Alea jacta est,ainsi le sort en est jeté. Hier de 7h à 17 h GMT, les Togolais qui ont leurs noms sur les listes électorales sont allés s’acquitter de leur devoir de citoyen. A première vue dès la matinée, les électeurs ont pris d’assaut les bureaux de vote. Du reste, au cours de la journée, de nombreux bureaux de vote à Lomé ne désemplissaient pas. Il est probable que le taux de participation soit élevé à cette présidentielle.

Le seul problème effectivement est que chaque camp revendique a priori la victoire. Normal dans toute élection, mais, ici au Togo cela n’augure-t-il pas d’affrontements entre militants ? Hier, c’est à 8h37 exactement que le candidat Faure Gnassingbé a glissé son bulletin dans l’urne du bureau de vote H, sis au centre de vote d’EPP07 du Camp militaire RIT. Son nom figurait bien sur la liste électorale de la région maritime de la préfecture 31. C’est la carte d’électeur N° 563 qu’il a utilisée pour exercer ce droit.

De l’autre côté de Lomé, plus précisément au CEG de Kodjoviakopé dans le centre de vote 1, son principal challenger, Jean-Pierre Fabre, accomplissait le même geste aux environs de 9H10. C’est en possession de sa carte d’électeur N°448 que le leader de la Coalition jaune s’est acquitté de son devoir, exactement au bureau de vote C. Après son vote, Fabre a déclaré, devant une forêt de micros et de caméras, que « Je suis confiant, il ne fait aucun doute que le changement se fera...les populations n’accepteront pas qu’on modifie leur vote ...la volonté de changement s’est unanimement exprimée ». Dès ce soir commencera la veillée d’armes au 198 rue des Echis, le siège de la CENI.

En effet, l’opposition ayant exigé et obtenu le dépouillement des bulletins sur place dans chaque bureau de vote, il va sans dire que ce sera une longue nuit pour Taffa Tabiou et ses collaborateurs. En effet les commissions électorales locales indépendantes (CELI) sont chargées de collecter les données relevant de leur juridiction et de communiquer au fur et à mesure leurs résultats à la CENI, qui centralisera le tout pour la proclamation des résultats provisoires, lesquels devront être connus au plus tard samedi 6 mars si tout se passe sans heurts.

Ce sera après au tour donc de la Cour constitutionnelle de proclamer les résultats définitifs du scrutin. Pour l’observateur averti qui suit la politique togolaise, Lomé est le bastion de l’opposition, notamment de l’UFC, mais il ne fait aucun doute que, comme nous l’avons déjà souligné (cf : l’observateur paalga du 3 mars dans l’article Place aux marchandages souterrains), Fabre n’est pas Gilchrist, et malgré l’armistice de façade entre le candidat et son mentor, les relations ne sont pas au beau fixe. Cet état de fait a beaucoup nuit à l’UFC et, par ricochet, à « l’Obama togolais ».

Quant à Faure dans son for intérieur il sait sa réélection inéluctable. Victoire d’autant plus aisée que ce mode de scrutin est un assommoir pour les opposants africains. Le souhait le plus grand du candidat président est d’améliorer son score de 2005 (60,15%), mais surtout que le pays soit épargné des violences postélectorales. Les plaies de 2005 sont à peine cicatrisées. Les prochains jours seront les plus longs, et chaque Togolais retient son souffle.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana Envoyé spécial à Lomé

L’Observateur Paalga