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BOUBAKARY OUEDRAOGO, DG DE SACBA-TP : "Nous avons réalisé les déviations sur fonds propres"

Publié le mercredi 17 mars 2010 à 02h44min

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Après notre visite effectuée sur le chantier du projet d’interconnexion des RN1 et RN4 dans la ville de Ouagadougou, nous avons rencontré le directeur général de SACBA-TP. Agro-économiste de formation, Boubakary Ouédraogo est un chevronné des travaux publics. Après avoir occupé plusieurs fonctions dans l’Administration publique où il a passé plus de vingt ans, ce technocrate décide de partager ses expériences dans le groupe SACBA-TP/Kara. Dans cet entretien, le DG de SACBA-TP évoque quelques difficultés liées à l’exécution des travaux, des préjugés dont est victime son groupe et la détermination de la société adjudicataire à réussir dans les termes du contrat, ce projet d’interconnexion.

"Le Pays" : Beaucoup de choses ont déjà été faites dans la mise en oeuvre du projet d’interconnexion des RN1 et RN4 dans Ouagadougou, mais il reste beaucoup à faire. Est-ce que vous serez dans les délais prévus pour l’exécution du chantier ?

Boubakary Ouédraogo, DG de la Société africaine de construction de barrages, d’aménagements hydro- agricoles et de travaux publics (SACBA-TP)

Etre dans les délais prévus est un défi que nous tenons à relever. C’est d’ailleurs une exigence et nous sommes convaincus que si chaque partie respecte ses engagements dans le contrat, nous avancerons vers l’issue heureuse du projet. Mais s’ il y a une des parties qui constitue un blocage (à savoir des débats qui tournent autour d’un point sans prendre de décision et qu’il faille attendre), on n’avancera pas. Dans bon nombre de nos réalisations, des financements ont été faits sur fonds propres. Nous pré-finançons pour ne pas accuser un retard dans la mise en oeuvre du projet. Avec ce projet, le groupement n’entend pas faire de bénéfices, parce que nous voulons faire de ce projet une porte d’entrée, une carte d’identité. Comme notre nom l’indique (SACBA-TP), nous sommes une société africaine qui veut intervenir dans la sous-région et même au-delà. La qualité, c’est notre credo et nous n’avons heureusement aucun reproche à notre actif pour cette qualité. Depuis 2005, nous avons réalisé plusieurs ouvrages dont des barrages qui n’ont pas cédé aux intempéries qui ont fait tomber plusieurs ouvrages. Tout est consigné et vérifiable dans les documents et avec des institutions et structures qui nous ont attribué ces marchés.

Vous parliez des compétences et expertises sur lesquelles reposerait la notoriété du groupe SACBA-TP alors que certaines indiscrétions parlent des relations dont jouit votre société et qui lui confèrent ce privilège dans les appels d’offres...

Nous voudrions faire les constats ci-après. Quand des sociétés multinationales viennent dans nos pays et arrachent les marchés des mains des nationaux, il n’y a pas d’écrits ni de jugements des médias. Quand une société locale se bat pour se frayer son chemin, elle aura sur elle des tirs croisés indécents de certaines presses. Quel est cet esprit ? Beaucoup de projets, notamment les échangeurs (Est, Ouest, Ouaga 2000), les routes Ouaga-Sakoincé, Koudougou-Dédougou... ont été attribués à des sociétés et aucun commentaire de la presse du genre n’a été enregistré. Vous savez, on ne peut pas empêcher les gens de penser comme bon leur semble, mais je crois qu’il faut d’abord connaître quelqu’un ou quelque chose avant de porter un jugement sur la personne ou la chose. J’ai toujours dit qu’une société ou une structure n’a pas d’expériences en dehors des hommes qui l’animent.

Agents confirmés, nous avons travaillé dans l’Administration publique pendant plus de vingt ans, et y avons occupé des postes de responsabilités. Nous sommes ouverts au partenariat, au dialogue et aux critiques constructives, parce que nous pensons qu’il ne faut pas parler de soi-même ; en parlant de soi-même, on oublie réellement qu’on s’épanouit plus quand on s’exprime en groupe. C’est la raison pour laquelle nous voudrions nous exprimer à travers ce groupement, partager des expériences et je puis vous dire que depuis que nous existons, nous n’avons jamais eu un marché de gré à gré. Il y a des marchés pour lesquels nous avons postulé et gagné comme il y en a eu pour lesquels nous avons postulé et perdu.

Toutes les offres passent par des commissions d’attribution et je ne vois pas pourquoi on parle d’accointances avec des autorités. Nous ne pouvons rien contre ces points de vue partisans. Mais la logique voudrait que toute personne qui voudrait avoir des informations sur ce que nous faisons, approche nos services au lieu de raconter des ragots. Les gens confondent la structure qui coordonne les activités et celle qui est chargée du contrôle et qui n’est pas impliquée dans la réalisation. C’est la direction générale et son organe, l’institution SACBA-TP qui sont responsables de ce qui se passe sur le terrain. La connaissance des composantes de l’organe exécutif de ce projet est très importante pour qui voudrait avoir des renseignements nous concernant.

Tout va bien pour le mieux dans l’exécution des travaux, est-ce à dire qu’il n’y a pas de difficultés ?

Naturellement, il y a des difficultés car le projet en lui-même qui est venu perturber un ordre anciennement établi, constitue déjà une difficulté que nous tentons de gérer au quotidien. Je vous disais que nous avons dans l’ouverture des fosses, eu à sectionner des fibres optiques. Quand le concessionnaire n’a pas la maîtrise de son plan, il ne sait pas donner exactement des indications, c’est-à-dire où se trouve exactement la fibre, à quelle profondeur se trouve cette fibre ; il y a problème. Ou encore, si celui qui est chargé de la gestion d’un réseau n’est pas aussi en mesure de vous donner des informations fiables sur certaines installations anciennes, ça ne peut que jouer sur l’état et le niveau d’avancement des travaux.

Vous parliez de commentaires erronés auxquels se livrent certaines personnes sur votre société dans le cadre de l’exécution des travaux. Pouvez-vous être plus explicite ? Qui en veut au groupe Kara/ SACBA-TP et qu’est-ce qui vous est concrètement reproché ?

Il y a deux organes jusqu’à présent dont je me permets de taire les noms, qui ont donné des informations tronquées sur le groupe Kara/ SACBA-TP, par rapport à ce projet. Nous avons salué l’intérêt que ces journalistes ont accordé à ce que nous faisons, mais malheureusement, l’information donnée a un caractère approximatif dans son contenu. Dans un de ces organes, à la une d’un numéro, on présentait en grand "7 km, 13 milliards". Voilà une chose pour laquelle les mots me manquent pour qualifier la démarche et dont j’ignore l’intention. A tel point qu’à l’intérieur du journal quand vous lisez, vous sentez que ce sont des gens qui n’ont pas été sur le terrain. C’est un reportage comme on le dit " in vitro".

Il parle de la présidente du conseil d’administration qui n’a rien à voir avec ce dont il est question car nous sommes une société, un groupement. On reproche au groupement Kara de vouloir prendre le devant des choses et de ne pas être à l’écoute de la mission de contrôle, etc., mais il fallait que ces journalistes cherchent d’abord à savoir comment le chantier est organisé. La mission de contrôle parle sur la base technique, des instruments qui sont là, sur la base des papiers. Il y a un cahier de chantier et quand un technicien exprime un besoin, c’est assorti d’une demande. Si cette mission de contrôle refuse quelque chose on ne peut pas faire autrement. Tout ce que nous avons pu exécuter dans le cadre des travaux, c’est sur autorisation de la mission de contrôle. Il y était également question des déviations que nous avons faites. Soyons concrets. Nous ne voulons pas là-dessus porter le débat sur d’autres fronts.

Vous auriez reçu particulièrement de l’argent pour l’ouverture de ces déviations dont la qualité des réalisations ne répondait pas aux attentes. On y rencontre actuellement des nids- de poule et autres obstacles du fait de la dégradation précoce de ces voies qui servent de déviation...

Effectivement au moment de l’attribution du marché, quand vous vous référez au rapport du conseil des ministres en sa séance du 15 avril 2009, il était ressorti que nous étions attributaires des travaux d’interconnexion des routes nationales. En même temps, il adoptait (le conseil) un montant d’un milliard quatre cent millions de francs CFA qui était réservé aux déviations. Mais quand nous sommes passés à la phase d’exécution, il se trouvait qu’il y avait un gap financier très important. Le pont de Boulmiougou (pour ne citer que ça) que nous sommes en train de construire n’était pas par exemple initialement prévu. On nous a fait comprendre, compte tenu de ce gap financier, qu’il n’y a pas de marché de déviation. Ce faisant, le groupement Kara/SACBA-TP était confronté à un sérieux problème. Comment travailler sur ce site tout en déviant les usagers ? Après concertation en notre sein, on a décidé de faire sur fonds propres une déviation de 2,5 km à 600 millions de francs CFA. Nous avons prévu l’entretien de cette déviation suivant le degré de dégradation. Ces derniers temps, on nous a demandé de proposer sur la base des anciens documents un plan de déviation. Nous avons déposé nos documents et attendons la réaction de l’administration de tutelle.

Un mot pour clore cet entretien ?

Je voudrais dire merci à vous les hommes de media pour ce que vous faites au quotidien et, particulièrement votre journal pour cette approche. Nos portes sont largement ouvertes à tous ceux qui veulent des informations relatives à ce que nous faisons.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 17 mars 2010 à 08:48 En réponse à : BOUBAKARY OUEDRAOGO, DG DE SACBA-TP : "Nous avons réalisé les déviations sur fonds propres"

    Merci au DG SACBA-TP de tanter de nous faire mieux comprendre beaucoup de choses dans la vie de son groupe. Toutefois, si les 7 km coûtent effectivement 13 milliards, il y a anguille sous roche. Sur cela il ne peut me convaincre, encore que le coût des déviations n’y est pas compris.
    J’attends du journal qui a réalisé cet entretien, de poursuivre le travail et nous publier dans son prochain numéro, la liste des soumissaires qui avaient pris part à cet appel d’offres. Ces éléments devraient bien exister, car ils ne sont pas secrets. La Direction Générale des Marchés Publics devrait pouvoir vous orienter. Je félicite par ailleurs le journal, car le peuple a droit à la vraie information. Donc ne soyez pas complice de la mauvaise gouvernance qui enlise chaque jour ce pays.

  • Le 17 mars 2010 à 13:27 En réponse à : BOUBAKARY OUEDRAOGO, DG DE SACBA-TP : "Nous avons réalisé les déviations sur fonds propres"

    Bravo SACBA-TP pour votre professionnalisme et le boulot que vous creez pour la jeunesse.
    Essayons d’aider de telles entreprises qui se sont battues et qui se battent toujours et ce depuis tres longtemps pour le developpement de notre cher Faso.
    On se connait danbs ce pays, on a vu des entreprises sortir subitement de terre et tout prendre.
    SACBA-TP Ohé-Ohé et bon vent

  • Le 17 mars 2010 à 13:57 En réponse à : BOUBAKARY OUEDRAOGO, DG DE SACBA-TP : "Nous avons réalisé les déviations sur fonds propres"

    Merci pour les tentatives d’explications.

    Sur la route nationale 1

    Je voudrais demander à votre société d’essayer de mettre un peu d’ordre dans vos travaux, parce qu’actuellement je peux dire que vous travaillez dans un désordre total.

    Il n’y a aucun plan de communication sur les travaux que vous exécutez avec les riverains immédiats, comme si en parlant de déviation tout est régler.

    Vous faites des ouvrages laissés à l’abandon depuis des semaines sur le tronçon RN 1 en ce moment.

    Les riverains ont du mal à accéder à leurs demeures, commerces et bureaux, cela n’est pas normal.

    Il n’y a pas de travail supérieur à un autre ici bas, tout est complémentaire.

    Donc, il faut respecter chacun dans ce qu’il fait et ensemble nous construirons notre pays.

    Merci de prendre sérieusement en compte ces observations, si vraiment vous êtes comme vous le dite vous êtes ouvert au dialogue constructif.

    J’espère sérieusement que vous allez repasser en revue le tronçon et essayer de faire les passages nécessaires aux riverains immédiats de la voie, qui par ailleurs souffrent de la poussière que justement le travail en désordre provoque en ce moment.

    Il n’est pas normal qu’un particulier cause du tort aux autres sous le simple prétexte qu’il exécute des travaux publics, essayer de copier un peu comme cela ce fait dans les pays occidentaux.

    Nous sommes dans un Etat de droit, ne l’oublié surtout pas.

    A bon entendeur salut !!

    Un riverain

  • Le 17 mars 2010 à 14:11 En réponse à : BOUBAKARY OUEDRAOGO, DG DE SACBA-TP : "Nous avons réalisé les déviations sur fonds propres"

    Attention !!! il dit qu’il ont décidé à l’interne de financer la déviation ; Ça ne veut veut pas dire qu’ils ont construit cette déviation gratuitement ! C’est claire qu’ils se feront rembourser par l’état. Qu’il n’essaie pas de nous faire croire que c’est un don. Mais au finish il nie pas que la route coute 13 milliards.

  • Le 17 mars 2010 à 15:50 En réponse à : BOUBAKARY OUEDRAOGO, DG DE SACBA-TP : "Nous avons réalisé les déviations sur fonds propres"

    Jaloux, souffrez qu’une Dame puisse faire du bon boulot, dans un domaine où beaucoup ne payent pas leurs employés et se font rossés par ceux-ci.
    Vous faites honneur à la gente feminine.
    Une seule dame comme vous, vaut mieux que mille .....

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