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5e ANNIVERSAIRE DU PONTIFICAT DE BENOIT XVI : Comment sortir la barque des tempêtes ?

Publié le mardi 20 avril 2010 à 02h33min

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Le 19 avril 2005, le cardinal Joseph Ratzinger était élu, à Rome, au trône de saint Pierre, en remplacement de Jean-Paul II disparu quelque temps plus tôt. Son élection sitôt connue, beaucoup déjà se disaient que le nouveau pape n’aurait pas la tâche facile. Il ne ressemblait en rien à celui qu’il remplaçait. Ni par les origines, ni par le parcours, ni par le charisme. De plus, c’est connu, il est extrêmement difficile d’assumer l’héritage d’un géant de la trempe de Jean-Paul II, et surtout de le faire fructifier. Mais, à la vérité, personne ne se doutait que le pontificat de Benoît XVI devrait faire face à de si orageuses tempêtes.

A tel point que le contexte dans lequel se déroule le cinquième anniversaire de l’élection de Benoît XVI à la tête de l’Eglise est des plus tourmentés. En cinq ans, son pontificat aura été émaillé de polémiques auxquelles auront succédé des scandales en cascade. A tel point qu’il n’est pas saugrenu de penser que l’Eglise catholique, si un jour elle sort de ces crises successives, est vouée à ne plus être la même. Et pourtant, le charisme de Jean-Paul II, même au soir de sa vie, le magnétisme qu’il exerçait sur les foules (chrétiennes ou non) et tout particulièrement sur les jeunes du monde entier, ont fait croire un temps que tout allait bien dans l’Eglise. Lui, disparu, on devait vite réaliser qu’on était presque loin du compte. Car bientôt, devait se produire ce qu’il convient de nommer "cassure" entre l’institution et les foules des fidèles. Des actes posés en sont jusqu’à présent les signes visibles.

Vite, on se rappela qu’avant d’être Benoît XVI, Joseph Ratzinger–alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi- avait déjà signé en 2000 une encyclique papale, "Dominus Jesus" qui affirmait la supériorité du christianisme sur les autres religions. Le document n’a pas vraiment plu, et a suscité des commentaires passionnés d’adeptes d’autres croyances.

En 2006, le discours de Ratisbonne, dans lequel, le pape établit un lien entre l’Islam et la violence, viendra déclencher un tollé du monde musulman où les mahométans avouaient ne rien comprendre à cette attitude d’un pape qui, cependant, se déclarait en faveur du dialogue inter religieux. Avec les Juifs, ce ne sera guère mieux : en mai 2006, alors en visite dans l’ancien camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, Benoît XVI irritera la communauté juive en attribuant les horreurs commises par les nazis à un "groupe de criminels" qui ont "abusé" des Allemands pour s’en servir "comme instrument de leur soif de destruction et de domination". Les juifs du monde entier en furent consternés. Dans l’Eglise même, la levée de l’excommunication des quatre évêques intégristes de la communauté St Pie X, représentera un immense choc pour une grande partie des catholiques du monde entier.

Il y eut ensuite la libéralisation de la messe tridentine, le maintien de la prière du vendredi saint "pour la conversion des juifs" et, dernière mesure mais pas la moindre, la proclamation de Pie XII "vénérable", première étape vers la béatification d’un pape pourtant accusé d’être resté silencieux sur le sort des juifs durant la seconde guerre mondiale. Mais le plus dur restait sans doute à venir. Le scandale de la pédophilie devait finir par éclater au grand jour, éclaboussant des pays en succession : les Etats-Unis, l’Australie, le Mexique, l’Irlande, le Brésil, l’Allemagne. La liste n’est pas exhaustive. Dans tous ces pays, des prêtres et des prélats sont montrés du doigt. Dans certains pays, on réclame justice et réparation. Dans sa propre patrie, Benoît XVI est lui-même accusé d’avoir protégé son frère en refusant de dénoncer ses pratiques de pédophilie, alors qu’il était bien au courant des tendances licencieuses du prélat.

Mais là où le souverain pontife est digne d’admiration, c’est qu’il accepte faire face. Et c’est bien là la preuve qu’il peut conduire la barque hors de la tourmente. A l’opposé des déclarations de dignitaires de la Curie romaine qui se défendent becs et ongles, des accusations lancées par la presse depuis un certain temps, Benoît XVI semble avoir choisi l’humilité, la compréhension qui se traduisent en demande de pardon. Le dernier acte qu’il aura posé en ce sens est assurément la rencontre qu’il a eue avec des victimes de pédophilie. Il a choisi de prier avec eux, à Malte et a fini par verser des larmes en leur présence. Si ce n’est pas suffisant, c’est tout de même cela de déjà pris. Reste à savoir si les contempteurs de l’Eglise sauront s’en contenter. Aujourd’hui, plus que jamais, le sacro-saint principe qui oblige les prêtres à la chasteté dans le célibat, pose problème. Plus que jamais, cette tendance qu’a l’Eglise depuis toujours de considérer la "sexualité" comme l’instrument de la tentation diabolique mérite d’être remise en cause.

La chasteté a été préférée à la sexualité, dans l’histoire de l’Eglise, au motif qu’alors que la première permet d’atteindre les hauts sommets de la spiritualité, la seconde serait vile, méprisable et ne peut conduire qu’à des pratiques bassement charnelles. Peut-on, en ce début de 21e siècle, continuer de poser comme préalable, à ceux qui désirent servir l’Eglise dans le sacerdoce, de s’engager à le faire par la chasteté vécue dans le célibat ? Au vu des dérives observées de nos jours, il convient sans doute d’accepter, en toute humilité, de réfléchir à la question. Car s’il est vrai que de nombreux prêtres, à travers le monde, se commettent à leur tâche sacerdotale et sont admirables de courage, de labeur et d’abnégation, nul ne saurait cependant nier qu’il en existe d’autres qui vivent avec toutes les peines du monde cette discipline du célibat-chasteté imposée, avec toutes les difficultés affectives et psychologiques qu’elle ne manque de leur créer quotidiennement.

Et c’est à ceux-là aussi que l’Eglise a le devoir de penser. Nul ne peut aujourd’hui, dire avec précision quand cette tempête qui frappe l’Eglise de plein fouet, prendra fin. Tout comme on ne saurait prévoir la réaction du souverain pontife quant au coup de barre qu’il choisira de donner, et dans quelle direction. Mais une chose est sûre, l’Eglise catholique, une fois cette difficile crise apaisée, aura tout pour ne plus être la même. Et c’est en cela que les tourments qu’elle ressent aujourd’hui, peuvent paradoxalement se révéler fort salutaires.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 20 avril 2010 à 15:54, par patrwen En réponse à : est ca etre journaliste ?

    "Dans sa propre patrie, Benoît XVI est lui-même accusé d’avoir protégé son frère en refusant de dénoncer ses pratiques de pédophilie, alors qu’il était bien au courant des tendances licencieuses du prélat." dixit le PAYS

    un journaliste se doit de toujours vérifier ses sources.
    tapez "le frère du pape sur google" et voyez si vous trouverez un seul lien d’un journal européen ou allemand accusant le frère du pape de pédophilie à plus forte raison accusant le pape de l’avoir protégé.

    D’autres affirmations du "pays " ne sont pas toutes exactes et j’en donnerais les détails avec les éléments permettant de les vérifier.

    • Le 21 avril 2010 à 01:24, par Welgui En réponse à : est ca etre journaliste ?

      L’ignorance d’un journaliste est vraiment décévant mais alors les pauvres gens comme nous qui buvons tout ce qu’on nous dit ou nous fnous fait croire, quelle ignorance !!!

  • Le 20 avril 2010 à 16:29, par Nabzabda En réponse à : 5e ANNIVERSAIRE DU PONTIFICAT DE BENOIT XVI : Comment sortir la barque des tempêtes ?

    Belle analyse. Ce Pape herite vraiment d’un geant, et cela deja etait une tache lourde.
    Maintenant la question du celibat et de la chastete, soyez sur M. le Journaliste, ca ne se trouve pas dans l’agenda de Benoit XVI, concervateur qu’il est !!!
    Dieu sauve son Eglise et nous les non-Catholiques avec.

  • Le 21 avril 2010 à 01:20, par Welgui En réponse à : 5e ANNIVERSAIRE DU PONTIFICAT DE BENOIT XVI : Comment sortir la barque des tempêtes ?

    C

    Christ Hier, Christ Aujourd’hui, Christ demain pour tous et toujours."Sur cette pierre friable, de glaise, je bâtirai mon Eglise et les puissances ne vaudront pas sur elle."L’Eglise épouse du Christ sera la même, c’est nous qui changeons, l’homme avec son péché est appélé au changement.
    Et puis, qui a empêché la justice de faire son travail ?Surtout pas l’Eglise ni Benoît XVI qui porte le poids de tous les péchés des hommes d’Eglise actuellemnt.Des pédo il y en aura toujours et chacun doit répondre de ses actes devant la justice.N’oublions pas que Benoît XVI ne pouvait pas faire ce qu’il voulait car il appartenait à l’époque à un corp:l’Eglise et appartient encore à cette Eglise.Il suffit que ce soit un prêtre et c’est parti, on multiplie par dix le nombre de prêtres.La presse trouve de l’eau pour faire tourner son moulin.C’est touchant les larmes d’un évêque à plus forte raison un Pape.cela me va droit au coeur.Benoît XVI a rendu un service énorme aux fanatiques ! encore faut-il comprendre son langage.Jean-Paul II a souffert durant son pontificat pour les mêmes problèmes !prêtres...préservatif...attentat...star des croyant...maladie...qui a su ? Pour ma part, je crois à la sincérité des hommes d’Eglise et je crois que le pape est un héritage pour le monde.son langage peut parfois nous choquer mais en réalité si nous l’analysons, nous trouverons une source de vie.veuillez m’excuser pour mon optimisme

    • Le 23 avril 2010 à 17:28, par SOUGRIIIII En réponse à : 5e ANNIVERSAIRE DU PONTIFICAT DE BENOIT XVI : Comment sortir la barque des tempêtes ?

      GRAND MERCI Mr WELGUI,

      Vous nous épargner de devoir répondre longuement A ce journaliste quelque peu dangereux.
      En effet, soit il est de bonne foi, et alors serait d’une ignorance crasse sur le sujet délicat qu’il ose traiter avec légèreté, soit il est de mauvaise foi et alors, il faut se taire au risque d’oser vouloir réveiller quelqu’un qui proclame a haute voix qu’il dort.
      J’ai tellement de respect pour le journal =le pays= que je souffre d’y lire tant de mensonges et d’affirmations gratuites.
      Enfin ! Soyons tolérants et prions pour l’auteur de cet article qui en bien besoin comme nous autres pauvres pécheurs.

  • Le 26 avril 2010 à 15:51 En réponse à : 5e ANNIVERSAIRE DU PONTIFICAT DE BENOIT XVI : Comment sortir la barque des tempêtes ?

    Pourquoi Jésus lui-même a été crucifié ? Benoît XVI ne craint jamais la croix ! Que le monde s’y atèle et il l’accueillera dignement avec le courage du Christ !

    On compare Jean-Paul II à Benoît XVI, on va du Très Grand Positif au Plus Vile Négatif ! Quelle misère de réflexion ! Il n’y a pas de Jean-Paul II sans Ratzinger pour vous qui ne connaissez rien de l’Eglise mon cher journaliste.

    Benoît XVI à son âge, avec toute son expérience et toute son intelligence ne perdra aucun mérite. Les libertins qui veulent banaliser le sacré et l’Eglise trouveront leur compte au Pontificat d’un autre et non de Benoît XVI. Benoît XVI mènera son bon combat jusqu’au bout : le Christ a toujours dérangé ; lui Benoît XVI en bon imitateur du Christ doit déranger. Même si le prix à payer est la MORT !

    Benoît XVI est le prototype du martyr de ce 3ème millénaire ; sa récompense s’appelle la SAINTETE !

  • Le 26 avril 2010 à 15:54 En réponse à : 5e ANNIVERSAIRE DU PONTIFICAT DE BENOIT XVI : Comment sortir la barque des tempêtes ?

    Si les journalistes du Burkiina Faso pouvaient parler ainsi de leur Blaise Compaoré, c’allait nous être plus utile !

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