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Bénin : Un chaudron social en ébullition

Publié le jeudi 25 mars 2010 à 01h41min

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Le président Yayi Boni

Depuis maintenant quelques semaines, le système scolaire béninois est paralysé par une grève qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Déclenché par le Front d’action des syndicats des travailleurs des trois ordres de l’enseignement, le mouvement vient de s’étendre aux élèves. En effet, excédés par l’abandon de leurs profs, en début de semaine, les écoliers et lycéens du Bénin ont marché dans les deux principales villes du pays, pour réclamer le retour en classe.

Voilà une poussée de fièvre sociale dont aurait pu se passer le gouvernement du changement, actuellement aux affaires à Cotonou. En effet, à un an de la prochaine présidentielle, Yayi Boni se retrouve engagé dans un bras de fer qui promet d’être long et pénible.

Secouée par des grèves perlées, l’école béninoise s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’impasse d’un dialogue de sourds. On a d’un côté ceux qui pensent que le pouvoir de Yayi Boni ne doit surtout pas fléchir face aux revendications salariales, jugées démesurées, des enseignants ; face à eux, leurs compatriotes qui estiment au contraire que ces attentes sont légitimes et donc parfaitement justifiées ; et enfin, la frange minoritaire, pour laquelle les protagonistes de cette crise doivent mettre suffisamment d’eau dans leur vin pour entamer le dialogue social, qui fait cruellement défaut actuellement.

Autant de positions difficiles à concilier, surtout quand on sait que le mécontentement des profs va grandissant, et que leur mouvement cristallise les aspirations de bien d’autres couches de la population béninoise. Au train où vont les positions, tranchées de part et d’autre, de grèves perlées ou sauvages en manifestations, le pays fonce tout droit dans une impasse.

La fièvre de la fronde gagne du terrain, faisant courir à l’ensemble de la société le risque d’une grève générale, qui ne fera que vicier davantage une atmosphère déjà délétère.

Le climat se détériore au pays de Yayi Boni, à seulement une année de l’échéance électorale. De quoi faire le lit de « Union fait la nation », la coalition de partis d’opposition conduite par Bruno Amoussou, qui n’hésitera pas à tirer parti de toutes les erreurs commises par le Gouvernement du changement dans la gestion de cette crise majeure. Et tandis que sur le front social on se regarde en chiens de faïence, quelques voix, encore timides, s’élèvent pour appeler les uns et les autres à revoir leurs positions, trop souvent tranchées.

Le mécontentement est général dans les rangs des enseignants du primaire et du secondaire. De quoi engendrer une crise profonde aux conséquences déplorables pour la société béninoise tout entière. Le pire ne pourra être évité que si un véritable dialogue constructif arrive à s’instaurer entre les pouvoirs publics et leurs partenaires sociaux. Le temps presse et il y a du pain sur la planche.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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