LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Jour J-1 : Place aux marchandages souterrains

Publié le mercredi 3 mars 2010 à 02h15min

PARTAGER :                          

Même si les banderoles et les affiches à l’effigie des candidats continueront à faire partie du décorum des rues du Togo ce jour 3 mars 2010, la campagne est bien terminée depuis hier à minuit. Place maintenant à celle souterraine, aux promesses réalistes ou fantaisistes faites entre quatre murs, et surtout aux distributions de sous. A 24 heures du scrutin, c’est dans cet intervalle de temps que tout se décide souvent dans un vote.

Cette histoire, du reste invérifiable, est racontée à Lomé : en 2005 à la veille de la présidentielle du 24 avril, le RPT a fait débloquer par une banque de la place 400 briques qu’il a distribué pour l’achat de voix. Une libéralité qui, si elle est avérée, a porté ses fruits, même si Faure a été élu dans une atmosphère quasi insurrectionnelle.

L’argent est le nerf de la politique, et l’une des faiblesses insignes des opposants africains est que bon nombre sont des impécunieux notoires. Face à un président sortant qui est riche comme Crésus, même si souvent la confusion entre ses propres biens et ceux de l’Etat est manifeste, ceux qui se disputent son fauteuil en sont réduits à être atones. Ce qui n’est pas le cas au Togo, où les principaux opposants ont relativement de quoi manifester leurs ambitions politiques. Hier au dernier jour de la campagne officielle, les principaux présidentiables ont fait une dernière démonstration, chacun en ce qui le concerne :

- Jean-Pierre Fabre a inondé de « jaune » certains quartiers de la capitale et couronné le tout par un mégameeting au stade municipal de Lomé ;
- Me Yawovi Agboyibo était toujours à l’intérieur du pays . Ses ouailles à Lomé ont sillonné les rues sur 4 porte-chars, invitant les populations à voter pour le candidat du CAR ;
- Adjamogbé Johnson Brigitte, dont la couleur du parti, la CDPA, est rose, a privilégié, comme à son habitude depuis le début de la campagne, les rencontres de proximité ;- les militants de l’OBUTS scandaient qu’Abéyomé Kodjo est « la solution » du Togo ;
- quant au président sortant, Faure, il a opté de clôturer hier sa campagne à Kara au nord, le fief de la fratrie Gnassingbé. Un choix qui n’est pas le fait du hasard : il veut convaincre ceux qui se sont laissé séduire par les discours de Koffi Yamgnane et du patron de l’OBUTS.

Mieux, dans cette région du Kozah, l’ombre du frère du candidat-président, Kpatcha, est omniprésente. D’ailleurs en dépit de la parole donnée par Faure (cf : son interview dans JA n°2561), une rumeur persistante avançait qu’il serait libéré le 2 mars dernier, car son incarcération mécontenterait cette région de la Kozah. Du côté du pouvoir, une source, qui a souhaité gardé l’anonymat, nous dira : « Même si on devait le libérer, ce n’est pas à la veille du scrutin, cela n’aurait aucun effet sur l’élection, et puis, le président ne va pas revenir sur sa parole ». A Lomé, même les militants du RPT tournent en boucle à travers les artères ; « ils vont prendre 5 000 ou 10 000 F CFA par personne chez Faure, mais ils vont voter UFC », affirme le Zémidjan qui nous avait remorqué.

Rideau à présent sur ce côté officiel de la campagne. Ces 24 heures seront consacrées aux actions que, souvent, les yeux des partisans ou électeurs ne voient pas ou rarement : le temps est désormais consacré aux « missions nocturnes et délicates », à savoir « tuer les dernières résistances dans les zones jugées hostiles ». Et sur ce plan, pouvoir et opposition grenouillent chacun de son côté. Promesses de strapontins ou de postes de DG par là, ou encore celle de basculement de tel département dans un camp par ci ; souvent, la vue et la distribution d’espèces sonnantes et trébuchantes sont les meilleures armes de ces marchandages de dernière chance dans une élection.

Alors que les états-majors des partis sont sur le qui-vive, un tour au siège de la CENI, sis au quartier administratif, et nous constatons qu’on s’y attelle aussi pour demain. L’agenda du maitre des lieux, Taffa Tabiou, surbooké en pareil cas, c’est le président de la sous-commission des opérations électorales, de la formation et de l’informatique, Jean-Claude Codjo, qui nous recevra et nous dira que, malgré quelques petits problèmes, la CENI est prête pour le grand jour.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana Envoyé spécial à Lomé

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique