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Partis politiques et associations de soutien : 1 pied dans la campagne électorale, 1 pied en dehors...

Publié le vendredi 26 février 2010 à 01h55min

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A petits trots, on s’achemine vers la 4e présidentielle dans l’histoire de la IVe République. Officiellement, les hostilités n’ont pas encore débuté, les arbitres n’ayant pas encore sifflé le coup d’envoi. Pourtant, à y regarder de près, c’est un air de (pré)campagne qui se dégage de l’atmosphère générale.

Tête de pont de la majorité présidentielle, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) est l’un des premiers à avoir tâté le terrain. Et cela se comprend aisément, puisqu’il exerce le pouvoir sans interruption depuis 14 ans. Naturellement, il est enclin à vouloir le conserver à l’issue de la présidentielle à venir. Son candidat n’étant personne d’autre que Blaise Compaoré, le parti procède par petites touches : conférences de presse, sorties médiatiques, tournées d’explications, rencontre des militants... Cette stratégie s’assimile, in fine, à un balisage en règle du terrain électoral. Elle préfigure des manœuvres de grande ampleur telles que déjà expérimentées par le passé.

En 2005, le parti majoritaire, selon les sources officielles, avait dépensé environ 900 000 000
F CFA pour ses frais de campagne. Soit près d’un cinquième du coût total de la présidentielle.
Quoi qu’il en soit, on peut se rendre compte de l’ambiance qui commence à régner au siège du parti, au fur et à mesure que les échéances se rapprochent : une atmosphère politiquement chargée, et qui se caractérise par un incessant ballet de personnalités conduites par les patrons du coin.

Occasion rêvée par les « grandes gueules » du parti, ces dernières se débrident de plus en plus à travers des propos tirés du riche lexique de la « malcause ». Pourquoi donc ? Tout simplement, pour prouver à l’adversaire qu’il n’a pas « le monopole de la violence » verbale. Un jeu que le président du CDP en personne affectionne particulièrement. Avec un intérêt marqué pour les pointes d’ironie et les notes d’humour sarcastiques. Comme promis, le Rocco est donc passé à la vitesse supérieure. Il n’hésite plus à attaquer, à donner des coups, quitte parfois à faire des sorties de pistes tonitruantes, offrant ainsi l’occasion aux opposants de se relancer dans la course aux thèmes porteurs.

A ce niveau également, les différents leaders sont sur le pied de guerre. Certes, les moyens matériels et financiers font défaut. En dépit de ce fait, le constat est à la mise en place d’un cadre unitaire. Ce qui dénote d’une prise de conscience. Particulièrement inspirés par le thème de l’alternance, des partis au sein de l’opposition ont lâché un bout de phrase qui s’apparente d’ailleurs à un mot d’ordre de rassemblement. « Blaise Compaoré peut être battu », ont-ils laissé entendre.

Même si, dans leur ensemble, tous s’accordent sur un fait : emménager à Kosyam ne sera pas une simple affaire de « plaisir partagé ». Surtout que l’ADF-RDA des Ouédraogo père et fils vient de prendre son ticket d’entrée définitive dans le parc animalier de Ziniaré, l’opposition risque d’avoir beaucoup de mal à rassembler.
Aussi, les partis de l’opposition gagneraient-ils à s’accorder sur un mode opératoire cohérent. Ceci, afin d’éviter que chacun aborde de manière décousue le sujet de son choix, donnant ainsi l’impression de ressembler à un orchestre de crapauds en plein concert d’avril.

Côté associations de soutien et société civile, la ferveur ne se dément pas non plus, en particulier concernant cette affaire (plus que probable) de retouche constitutionnelle, initiée par les tenants actuels du pouvoir. Bien entendu, les ouailles de Blaise Compaoré n’invoquent que son nom dans leurs prières politiques. Elles espèrent la « victoire éclatante » promise par les chefs. Une victoire sur le double terrain électoral et constitutionnel s’entend !

En face, la résistance s’organise et se muscle. Elle est menée par une coalition des organisations de la société civile. Arguments à l’appui, ces associations militent pour une approche « civilisée » du jeu partisan, tout en réfutant la notion même de « rapport de force ».
Dans cette configuration, les faits sont tels qu’aucune partie ne semble prête, à l’heure actuelle, à céder le passage. Ce qui fait planer le spectre d’une remise en cause du processus démocratique amorcé en 1991.

A. TraorÈ

Le Journal du Jeudi

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