et ensuite, il y a le fait que les cartes n’avaient pu être obtenues que par un cumul de recensements, c’est-à-dire par trois recensements successifs.
Nous repartons sur de bonnes bases. Pour les prochaines élections, il y aura encore des révisions qui vont permettre de renforcer cette liste, de l’amener encore vers plus de 4 millions voire 5 millions et peut-être même plus. On se rendra compte qu’au Burkina, il y a une très bonne liste électorale qui prend en compte une très grande majorité des personnes en âge de voter et sur la base de pièces fiables, donc infalsifiables.
S. : Y a-t-il encore une possibilité d’une éventuelle opération d’inscription sur les listes électorales ?
C.S. : D’abord, moi je ne considère pas qu’il y a péril en la demeure comme certains le pensent. Il n’y en a aucun. Nous l’avons montré, la tendance est normale, elle est même bonne, compte tenu des paramètres de cette révision. Je ne vois pas a priori pourquoi il faut s’efforcer d’ouvrir tout de suite une période complémentaire encore une fois. Je pense que ceux qui sont inscrits sur la liste, c’est vraiment l’essentiel de l’électorat qui dispose de pièces.
C’est aussi le résultat du travail que la CENI a pu faire, que les partis politiques travaillent également à la mobilisation à un temps « t » donné, donc c’est un peu le résultat de tout ça. Je ne vois pas a priori la nécessité dans l’immédiat.
Si la CENI et les partis politiques le souhaitent, le gouvernement peut examiner cette possibilité. Pour le moment, nous n’avons pas pris l’option de rouvrir tout de suite, une autre période de révision.
S. : Le Burkina Faso compte environ 15 000 000 habitants. Quel est aujourd’hui, le potentiel d’électeurs ?
C. S. : Les chiffres de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) permettent d’estimer la population en âge de voter. D’abord, ce qui nous a été généralement dit, c’est que cette population tourne autour de 35% de la population globale. Parce que nous avons une population qui est très jeune. Mais peut-être que les 35% se modifient avec le temps.
A un moment donné, peut-être qu’on atteint 40%. Aujourd’hui, peut-être qu’on a atteint 40% ou même légèrement un peu plus. Si nous avons 15 millions de Burkinabè, avec ces pourcentages, la population en âge de voter doit se situer entre 5 ou 6 millions de personnes. Mais nous avons d’autres sources qui sont aussi des estimations qui tendent à dire que la population en âge de voter peut atteindre de nos jours, 7 millions de personnes.
On n’est pas très bien situé et comme mon ministère n’est pas la structure qui tranche sur les statistiques, je vous expose les chiffres tels que nous les avons de part et d’autre. Je vais quand même vous dire qu’au Burkina Faso, quelle que soit la base que vous considérez, la population qui vote n’a jamais atteint 2 500 000 personnes. Il ne sert à rien de faire des polémiques incessantes autour des inscrits, puisque la vraie polémique c’est autour même des votants.
La population théorique ne sert pas à grand-chose. Elle donne peut-être une idée du travail que la classe politique doit encore faire pour capter le maximum de Burkinabè, bien entendu avec le travail que nous devons ensemble faire pour que tout le monde ait des pièces pour s’inscrire. Cela montre l’envergure du travail qui nous reste à faire ensemble.
Entretien réalisé par Charles OUEDRAOGO
Sidwaya
Vos commentaires
1. Le 7 mai 2010 à 10:54, par christ En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
il s’auto satisfait lui même. Sinon, les résultats ne sont pas satisfaisant pour une bonne démocratie. On devrait avoir autour de 6 millions voire 7. Et, puis, pourquoi comparer ce qui n’est pas comparable : la population en 1991 était de combien ? pratiquement 2 fois moins qu’aujourd’hui.
La réalité est que ce ministère navigue à vue et n’est même pas capable d’estimer la population en âge de voter.
Pour une vraie démocratie, 1 électeur sur 2 inscrit n’est pas acceptable. Ne parlons pas de la suite concernant le taux de votants qui sera sans doute très faible dans le contexte de pseudo démocratie à la Blaise Compaoré.
En plus, on oublie 3 à 4 millions de burkinabè à l’étranger qui ne sont pas inscrit par manque de volonté et, sans doute, peur que ces derniers ne fassent pencher la balance du mauvais côté et risquer de faire perdre la réélection à Blaise.
2. Le 7 mai 2010 à 12:01, par Nobga En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
M. Clément, un responsable ne parle pas la bouche pleine (la traduction littérale en mooré t’aurait fait plus comprendre). Il s’agit là d’abord de ceux qui sont inscrits ayant des CNIB ou pas. Si certains n’arrivent pas à obtenir leurs CNIB pour régulariser, et si certains même inscrits refusent de voter, votre optimisme béat va se transformer en cauchemar car le PF va vous tirer les oreilles. Il est temps pour vous de déjà réfléchir sur des mesures palliatives car demain n’est pas le veille...
3. Le 7 mai 2010 à 12:06 En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
Bonjour a tous les lecteurs de faso net . je voulais tout simplement dire au ministre d etre honnete . Nous savons tous que les gens ne se sont pas inscrient. Donc c est au ministère de trouver une date encore et de sensibiliser la population a sortir s inscrire . Sinon le pourcentage qu on comunique a la population est faux et archi faux.
4. Le 7 mai 2010 à 12:24 En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
Monsieur le ministre,
Votre analyse de la situation est purement subjective et sans fondement réel.
Vous dites que les chiffres de L’INSD estime à 35% le population en age de voter.Je vous demande à quelle date cette estimation est faite ?
Puisque vous dites peut-être cela se modifie avec le temps.
La encore vous n’aviez peut -être pas un diplome de statistique mais c’est honteux qu’un ministre doute aujourd’hui que ce chiffre doit evoluer.
A quoi sert alors notre INSD si on ne peux npas vous donner en temps reel les chiffres necessaires sur la population. globale ;
"La population théorique ne sert pas à grand-chose" voila ce que vous cracher pour soutenir vos propos. C’est pas serieux monsieurle ministre. Vous parlez de democratie et ce n’est pas votre problème la population théorique globale.
Je me demande exatement ce que vous voulez si ce sont les données empiriques de la populations que vous interessents ;
Je doute meme de tous les chiffres que vous avancez dans votre analyse car ces chiffres ne pas verifiables ;
Aider l’INSD à vous doter de chiffres réel.
Le 7 mai 2010 à 14:53 En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
Mr le ministre a sorti le pyjama dernier cri.
5. Le 7 mai 2010 à 13:04, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
De toute manière, on ne pouvait pas s’attendre à autre chose de ta part en tant que ’’le Cousin’’.
Tu es parfaitement dans ton rôle pour lequel tu es là-bas jusqu’à ce qu’on t’y chasse de force !
Pour toi le résultat serait le même : acceptable, même si c’était la famille présidentielle seule qui s’était fait recensée + le Kôrô Yamyélé qui soutient Mr Blaise (mais pas son entourage de faucons).
Par Kôrô Yamyélé
6. Le 7 mai 2010 à 15:21, par rené En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
comment peut-il se satisfaire de ce chiffre ? Ne dit-on pas déjà que quand on n’avance pas, on recule ? Or là, on a reculé de plus d’un millions ! la démission de l’équipe s’impose
7. Le 7 mai 2010 à 18:29 En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
C’est déplorable qu’un Ministre de l’administration ignore les statistiques (population) de son pays surtout en période électorale. Il a un service des études et de la planification qui doit en principe lui fournir au moins ces informations pour qu’il mesure la justesse de son intervention avant de nous raconter sa politique politicienne. Mais comme au Burkina on raisonne au hasard sans preuve tout en pensant berner le peuple et protéger son poste, c’est normal que le Ministre qui est à moins de 100 m de l’INSD raisonne ainsi et en lançant la balle à son collègue de l’économie et des finances qui est censé maitriser les chiffre. Oufff quelle gouvernance ?
8. Le 7 mai 2010 à 18:32 En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
Excellence Monsieur le Ministre trouvez une solution au problème des parcelles(surtout Boulmiougou )si vous voulez que les 3.33millions inscris votent.autrement dit......
9. Le 7 mai 2010 à 23:56, par Koutou Moctar En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
C’est très grave dans ce pays. En tant que Ministre de l’administration territoriale M. Sawadogo doit maitriser les chiffres sur la population qu’il administre. Les recents chiffres du recensement general de la population sont là. Avec une simple calculette on peut obtenir la population en âge de voter. Ce n’est pas la peine de fuir ses responsabilités en disant que les statistiques ne relèvent pas du MATD. Ensuite la vraie question est de savoir pourquoi dans un pays de 14 millions d’habitants avec un potentiel de 7 millions de votants, seulement 2.500.000 iront voter (precisement 2.273.674 votants à la presidentielle de 2005). C’est ça qui doit nous préoccuper tous parce que dans ces conditions il n’y a pas de quoi pavoiser en parlant de "80,3% à hauteur d’homme". Mais au lieu de cela on fait la politique de l’autruche en disant qu’il y a rien de catastrophique. Ainsi va le BF.
10. Le 9 mai 2010 à 16:23 En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
C’est le meilleur du gouvernement.
Il devrait se présenter à la présidentielle. Il est très cultivé, méthodique, consciencieux et respectueux des valeurs humaines.
Bravo monsieur le Ministre.
11. Le 10 mai 2010 à 20:22, par Number6duNom En réponse à : Clément Sawadogo, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation : « Les résultats du recensement électoral sont acceptables »
La population théorique ne sert pas à grand-chose oops oops oops !! hey oui c’est ce à quoi servent les statistiques au Burkina Faso !! Pas a grand-chose !! et dire qu’on s’evertue à faire des dépenses colossales pour des RGPH !! ouh ouh ouh ! : ! Beh il est donc temps d’arrêter les gaspillages ! ou bien y’en a qui ne doivent plus être là ou ils sont actuellement !! suivez mon regard