Les forces armées malgaches ayant “demandé”, c’est-à-dire ordonné (pour faire plus militaire) le lundi 12 avril en cours que les autorités en place publient ce qu’elles ont appelé une “feuille de route précise” pour sortir de la crise. Et comme de bons militaires ne sauraient enterrer un cadavre et laisser ses pieds dehors, autrement dit faire les choses à moitié, ils ont précisé ceci : “d’ici la fin du mois d’avril”.

C’est cet ultimatum en bonne et due forme que les diplomates appellent, par excès d’euphémisme, “demande”. Nos confrères de la presse internationale, eux, ne cessent pourtant de souligner que, vu que ce sont les mêmes qui ont porté Andry Rajoelina au pouvoir qui accentuent désormais les pressions sur son régime, il est assis sur un siège éjectable. Cela, d’autant plus que, a annoncé dans une déclaration à la presse le général André Andrianarijaona, chef d’état-major de l’armée, “les forces armées (...) ont mis en place un espace pour sortir de cette crise profonde que nous traversons, par la rencontre, suivie de débat et de prise de responsabilité immédiate (laquelle ?), avec les autorités compétentes, et demandé par conséquent aux autorités de la HAT (Haute autorité de transition) de publier une feuille de route précise que l’on peut vérifier”. Rien à voir donc avec le scénario militaire bissau-guinéen où leurs “éléments” viennent de venger feus le président Nino Viera et le général chef d’état-major Tagmé Nawé de leurs présumés assassin et complice d’assassinat, le non moins général Zamora Indouta et son Premier ministre, détenu depuis le retour de manivelle.

C’est dire que le blanc seing donné par l’armée à Rajoelina pourrait expirer très bientôt, celui-ci ayant, à coups de trahisons de la parole donnée quand ce n’est pas de la signature apposée (tous les accords de MAPUTO et d’ADDIS ABEBA), fini par convaincre et de convaincre ses garants que le parvenu au sommet de l’Etat par un accident de l’histoire qu’il est n’a pas la stature d’un homme d’Etat, mais seulement le profil d’un défenseur des seuls intérêts de son bord politique.

Malheureusement pour lui, l’armée malgache veut monter en galon, en jouant maintenant dans les Etalons (c’est-à-dire pour le compte de toute la nation), plutôt qu’à l’ASFA-YENNENGA ou à l’EFO, qui ne défendent que leurs intérêts de club. Par ailleurs, sur fond de rumeurs de coup d’Etat, ne vient-il pas de limoger son ministre de la Défense, le général Andrianarijaona ?

Reste à savoir si la beaucoup trop politique voire même politicienne Eglise prévaricatrice et partisane, qui avait pris partie pour Andry contre Marc de l’Evangile, acceptera de célébrer une messe de requiem relative à la mort politique de son ouaille comme elle avait tenu des messes d’actions de grâce anticonstitutionnelles pour oindre son marchand du temple ; autrement dit, les pharisiens malgaches s’illustreront-ils à la Cardinal Richelieu, en faisant encore dans l’arène politique nationale plutôt que dans la sphère religieuse ?

Toujours est-il que, semblant croire davantage aux menaces de l’armée qu’à l’eau bénite d’une Eglise dévoyée politiquement au moins, le mouflet de Tana a dit dans une interview diffusée sur leur TNB être prêt à mettre en œuvre une nouvelle feuille de route, tracée par la France, l’Afrique du Sud et la SADC (communauté des Etats d’Afrique australe) et qui, incontournablement comme tous les accords de MAPUTO et d’ADDIS ABEBA, prévoit le partage du pouvoir avec les mouvances antagoniques, celles d’Albert Zafy, de Didier Ratsiraka et surtout de Marc Ravalomanana. Rajoelina tiendra-t-il parole cette fois qu’il a la baïllonnette sur la gorge ou le fusil à la nuque ?

On le verra au silence, qui peut être tonitruant, de la Grande Muette de la Grande Ile.

La Rédaction

L’Observateur Paalga