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PRISE D’OTAGES AU NIGER : AQMI défie Flintlock

Publié le lundi 26 avril 2010 à 01h46min

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Le filet de la branche d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) a encore fait une prise assez importante le jeudi 22 avril dernier. Un gros poisson, représenté ici par un touriste français âgé de 70 ans, plus un autre plus petit, le chauffeur algérien de ce dernier. Ces deux rapts sont intervenus quelques jours après la libération non sans peine du couple italo-burkinabè dont les ravisseurs étaient des extrémistes affiliés au même mouvement terroriste. Et bien avant ces deux tourtereaux, bien d’autres expatriés ont été engloutis dans la nasse d’AQMI, faisant de la bande sahélo-saharienne une zone très dangereuse.

C’est à croire donc qu’aucune graine n’a été prise par ces deux derniers otages, de toutes ces situations traumatisantes dont ont été victimes leurs compatriotes et dont une large médiatisation a été faite. A défaut de considérer cette vaste portion de territoire comme un périmètre rouge et s’abstenir de s’y aventurer, si tant est que la tentation touristique est irrésistible, certaines précautions sécuritaires doivent être prises par ceux qui viendraient à traverser ce grand désert. Et cette obsession des Occidentaux pour cette zone à grands risques pourrait à la longue éveiller d’autres soupçons chez les preneurs d’otages. Ces derniers peuvent assimiler cet entêtement des touristes à un espionnage dont le but serait

d’ étudier le terrain en vue de préparer une intervention visant à traquer les kidnappeurs. Cela peut avoir pour conséquence un changement du mode de traitement que ces derniers ont réservé jusque-là à leurs victimes. Les échanges de prisonniers ou la libération moyennant une rançon, risquent, dans ce cas de figure, de se muer en exécutions pures et simples de tout otage suspect. A peu de chose près, cet énième enlèvement s’apparente à un défi lancé par AQMI à l’opération militaire d’envergure internationale en préparation, dénommée "Flintlock". Cette grande manoeuvre anti-terroriste qui aura pour lieu de théâtre la bande sahélo-saharienne se présente comme une menace pour les islamistes qui y opèrent. De deux choses, l’une. Soit ils ont voulu par ce kidnapping qui a eu lieu un mois avant la tenue de cet exercice militaire, prendre les devants, espérant ainsi intimider l’adversaire. Soit les disciples de Ben Laden veulent profiter du temps de finalisation de Flintlock pour prendre leurs éventuelles dernières proies, ce qui est moins évident.

Certes, les pays concernés par ces rapts répétés de leurs ressortissants attendent beaucoup de ce programme militaire placé sous l’égide du commandement américain de l’Afrique, US Africa Command, et de celui des opérations spéciales de l’Afrique, SOCAFRICA. Toutefois, en attendant que cette trouvaille produise les effets escomptés, un renforcement des actions locales concertées doit être poursuivi, que ce soit sur le plan diplomatique ou sur le plan militaire. Des accords comme celui autorisant l’armée malienne à poursuivre les terroristes sur le sol algérien, et vice versa, sont à multiplier, et leur mise en oeuvre à faciliter par des décisions politiques pratiques et courageuses. Les deux armées malienne et nigérienne se sont lancées aux trousses des ravisseurs du touriste français. Est-ce le début d’une vraie coopération anti-terroriste entre les deux pays ? Si non, il est plus que temps, face à la gravité de la situation, d’y songer.

Honoré OUEDRAOGO

Le Pays

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