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OMS/AFrique : Mis en cause, le Directeur régional réplique

Publié le jeudi 19 août 2004 à 08h04min

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Nous vous proposons ci-après une déclaration du Dr Ebrahim
samba au sujet de l’éditorial publié dans le numero du 7 aout
2004 de la revue "The lancet" très critique vis-à-vis de sa gestion
de l’institution.

Un éditorial paru dans la revue The Lancet, édition du 7 août,
dépeint sous un jour lugubre l’activité de l’OMS dans la Région
africaine et donne l’impression que l’Organisation n’y enregistre
aucun succès. Or c’est le contraire qui est exact malgré les défis
liés à la pauvreté et à l’instabilité persistante.Par exemple, en
dépit de difficultés politiques récentes, le nombre de pays de la
Région africaine où la poliomyélite sévit de façon endémique est
tombé de 20 en 1999 à deux seulement aujourd’hui. Et de gros
efforts sont en cours pour éliminer complètement cette maladie.

Quatre ans après ma prise de fonction, la Région africaine a
atteint l’objectif consistant à faire en sorte que la lèpre ne
constitue plus une menace pour la santé publique dans le
continent. Aujourd’hui, le taux de prévalence moyen de cette
maladie est inférieur à un cas pour 10 000 habitants. Le nombre
de personnes touchées par la terrible maladie du ver de Guinée
a également continué à diminuer ; 9 031 cas seulement ont été
notifiés en 2003. La moitié de tous les pays où cette maladie
sévit de façon endémique (il n’y en avait que 12 en 2003) ont
notifié moins de 50 cas en 2003.
L’appui du Bureau régional et du Siège de l’OMS a permis à
des pays jusque-là touchés par la guerre comme le Libéria et la
Sierra Leone de réorganiser dans une certaine mesure leurs
systèmes de santé. A la fin de 2003, 42 des 46 pays de la
région appliquaient le Traitement de courte durée sous
observation directe (stratégie DOTS) recommandé par l’OMS
pour la lutte contre la tuberculose. Le Bureau régional collabore
avec le siège de l’OMS et d’autres partenaires de
développement pour répondre aux demandes des Etats
membres qui souhaitent améliorer l’accès aux soins et au
traitement du VIH/SIDA dans le cadre de l’initiative "3 millions
d’ici 2005" lancée par l’OMS, initiative qui est cruciale si on veut
améliorer la vie de millions de personnes touchées par le
VIH/SIDA.
Il existe bel et bien un espoir pour l’Afrique et le Bureau régional
de l’OMS continuera à jouer son rôle pour que cet espoir se
concrétise. Je voudrais maintenant en venir à quelques
commentaires précis formulés dans cet éditorial : The Lancet
déclare : "L’inefficacité du Bureau régional s’explique en grande
partie par le fait qu’il fonctionne comme une institution politique
plutôt que comme un organisme technique. Le recrutement des
fonctionnaires de rang supérieur repose rarement sur la
compétence et les qualifications...la désignation des
représentants de l’Organisation dans les pays... correspond
souvent à une récompense pour des faveurs politiques et
autres."
L’OMS est la seule institution des Nations unies dont les
Directeurs régionaux sont élus par les Etats membres. Par
ailleurs, la structure administrative de l’OMS comprend les
Comités régionaux, le Conseil exécutif et l’Assemblée mondiale
de la Santé. Les personnes siégeant dans ces organes
proviennent des Etats Membres. L’existence de relations
étroites entre l’OMS et ses Etats membres est par conséquent
inévitable car l’OMS a été créée pour appuyer les pays. Les
recrutements au Bureau régional de l’OMS s’effectuent
rigoureusement en application des statuts et règlement de
l’Organisation. Tous les membres du personnel sont recrutés
uniquement sur la base de leurs qualifications, de leur
expérience, de leurs états de services et de leur compétence.
Les représentants de l’OMS que j’ai nommés depuis dix ans
représentent un échantillon de cadres supérieurs issus des
ministères de divers pays et d’autres secteurs et institutions à
l’intérieur et à l’extérieur du continent. La majorité d’entre eux ont
travaillé comme fonctionnaires de l’OMS de sorte que nous
avons eu le temps de déterminer leur aptitude à exercer les
fonctions de représentants de l’OMS. L’Organisation mondiale
de la Santé procède actuellement à une révision globale de sa
politique de sélection, de placement et de rotation des
représentants de l’OMS, et le Bureau régional de l’Afrique se
conformera aux nouvelles procédures lorsqu’elles auront été
finalisées.

"De solides arguments militent en faveur d’une décentralisation
du Bureau régional de l’Afrique pour créer au moins quatre ou
cinq sous-régions."

Mon prédécesseur avait expérimenté cette idée. Il avait créé trois
sous-régions mais avait dû les fermer par la suite pour un
certain nombre de raisons pratiques. Néanmoins, il faut
continuer à explorer d’autres possibilités, y compris le niveau
d’activités que nous poursuivons à Harare (Zimbabwe) et à
Ouagadougou (Burkina Faso).

"L’OMS/AFRO a un budget de base très limité et se concentre
sur des initiatives verticales inspirées par des donateurs, très
certainement parce que cette stratégie est considérée comme le
meilleur moyen de garantir la survie de l’institution."

Le budget ordinaire de l’OMS (la partie financée par les
contributions dont les Etats membres sont redevables) connaît
une croissance zéro depuis de nombreuses années. L’OMS
apprécie le solide appui qu’elle reçoit de la part des bailleurs de
fonds et des partenaires. Il est parfaitement exact que certains
programmes importants sont des initiatives verticales inspirées
par des donateurs. De fait, cette question a fait l’objet d’un
important débat tant au sein du secrétariat de l’OMS que de ses
organes directeurs. Cependant, lors de la budgétisation de ses
programmes, l’OMS intègre le budget ordinaire et les
ressources extrabudgétaires dans une approche globale fondée
sur les résultats. Il convient de préciser que l’OMS associe les
ministères des divers pays, la société civile, les organismes
bilatéraux et multilatéraux, les ONG et d’autres partenaires de
développement à une démarche destinée à apporter un appui
concerté au programme de dépenses de santé publique.
L’Organisation a par ailleurs mis au point une approche
stratégique de ses activités au niveau des pays, à savoir la
Stratégie de coopération avec les pays que nous avons déjà
formulée dans presque tous les 46 pays de la Région. Les
ressources extrabudgétaires mises à la disposition de la
Région africaine ont fortement augmenté, passant de $90
millions en 1994-1995 lorsque j’ai pris mes fonctions, à $350
millions au cours de l’exercice 2002-2003. Ceci constitue, à n’en
point douter, un signe de confiance envers l’OMS/AFRO. Je
voudrais ajouter que nous travaillons en étroite collaboration
avec le siège de l’OMS et que nos rapports avec Genève n’ont
jamais été meilleurs.

"Le Dr Samba doit quitter ses fonctions après avoir atteint le
maximum de deux mandats en qualité de Directeur régional de
l’OMS pour l’Afrique."

Aux termes des dispositions applicables à ma nomination, le
"maximum" de deux mandats ne s’applique pas. Mais je me
retirerai volontairement en janvier 2005 comme je m’y étais
engagé lorsque j’ai été élu pour un deuxième mandat à la
quarante-neuvième session du Comité régional de l’OMS pour
l’Afrique tenue à Windhoek (Namibie) en 1999.

Désignation d’un nouveau Directeur régional

L’élection aura lieu conformément au Règlement intérieur du
Comité régional de l’OMS pour l’Afrique. Bien que ce Règlement
intérieur soit essentiellement le même pour toutes les régions
de l’OMS, la Région africaine présente un surcroît de
transparence car elle est la seule qui impose à chaque candidat
un examen d’une heure par le Comité régional (qui regroupe les
ministres de la Santé des 46 pays qui constituent la Région
africaine de l’OMS). Cet examen aura lieu le mercredi 1er
septembre 2004. Nous informerons le monde entier des
résultats de cette importante opération.

Dr Ebrahim Samba,
Directeur régional

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