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Forces nouvelles : De la rébellion au gangstérisme

Publié le lundi 3 mai 2010 à 01h31min

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Ce jeudi 29 avril 2010 à Bouaké, dans le “Far North”, il n’en a pas fallu plus de trois morts, au terme d’affrontements entre ex-rebelles, pour nous renvoyer aux pires moments de la crise dans laquelle s’est embourbé le pays d’Houphouët depuis un certain 18 septembre 2002 ; huit si longues années donc.

Revivons un peu la scène telle que contée par les témoins. Dans ce qu’il convient désormais d’appeler l’eldorado ivoirien et ce, depuis la fin officielle du concert des armes, les ex-rebelles mués en Forces nouvelles contrôlent les points stratégiques par clans ou par gangs, comme on en voyait jadis dans le Far West.

Et ce jeudi, des éléments du commandant de zone, Cheriff Ousmane, s’aventurèrent au siège de la SIBACO, Société de production de sacs d’emballage, sécurisée par des hommes proches du chef d’état-major adjoint autoproclamé Issiaka Ouattara, alias Wattao, pour y enlever un employé. Une incursion qui s’est soldée par des échanges de tirs et qui ont coûté la vie à deux combattants, un civil et fait plusieurs blessés graves. Hélas, la scène dont ont été témoins ce jeudi les paisibles populations n’est, malheureusement, pas la première à mettre à nu les querelles entre factions des Forces nouvelles.

Pour l’histoire, nous ne retiendrons que celles ayant entraîné la disgrâce du légendaire Ibrahima Coulibaly, alias “IB”, ce sergent qui tutoyait les généraux ; la guerre sourde que se livrent les commandants de zone “com-zone” pour le contrôle des mines d’or ; et l’attentat à la roquette manqué contre l’avion de leur leader, le Premier ministre Guillaume Soro, dans la capitale du Nord ivoirien.

Preuve, si besoin en est encore, qu’au sein des Forces nouvelles qui contestent toute légitimité et toute légalité à Laurent Gbagbo, la main sur la détente, tous les cœurs ne battent pas à l’unisson ; loin donc de constituer une rébellion exemplaire, telle que nous l’écrivions dans ces mêmes colonnes aux premières heures de leur odyssée. Rackets, enrichissement à outrance, gangstérisme et criminalité semblent aujourd’hui, en effet, leurs hauts faits d’armes.

Ce qui peut expliquer que tous ne partagent pas l’évangile du désarmement prêché par l’historique accord de Ouagadougou, signé le 04 mars 2007 par tous les protagonistes de la crise. En tous les cas, et plus que jamais, la question est de savoir si Guillaume Soro, durement éprouvé par les tirs groupés du camp présidentiel, tient encore ses hommes.

La négative se veut cette sentence qui nous convainc que malgré l’assistance de la communauté internationale et les médiations entreprises de toutes parts, les portes de l’enfer ne font que se rapprocher d’Eburnie, et pour cause.

L’élection présidentielle, mille fois annoncée depuis 2005 et autant de fois reportée, est plus que jamais renvoyée aux calendes grecques ; plombée par cet introuvable fichier électoral qui vient de remettre au goût du jour, hélas, le concept de l’ivoirité.

N’en déplaise au locataire du palais de Cocody, Laurent Gbagbo, qui, à la faveur de la fête du Travail ce 1er mai, a promis à ses compatriotes un scrutin présidentiel transparent, juste, équitable et inclusif en cette année 2010, mais seulement après que les fameuses listes électorales auront été nettoyées, et la Côte d’Ivoire réunifiée.

Au moment où l’on y fête la liberté, et avant de célébrer pompeusement le cinquantenaire de l’indépendance en août avec un président démocratiquement élu, foi de l’enfant terrible de Mama, ne voilà-t-il pas que tous les ingrédients sont réunis pour faire mijoter la popote ? Hier seulement inquisiteurs, l’ex-rébellion de Guillaume Soro et le camp présidentiel ne devraient point s’étonner de se retrouver demain au banc des accusés.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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