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1er MAI EN AFRIQUE : Gbagbo rompt avec le rituel

Publié le lundi 3 mai 2010 à 01h30min

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Les travailleurs du monde entier ont célébré le 1er mai dernier, la 124e fête du travail. Ceux d’Afrique n’ont pas été en reste. Et c’est pourquoi l’on a assisté çà et là à des remises de cahiers de doléances des syndicats aux ministres du Travail de leurs pays. Par endroit, ces derniers se sont adressé aux travailleurs à travers des messages dans lesquels sont faits le point des actes posés ou des démarches entreprises pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. En somme, le rituel que l’on voit à l’occasion de cette journée. Mais cette année, le 1er Mai a pris des accents particuliers dans trois pays africains. Un tour d’horizon de la célébration de cette fête et on constate en effet que les Comores, le Gabon et la Côte d’Ivoire ont retenu l’attention de plus d’un observateur.

Aux Comores, la célébration de la fête du travail a coïncidé avec l’annonce d’une bonne nouvelle pour les fonctionnaires : le paiement de 7 mois d’arriérés de salaires grâce à la générosité de l’émir du Qatar qui était tout récemment en visite dans ce conglomérat d’îles. Toutefois, la nouvelle n’a pas particulièrement réjoui les travailleurs comoriens qui estiment que c’est bien de régler 7 mois d’arriérés mais que ce serait encore mieux si c’était la totalité des 35 à 45 mois de salaires impayés par l’Etat depuis 1995. Et cela sans avoir à tendre la main à l’extérieur. Autre pays, autre particularité du 1er Mai : le Gabon.

Au pays de Ali Bongo Ondimba, les syndicalistes ont accompagné leur cahiers de doléances d’un préavis de grève générale illimitée qui court jusqu’au 17 mai, délai donné au gouvernement pour satisfaire des revendications comme la valorisation de la concertation dans le cadre du dialogue social tripartite, la réduction du prix du gaz et du ciment, la suppression de la TVA dans les factures d’eau et d’électricité, etc. Le gouvernement, redoutant sans doute la paralysie en vue, a décidé de prendre le taureau par les cornes. C’est le moins que l’on puisse dire avec l’annonce faite par le Premier ministre gabonais d’examiner dès demain 4 mai le cahier de doléances et de rencontrer le 5 mai toutes les centrales syndicales. Le maintien ou non du mot d’ordre de grève illimitée dépendra des réponses que le gouvernement apportera aux revendications des travailleurs.

De toutes les particularités ayant marqué le 1er mai 2010, celle de la Côte d’Ivoire retient de loin l’attention, avec le discours que le chef de l’Etat a prononcé à l’occasion. Cette sortie tranche avec le rituel habituel observé en Afrique et même dans le monde entier. Certes, Laurent Gbagbo a saisi l’opportunité de la fête du travail mais son discours va au-delà du monde des travailleurs. De ce qu’il nous a été donné d’entendre ou de lire de ce discours, le premier des Ivoiriens n’a pas parlé d’augmentation de salaires. Ce dont il a été le plus question et qui ne laisse pas indifférents les travailleurs ivoiriens, c’est l’élection présidentielle. Gbagbo a rompu le silence sur cette élection dont on ne parle plus depuis que la fourchette de fin février début mars dans laquelle la consultation devait être organisée n’a pu être respectée. Gbagbo rassure que l’élection présidentielle aura bel et bien lieu en 2010 tout en se gardant de donner une date précise, pas même une nouvelle fourchette.

A tous ceux qui le suspectent de vouloir fêter le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire en août avant de daigner organiser la présidentielle, Laurent Gbagbo fait savoir que "si d’ici, le 7 août on n’a pas encore fait les élections, nous allons faire un petit défilé comme d’habitude et nous allons rejeter le grand défilé militaire du cinquantenaire après les élections". Le chef de l’Etat ivoirien compte bien prendre son temps pour organiser des élections "propres, transparentes, justes, équitables, inclusives". Pour cela, les listes électorales seront nettoyées pour extirper les fraudeurs de la nationalité ivoirienne. Gbagbo a parlé et on attend de voir si cela va influer positivement sur le cours des événements. Si professer que l’on veut organiser les élections à tout prix pouvait faire sortir la Côte d’Ivoire de la mauvaise passe dans laquelle elle se trouve, il y a bien longtemps que la crise serait un mauvais souvenir en Eburnie.

Malheureusement, il ne suffit pas de proclamer que l’on veut des élections pour qu’elles se tiennent toutes seules. Il faut surtout de la sincérité sinon il ne peut y avoir de scrutin que certains appellent de tous leurs voeux alors que d’autres oeuvrent dans le même temps à ce qu’il ne puisse pas se tenir. Gbagbo aime les symboles et n’hésite pas à les utiliser pour proclamer la fin de la crise ou annoncer la tenue imminente de l’élection présidentielle qui devait avoir lieu en 2005, année de la fin du mandat de Laurent Gbagbo. Mais jusque-là, les symboles ne lui réussissent pas car ce qu’il annonce à l’occasion a du mal à se concrétiser. Alors, le symbole du 1er Mai 2010 connaîtra-t-il le même sort que les autres, notamment la flamme de la paix, allumée il y a déjà des années à Bouaké ? C’est la question que l’on est en droit de se poser surtout que 48 heures avant la sortie de Gbagbo, des éléments des Forces nouvelles se sont tirés dessus comme des lapins, semant de ce fait la panique dans cette même ville de Bouaké dans le Nord du pays. Mais ne jouons pas les oiseaux de mauvais augure et prions pour que la présidentielle se tienne enfin cette année comme semble le souhaiter ardemment Laurent Gbagbo.

Séni DABO

Le Pays

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