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CRISE ALIMENTAIRE : Le Sahel à nouveau menacé ?

Publié le jeudi 18 mars 2010 à 04h37min

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En 2008, le continent africain a été traversé par une crise alimentaire qui a nécessité la mise en œuvre de grands moyens financiers pour y faire face. Une situation qui avait été accentuée par la crise de la vie chère, induite par la répercussion de la hausse des prix des hydrocarbures. Les Etats sahéliens, plus vulnérables, ont dû faire appel à leurs stocks de sécurité et à l’aide internationale pour nourrir les populations les plus pauvres. Triste constat que l’échec de cinquante années de politiques agricoles, incapables d’assurer la sécurité alimentaire à des Etats dont environ 80% des habitants vivent de la terre.

A peine se remet-on de cette épreuve de 2008, que les nouvelles qui nous parviennent du Niger et du Tchad ne sont guère rassurantes. 7,8 millions de personnes seraient menacées d’insécurité alimentaire en territoire nigérien. Les chiffres du côté de N’Djaména ne sont guère meilleurs. Les prévisions de la Croix-rouge estiment les personnes en insécurité alimentaire à environ deux millions. N’est-ce pas la face cachée d’une nouvelle crise alimentaire à grande échelle ? Pour des raisons politiques, le régime de Tandja n’avait pas voulu dévoiler l’ampleur de la menace.

La junte militaire qui l’a déboulonné a choisi de jouer la carte de la transparence. Les autorités tchadiennes également ont choisi de donner l’alerte avant d’être débordées. Qu’en est-il réellement de la situation alimentaire des populations dans les autres pays de la bande sahélo-saharienne ? Avec une saison agricole moyenne en 2009/2010, cette situation de crise va sans doute accentuer la tension sur les prix des céréales. Au Burkina, le sac de maïs de 100kg se vend déjà à 15 000 F CFA alors que l’on est encore loin de la période de soudure. Un conseil interministériel présidé par le chef du gouvernement s’est réuni le 17 mars afin de prendre des mesures vigoureuses pour maintenir les prix à un niveau acceptable.

Pourra-t-on indéfiniment, d’une année à l’autre, jouer au pompier de cette façon ? La terre ne ment pas, parole de paysan. Mais elle rend ce qu’elle a reçu quand on l’entretient et la nourrit. Tel ne semble pas être le cas actuellement avec la dégradation continue des terres subissant l’assaut des mauvaises pratiques culturales et le choc du changement climatique. L’agriculture doit pouvoir nourrir nos pays. C’est une question de souveraineté. Le premier pas vers le développement, c’est manger d’abord à sa faim. Il y a donc urgence à revoir la place et les missions que l’on veut donner à l’agriculture dans un environnement où il pleut insuffisamment.

Une nouvelle vision s’impose en matière d’investissement pour soutenir la production de façon durable tout en la modernisant. Il nous faut une révolution verte, un big bang agricole pour mettre fin à ce cycle infernal de crises et de famines qui réduisent à néant les efforts consentis par nos braves paysans et dans d’autres secteurs tels que la santé et l’éducation. Autrement, il faudrait se préparer à faire face régulièrement à des émeutes de la faim comme en 2008. Déshonorant pour un monde toujours assoiffé de conquête spaciale, alors que des millions de personnes mangent à peine deux fois par jour.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 mars 2010 à 09:52, par Solution BETA En réponse à : CRISE ALIMENTAIRE : Le Sahel à nouveau menacé ?

    Bon article. Moi je pense qu’il faut ramener Salif Diallo au Ministère de l’Agriculture. Quand il était la on avait moins de problème et lui au moins avait une politique claire. On savait ou on allait.

  • Le 18 mars 2010 à 11:22 En réponse à : CRISE ALIMENTAIRE : Le Sahel à nouveau menacé ?

    Vous avez oublié un volet important dans cette affaire. Quand les opérateurs économiques ont importé des produits vivriers, les gouvernements de nos pays ont fait l’effort de les dispenser de taxes douanières pour qu’ils puissent proposer des prix abordables aux populations. Ces commerçants ont pris cet argent et ont quand même vendu les denrées trop cher. Jusque là, on peut féliciter nos autorités. Mais voilà : rien n’a été fait pour ramener ces commerçants sans coeur à la raison. Parce que souvent, ceux qui doivent les poursuivre sont en affaire avec ces nopérateurs zéconomiques. Je te tiens, tu me tiens...

  • Le 20 mars 2010 à 12:10, par Pro En réponse à : CRISE ALIMENTAIRE : Le Sahel à nouveau menacé ?

    Il faut qu’on arrete de jouer avec la vie de nos populations.
    Depuis 50 ans nous n’avons pas ete capable d’asseoir une politique agricole coherente et viable.
    Mais bon sang pourquoi les autres reussissent et pas nous. Arretons avec les excuses superficielles a 2 balles.
    C’est inadmissible et incomprehensif que la question de la securite alimentaire se pose encore aujourd hui.
    Il faudrait qu’on se decide enfin de faire de cette question la premiere de nos priorites.
    Tant que nous n’aurons pas resolu ce problème, nous construirons notre developpement sur des fondations de sable.
    Arretons de faire le malin avec des investissements couteux qui ne servent qu’a une minorite

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