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NIGERIA : Goodluck est-il un président postiche ?

Publié le vendredi 12 mars 2010 à 01h45min

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La République fédérale du Nigeria est à la croisée des chemins. Le thermomètre social est au rouge avec le massacre de Jos qui a officiellement fait 109 victimes. L’incurie de l’Etat a été dénoncée par le gouverneur de la région de Jos qui a déclaré publiquement que les forces de sécurité ont été informées de l’imminence du drame et que celles-ci n’ont pas daigné lever le petit doigt. Où est passé l’Etat nigérian ?

La question vaut son pesant d’or puisque dans le même temps, le président intérimaire Jonathan Goodluck a du mal à entrer définitivement dans ses habits de président fédéral. Son intérim est déjà plombé par l’incurie de son armée qui n’a pas bougé pour prévenir les massacres.

La question est de savoir si en l’état actuel de son mandat, le président Goodluck a les pleins pouvoirs pour diriger le pays. Il est théoriquement chef des armées. Mais ce qui vient de se passer à Jos permet d’en douter. Les contempteurs de son intérim n’ont pas encore baissé les bras. Autant ils n’ont pas cédé facilement à l’empeachment de Umaru Yar’Adua, autant ils ne ménageront aucun effort pour lui pourrir le reste de son intérim. L’enjeu est hautement politique et c’est la dévolution du pouvoir d’Etat qui est en jeu.

Le scénario actuel à la tête de l’Etat fédéral n’était pas prévu. Si Goodluck mène à bien le reste du mandat qu’il vient de commencer, la logique voudrait qu’il soit le représentant du parti pour la prochaine élection. Quitte à se trouver un colistier musulman. Mais déjà, les masques commencent à tomber. Le parti de M. Yar’Adua a déclaré que le prochain candidat à la présidentielle devrait être issu du nord musulman, excluant de facto M. Jonathan Goodluck. L’homme sait désormais donc à quoi s’en tenir. Ces manifestations de rue qui exigent une sortie publique du président Umaru Yar’Adua, resté bien discret depuis son retour de l’Arabie saoudite où il était aller se faire soigner, ne sont donc pas exemptes de tout calcul politicien.

Derrière ces manifestations, se cache une intention politique. Les manifestants demandent le renvoi de plusieurs ministres qui auraient failli à leur mission dans le traitement du dossier des massacres, soit. Mais quel est le lien entre ce dossier et la demande d’apparition publique de Yar’Adua ? Espèrent-ils encore le retour de leur idole aux affaires ? Pour l’instant, Jonathan Goodluck est consacré président intérimaire, et a la lourde responsabilité de gérer ce géant d’Afrique et surtout, de le sortir de ce cercle vicieux des conflits ethnico-réligieux qui ne l’honore pas. Il lui appartient, de faire la preuve de sa capacité à assumer cette responsabilité, s’il ne veut pas avoir l’air d’un président de paille, juste là pour occuper un fauteuil, inaugurer les chrysanthèmes, alors que les vrais décisions se prennent ailleurs. La guerre des clans est déjà ouverte dans un pays qui n’a pas toute sa tête en place.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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