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Affaire Guy-André Kieffer : 6 ans après, toujours rien

Publié le vendredi 16 avril 2010 à 02h40min

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16 avril 2004-16 avril 2010. Cela fait 6 ans, jour pour jour, que disparaissait mystérieusement ( ?) notre confrère, le journaliste franco-canadien, sur le parking d’une grande surface à Abidjan. Petit rappel historique des faits : alors âgé de 54 ans, Kieffer, qui résidait depuis longtemps à Abidjan, était passé spécialiste dans les matières premières et les affaires économiques et financières.

Ce qui fait qu’il écrivait pour plusieurs publications et des revues spécialisées qui traitent de sujets aussi importants que sensibles comme celui de la filière ivoirienne cacao, dont ce pays est leader dans la production. A ce qu’on dit, il était sur le point de sortir une œuvre sur ladite filière, avec la collaboration d’un certain Louis-André Dacoury-Tabley, coordinateur des relations extérieures du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), l’aile politique des Forces nouvelles.

Toutes ces activités auraient sans doute fait des victimes en Eburnie, notamment dans le camp du président Laurent Gbagbo, car plus ce journaliste s’immisçait dans ce nébuleux réseau de robusta contrôlé directement par le palais de Cocody, plus il s’exposait aux foudres des bonzes du régime FPI.

Malheureusement, il sera kidnappé par un commando, après avoir été attiré dans un piège. L’un des auteurs de cet enlèvement serait Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo. Ce dernier, mis en examen et censé être placé en résidence surveillée, est devenu libre 18 mois plus tard. Entre-temps, un autre individu, Jean-Tony Oulaï, Ivoirien, accusé d’avoir supervisé l’enlèvement et la séquestration de Guy-André, est gardé en détention provisoire en France.

Lui non plus ne sera pas du tout inquiété, car la difficile relation franco-ivoirienne a milité en sa faveur. En effet, si le Quai d’Orsay ne voulait pas perdre ses privilèges au pays d’Houphouët Boigny, il avait intérêt à taire cette affaire à forte senteur politique. D’ailleurs, le sieur Oulaï recouvrera la liberté ce jour-là même, pour des raisons judiciaires, car sa détention provisoire depuis 2007, ne peut excéder 3 ans en France.

6 ans après (on ne parle pas ici d’assassins qui courent, comme dans le cas de notre compatriote, Norbert Zongo), l’affaire Guy reste un serpent de mer. Jusqu’à preuve du contraire, il n’est pas dit mort en captivité, même si tout porte à le croire. Et ce n’est pas demain qu’on saura la vérité puisque le sommet de l’Etat ivoirien est impliqué dans cette affaire.

C’est donc dire qu’aucune vérité ne sortira de sitôt et les langues ne se délieront pas aisément. L’indépendance de la justice n’est qu’un leurre sous nos tropiques. La libération du sieur Oulaï va-t-elle donner un nouveau départ à l’affaire ? C’est possible, mais la réalité est là : triste. C’est pour cela que l’on en est encore à se poser des questions sur la disparition de Guy-André Kieffer.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga

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