LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Kindo et Sayouba, deux magnats de l’or se disputent les trous d’Essakane

Publié le mercredi 21 avril 2010 à 03h24min

PARTAGER :                          

Deux sociétés privées burkinabè se disputent les trous des orpailleurs d’Essakane. Il s’agit de SOMIKA et de SAV’OR, appartenant respectivement à Adama Kindo et à Sayouba Sawadogo, deux gros acheteurs d’or installés à Ouagadougou. Chacune de ses sociétés convoite les sites d’orpaillage d’Essakane et alentours pour installer un comptoir d’achat de l’or. Chaque société a ses relais locaux dont les puissants acheteurs d’or d’Essakane.

Deux groupes se sont constitués donc et se regardent en chiens de faïence. Au milieu d’eux, les orpailleurs qui, eux, ne veulent pas entendre parler de comptoir sur leurs sites. Ils y sont catégoriquement opposés : " Les gens des comptoirs sont des escrocs. Ils viennent prendre le fruit de notre dur travail en achetant à vil prix notre or ", fulmine Karim, un orpailleur qui dit avoir déjà eu affaire à un comptoir sur le même site d’Essakane. A titre de comparaison, l’orpailleur vend aujourd’hui un gramme d’or entre 17 000 et 19 000 f CFA alors que sur les sites où sont installés les comptoirs, le même gramme d’or lui revient à moins de 12 000 f CFA. Pour les orpailleurs, l’issue de la querelle entre SOMIKA et SAV’OR ne les intéresse pas. Ils ne veulent ni l’une ni l’autre.
La tension était montée d’un cran entre les deux camps durant tout le dernier trimestre de l’année 2009.

Elle faisait suite aux dépôts par les deux sociétés de leurs demandes respectives auprès de la société IAMGOLD pour l’obtention du permis d’installation du comptoir. Cette société canadienne détient en effet le permis d’exploitation du périmètre convoité par les deux sociétés burkinabè. Pour éviter les remous que ne manquerait pas de causer l’interdiction totale de l’orpaillage sur le périmètre, elle tolère l’activité, mais aurait souhaité qu’elle soit mieux organisée. C’est dans ce sens que l’idée d’installer un comptoir a fait son chemin, encadrée par la société et le ministère de tutelle. Il restait à s’entendre sur la société à choisir et c’est là que ça coince sérieusement. SAV’OR qui travaille avec la majorité des acheteurs locaux a été le premier à s’intéresser à l’affaire. Ses clients locaux autour de Yacouba Sawadogo et de Sidi Lamine dit le Chinois ont fait les démarches pour lui auprès de IAMGOLD.

En réaction, SOMIKA a actionné les siens. Zakariyaou Amadou Maïga s’en est occupé. Le patron de SOMIKA, Adama Kindo, va se déplacer lui-même à Essakane pour s’entretenir avec les responsables de la société minière. Les tractations allaient bon train quand les éléments qui soutiennent la société SAV’OR ont fait volte face, disant leur opposition à l’installation d’un comptoir sur place. Ils seraient allés voir le député Diemdioda et le maire de Gorom pour qu’ils les soutiennent. Ils seraient revenus "monter" les orpailleurs contre l’autre camp présenté comme des " traîtres" qui veulent installer un comptoir pour spolier les pauvres populations. "Moi je traite avec SAV’OR, mais je veux pas de comptoir à Essakane car je connais les méfaits des comptoirs ", note le Chinois.

" C’est malhonnête de leur part. Ils n’ont pas dit la vérité à la population. C’est eux qui ont commencé sans consulter qui que ce soit dans cette affaire de comptoir. Ils sont allés clandestinement voir le DG de IAMGOLD pour lui demander l’autorisation d’installer la société SAV’OR sur le site. Eux seraient ses représentants ici. C’est en sachant leur manigance que nous aussi, on est allé voir SOMIKA. Ils ont eu peur de la concurrence, voilà pourquoi, ils ont préféré retirer leur idée de comptoir et monter maintenant les orpailleurs contre nous", affirme Zakariyaou Amadou Maïga, le représentant de SOMIKA. Les demandes des deux sociétés sont actuellement gelées en attendant de concilier les deux camps sur place. Tous les acteurs sauf bien sûr les orpailleurs sont d’accord pour l’installation d’un comptoir.

La mairie de Gorom ne serait pas opposée à cette idée. Elle trouve au contraire son compte avec les recettes que cela pourrait lui procurer. Maintenant, il reste les implications politiques de l’affaire. Le député Diemdioda dont le parti gère la commune de Gorom ne veut prendre aucun risque de perdre l’électorat d’Essakane. Il veut être en phase avec les populations des localités d’Essakane et alentours qui sont non négligeables en termes de voix. Seulement, selon certains observateurs, le statu quo n’arrange pas la commune. Aujourd’hui, les revenus de l’or profitent peu à la commune. Avec la communauté nigérienne très forte dans les sites, une bonne partie de l’or est vendue au Niger. Selon toutes les parties, il est pourtant possible de règlementer l’activité sans faire appel à un comptoir. Une auto organisation des acteurs sur place (orpailleurs et acheteurs d’or) avec l’appui de la commune et de la société minière pourrait faire l’affaire de tous. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire.

Par Idrissa Barry

L’Evénement

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 avril 2010 à 10:44 En réponse à : Kindo et Sayouba, deux magnats de l’or se disputent les trous d’Essakane

    Il faut régler ce problème,la collectivité doit quand même bénéficier de l’exploitation de l’or. Sinon laisser l’or être vendu au Niger sans retombé sur la commune, ce n’est pas une idée correcte car quand il n’y aura plus ’or c’est la commune qui devra gérer les conséquences de cette exploitation. Alors que le MMCE et les hommes politiques se concertent pour arrêter l’exploitation à perte de la commune.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)